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AMOURA DU SATEF ET BOUDIBA DU CNAPESTE EXPLIQUENT LE RECOURS À LA GRÈVE DANS L’ÉDUCATION : «Le dialogue avec la tutelle a perdu sa crédibilité ! »

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Le secteur de l’Éducation risque d’être paralysé par une grève nationale les 26 et 27 février prochains. Devant cette situation, qui est loin d’arranger la famille éducative, la tutelle ministérielle et les syndicats du secteur continuent à se dévisager avec mépris après la rupture du dialogue.

La ministre Benghebrit tente, tant bien que mal, de désamorcer la crise au moment où les partenaires sociaux ne croient plus à des discussions qui n’auront pas servi à grand-chose, croit-on savoir auprès des membres du paysage syndical de l’Éducation. Ainsi pour faire le point sur cette grève et le rejet par les syndicats de la dernière offre de dialogue de la tutelle, le Forum du Courrier d’Algérie à reçu, hier, deux représentants du mouvement social dans l’Éducation, notamment Boualem Amoura, SG du Satef et Messaoud Boudiba, Porte-parole du Cnapeste.
Les deux acteurs font peu cas des appels au dialogue lancés par la ministre, lorsqu’encore ils ne croient pas aux solutions. Et pour cause, il semblerait, d’après leurs avis, que les revendications, telles qu’elles sont soumises par les syndicats, ne sont pas prises avec attention lors de l’établissement des Procès-verbaux sanctionnant les réunions, à l’issue desquelles on ressort avec des résolutions qui ne reflètent pas les discussions ministère-syndicats, ou autrement «des PV hors de propos», estime Amoura à ce sujet. Le même avis est partagé par Messaoud Boudiba, si ce n’est de qualifier des réunions de dialogue qui «perdent leur crédibilité», tant une application des PV sur le terrain n’aura pas été suivie d’effet immédiat.
«Le secteur de l’Éducation doit intéresser tous les Algérien car il y va de l’avenir de nos enfants et des générations à venir», pose comme devise le Porte-parole du Cnapeste, pour qui, l’enseignant perd sa valeur comme transmetteur de savoir aux yeux de l’élève. Une manière pour lui de parler d’une rupture de la relation, jadis caractérisée par une complicité et une complémentarité, entre l’élève et son instituteur. Un souci parmi tant d’autres mis en avant par les enseignants, qui recourent à chaque fois à la grève, et qui doit être résolu par la formation pédagogique, didactique, scientifique et l’amélioration de la situation socioprofessionnelle de l’enseignant.

«La formation des enseignants ne couvre que 1%»
«Malheureusement, il n’y plus de formation des enseignants après la fermeture des instituts spécialisés. Et si elle existe, elle ne représente qu’environ 1% de couverture», déplore Boudiba. Interpellé par l’incidence de cette «politique de l’Éducation» sur le rendement et la formation de l’élève, Boudiba ajoute les phénomènes de société dont l’élève est en proie, pour ne citer que le monde de l’internet et des réseaux sociaux. «Aujourd’hui, on ne peut plus maitriser nos enfants, ils échappent à nos mains !», a-t-il indiqué.
Et puis, il n’y a pas que les enseignants et les élèves qui subissent l’anarchie dans l’Éducation, il y a aussi la catégorie des corps-communs que Amoura ne veut pas exclure du compte. «Si le secteur de la Défense est souverain, celui de l’Éducation est stratégique», dit d’emblée le SG du Satef, qui renvoie au budget du secteur dont environ 90% est englouti par les masses salariales, d’où une tranche moindre qui revient à la pédagogie. Pour ce qui est de la pédagogie justement, et au-delà des revendications socioprofessionnelles, Amoura plaide la réhabilitation de l’enseignement technique, réduit à son strict minimum. «Où est la place de la science ? Les programmes sont charcutés», s’interroge et à la fois conclu l’intervenant. Une réforme du BAC s’impose-t-elle aussi pour répondre aux standards internationaux dans ce domaine, de surcroît pour un examen qui porte une crédibilité internationale.
Dans ces conditions marquées par un dialogue de sourds entre tutelle et partenaires sociaux, «on va vars le pourrissement ! Maintenir le statuquo équivaut à pourrir l’école !», enchaine Boudiba qui, revenant sur la prochaine grève, dit qu’il compte déposer, aujourd’hui, le préavis auprès de la tutelle. Avant même le rendez-vous, on se plaint d’un viol de l’exercice syndical, et le porte-voix du Cnapeste appréhende les «instructions ministérielles» aux directeurs de l’Éducation allant dans le sens de décourager les enseignants à participer à la grève, par le moyen de sanctions qui passent souvent par des ponctions sur salaires.
Peut-on tout de même prendre l’offre de dialogue ? «On banalise l’esprit même du dialogue. Les PV ont disparu des réunions de discussions. Récemment, on sort d’une réunion avec un PV hors de propos !», répond Amoura qui dit être dans l’incapacité de «continuer à travailler dans ces conditions».

«Le refus d’agrément de la CSA est une décision politique ! »
Ainsi, ce sont toutes ces raisons qui ont poussé les syndicats de l’Education, expliquent nos deux invités, à quitter la Charte d’éthique cosignée auparavant avec la tutelle et aller vers un front plus large à l’effet de défendre leurs revendications, relance Boudiba, qui rappelle la naissance, le 10 décembre 2018, de la Confédération des syndicats algériens (CSA). «Les responsables de l’Éducation onT créé des mesures qui encouragent le pourrissement. À ce moment là, nous avons décidé de créer la Confédération et se retirer de la Charte», explique le responsable du Cnapeste, qui a eu par le passé, et à lui seul, provoqué une paralysée dans le secteur en recourant à plusieurs débrayages. Toutefois, ce projet bute sur un refus d’agrément de la CSA par le ministère du Travail. «De quel droit ne pas agréer cette Confédération alors qu’on agrée une organisation patronale ?», s’interroge Amoura, visiblement remonté contre le ministre Mourad Zemali. Selon Amoura, le ministre a été approché par un député de Tizi Ouzou sur le rejet du dossier d’agrément. Et le ministre répondra que cela ne relève pas forcement de sa volonté. D’où, la lecture donnée par Amoura et selon laquelle «la décision du refus est politique ! »
Farid Guellil

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