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Amara Benyounès se rebiffe : «j’étais le ministre du président et de personne d’autre»

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La limitation des mandats est un faux débat et ne peut être considérée, à elle seule, comme un bon signe de santé démocratique pour les pays qui l’adoptent. C’est la France, pays du septennat renouvelable, qui serait derrière sa transposition chez nous, surtout depuis que, officiellement, décision a été prise de l’interdire.

L’essor démocratique des nations est, en vérité, subordonné au mode d’accès au pouvoir. Ceci est l’avis d’Amara Benyounes, président du MPA, invité de la rédaction de la Chaîne III. Pour le parti qu’il dirige, et dont il est le porte-parole officiel, la limitation des mandats n’est nullement un indice de démocratie, et ce, bien que l’intervenant déclare que la norme mondiale est de deux mandats. Amara Benyounès cite des grandes démocraties qui n’ont pas fait de la limitation des mandats un souci pour valoriser leurs indicateurs démocratiques. «Angela Merckel entame son troisième mandat, cela n’épargne pas l’Allemagne d’être une grande démocratie », indique-t-il en guise d’exemple. Et de rappeler, sur un ton polémiste, que c’est la position officielle en la matière, au travers de l’interdiction de limitation des mandats, qui a suscité l’adhésion des uns et des autres. Coïncidence temporelle qui a, selon Amara Benyounès, mis en relief le paradoxe que cultivent quelques représentants de la scène partisane du pays, lesquels ont été derrière la demande de limitation des mandats, pour se rétracter après que le président de la République y a répondu favorablement. Faisant un peu de la rétrospective en matière de la politique des nations, Amara Benyounès affirme que le premier pays à avoir consacré la limitation des mandats n’est autre que les États-Unis d’Amérique. En revanche, l’hôte de la Chaîne III situe le facteur de bon signe démocratique dans le mode d’accès au pouvoir, seul critère, à ses yeux, pour identifier qu’un pays est une démocratie ou non.

Officialisation de Tamazight : une décision courageuse
L’officialisation de Tamazight est l’un des sujets les plus importants qui ont animé les débats sur la scène nationale. Amar Benyounès le considère comme une décision courageuse. Courageuse parce que la situation n’est pas aussi simple, se justifie l’intervenant. Sans dire plus. Il est aussi le couronnement d’un long sacrifice générationnel, lequel sacrifice, et dont Benyounes fait partie de ceux qui l’ont porté, a été toujours empreint de démarches pacifiques et pacifistes. Le processus, nostalgie quand tu nous tiens, a été entamé, selon toujours l’invité, depuis les bancs de l’école, où les écoliers portaient le slogan, «Tamazight à l’école». Et d’espérer que le peuple où le parlement l’adopteront en temps opportun.
La Constitution, le texte qu’il l’a porté, est aussi le couronnement d’un long processus. Le président du MPA reproche, encore une fois, à l’opposition de cultiver les contradictions : reprochant au président d’avoir mis du temps, de 2011 à 2014, pour accoucher du texte, ensuite de contester le contenu, souvent, sans l’avoir lu. Pourtant, beaucoup d’avancées sont à relever à travers la lecture de ce Texte fondateur, et dont même l’opposition qui le conteste, et qui, après tout, a le droit, selon Benyounès, de voter ou non, en tire les dividendes. Amara cite l’élargissement des prérogatives du Premier ministre et du Parlement, dont l’opposition qui le compose. Parmi les autres contradictions de l’opposition, l’invité de la Chaîne III cite la création de l’Instance de surveillance des élections, dont le président sera nommé par Abdelaziz Bouteflika après consultation des partis politiques, qui aura, à travers l’article 71, à donner plus de crédibilité aux futures échéances électorales. Cette Instance a été une demande de l’opposition, tient-il à préciser, et le président de la République leur apporte, en l’adoptant, une réponse cinglante. Car, rappelle Benyounès, depuis la consécration du multipartisme, tout le monde se porte candidats aux élections, et, ensuite, notamment après la proclamation des résultats, les conteste ! La Constitution a également à son actif la création d’autres instances de nature à consacrer l’État de Droit et la consolidation des libertés collectives et individuelles, deux des critères que priorisent le MPA dans le bien-fondé de l’approche qu’il fait de la Démocratie. Parmi elles, le Conseil national des droits de l’Homme et le Conseil supérieur de la jeunesse. Le premier aura pour objectif de parer aux accusations tous azimuts que le pays subies depuis 1990, selon Amara Benyounès, prenant soin, au passage, de saluer la décision de l’arrêt du processus électoral. Le deuxième s’inscrira dans la finalité, toute légitime, de prendre en charge les préoccupations des jeunes, frange composant plus de 70% de la population globale. Amara a aussi apprécié les faits suivants, constitutionnalisés depuis, à savoir, la saisine par les justiciables du Conseil constitutionnel, consacrant encore plus les fondements de l’État de droit et la promotion des droits de l’Homme, et l’abrogation du délit de presse, consacrant le non-emprisonnement des journalistes, l’un des principaux points de discorde entre les médias et le pouvoir en général.

Plaidoyer pour l’abrogation du Code de la famille
Par ailleurs, l’invité, qui se dit l’un des militants les plus en vue de la dénonciation du Code de la famille, seule en mesure, selon lui, de mettre un terme à la discrimination dont fait l’objet la femme et de concrétiser les objectifs de parité entre les deux sexes, comme voulu dans l’article 31 de la Constitution, en appelle à l’intervention de Bouteflika pour abroger ce Code. Aussi, les articles 51 et 73, interdisant aux binationaux de prétendre à de hautes fonctions au sein de l’état. et de citer, à titre de justificatif, de «sommités», en l’occurrence Antar Yahia, Madjid Bouguerra et Samir Naceri, dans le rôle qu’elles ont joué dans l’élévation de l’Emblème national, et qui, du coup, à la faveur de l’amendement de cet article, se trouveraient privés de postuler à de postes stratégiques pour le développement de la Nation ! Rien que cela ! D’où, le deuxième appel qu’il lance au président de la République pour également abroger ces articles.
L’aveu sonne, peut-être, comme un appel au président de la République pour lui octroyer d’autres avantages ministériels. Il a été déclaré lorsque son passé de ministre a ressurgi dans l’interview qui lui a été accordée au cours de l’émission, et, surtout, de la responsabilité qu’il aurait dû assumer dans le cadre du développement économique. «En tant que ministre du Commerce, j’ai entamé quelques réformes et elles sont toujours en cours. Il ne faut pas oublier que j’étais le ministre du président et de personne d’autre», tient-il à préciser. Ne voulant s’impliquer dans la critique économique qui fait l’unanimité dans le milieu politique et économique, Amara Benyounès cite l’avis de Bouteflika, comme seule référence à laquelle on doit se baser pour établir les constats. Celle où le premier Magistrat du pays dit : nous allons bientôt atteindre le rouge. L’intervenant n’omettra de signaler les avancées inscrites dans le Code des investissements, le droit d’investissement de commerce, seul, à ses yeux, pour supplanter le rêve, mort et enterré à l’échelle mondiale, du socialisme, et de passer à l’étape du libéralisme. Clôturant l’émission par le souhait, en langue Tamazight, de bonne année Yennayer, Amara Benyounès citera les quatre obstacles de L’Économie qu’il faut franchir, pour espérer le saut requis, à savoir le Foncier industriel, le commerce informel, le financement des projets et les ressources humaines.
Zaid Zoheir

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