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ALORS QUE LA SITUATION IMPOSE RIGUEUR ET FORCE DE LA LOI : La méthode peu commune de Kamel Rezig

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Face à un secteur en proie à des dysfonctionnement et des tensions accentuées avec les risques liés à l’épidémie due au coronavirus, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, soulève interrogations et critiques avec ses méthodes de gestion des affaires de son département.

Ce ministre prend-il au sérieux l’urgence de la situation et le rôle que doit apporter son secteur pour la résoudre? Ses sorties « surprises » – mais accompagnées par les caméras de télévisions -, à l’aube, sur les marchés de gros des fruits et légumes, des selfies sur Facebook de lui en train d’offrir des aides alimentaires à des nécessiteux ou de surmener des commerçants, parfois allant même à susciter des polémiques avec ses autres collègues ministres, Kamel Rezig veut donner l’image d’un « super ministre » qui a une véritable autorité sur son secteur. Sur sa page facebook, où il est très actif, le ministre issu de Boufarik (Blida), où se trouve le principal foyer de coronavirus, n’hésite pas à commenter la situation sanitaire et de publier des instructions et informations ; ce qui met dans la gêne son homologue de la Santé. Hier encore, il a réagi aux rumeurs sur le décès, la veille, du professeur Si Ahmed, président de service de chirurgie générale à l’hôpital de Frantz Fanon contaminé par le Covid-19, en indiquant qu’il est toujours en vie et en convalescence dans le même hôpital. Une déclaration ou un acte par lequel il fait de l’ombre au ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid. Kamel Rezig est allé même à désavouer publiquement le directeur de la santé d’Alger en appelant les Algériens à faire des dons directement à l’hôpital de Boufarik, dont le personnel médical a besoin « en urgence de combinaisons de protection et de tenues de blocs ». Or, le directeur de la Santé avait instruit les directeurs des hôpitaux d’orienter les bienfaiteurs vers la Pharmacie centrale des hôpitaux pour faire leurs dons. S’agit-il par là d’une méthode de faire bien propre au ministre Rezig ou une volonté de se distinguer et de créer le « Buzz » ? Difficile de le savoir. Pour l’instant, il aura réussi à décrocher quelques éloges et mots de bienveillance sur les plateaux de télé et les colonnes de journaux, mais sans effet concret sur le terrain. La gestion actuelle de la crise reflète plutôt l’image d’un ministre soucieux d’engendrer des dividendes politiques, avec ses discours tendant au « populisme », que de contribuer réellement dans les efforts de l’État pour la résoudre. La semaine dernière, alors que la wilaya est soumise au régime de confinement total, le ministre du Commerce, lors d’une visite effectuée tôt dans la matinée au marché de gros des fruits et légumes de Boufarik, a menacé les commerçants en leur intimant l’ordre de plafonner les prix des produits alimentaires. « Je ne veux pas vous obliger à vendre la tomate à 50 DA, et vous devez alors la vendre de force. La loi permet au ministère du Commerce de plafonner tous les produits en cas de crise. Nous ne voulons pas plafonner les prix, parce que vous allez perdre. Alors nous vous demandons de baisser les prix », a-t-il asséné. Des propos qui posent l’interrogation pour savoir si les lois de la République sont-elles faites uniquement pour ne pas être appliquées, alors pourquoi s’y faire ? Entendre, la pratique des prix doit répondre aux lois du marché et, à défaut, faire appel aux organismes de régulation de l’État, dans le respect total de la réglementation, et non selon le bon gré du responsable. Mais, Kamel Rezig n’est pas à sa première polémique. L’affaire de Danone est un exemple. Après que la Direction du commerce de la wilaya de Blida avait ordonné la fermeture de l’usine Danone, Rezig a annoncé que « deux grandes laiteries – dont l’une est la marque française de Danone – ont été prises en flagrant délit d’utilisation de matières périmées, précisant qu’une enquête en justice est ouverte dans ce sens. La marque en question a nié les accusations du ministre et, selon des informations corroborées, l’unité de production a été rouverte. Dans une conjoncture marquée par des pénuries et tensions sur certains produits alimentaires à large consommation, le ministre devrait adopter une approche scientifique pour anticiper et réguler les marchés. Or, on assiste jusqu’à maintenant à des « demi-mesures ». Les prix de semoule ont certes été régulés, mais la distribution fait défaut et le produit n’arrive pas toujours au consommateur, car plusieurs commerces ont baissé rideau. Dans les rares points de vente ouverts, on assiste à d’interminables files d’attente. Et qui plus est, les acheteurs ne respectent pas la distanciation, ce qui augmente les risques de propagation du coronavirus. Le même état de fait est observable devant les magasins qui vendent le lait en sachet, aussi bien que d’autres denrées de première nécessité.
Hamid Mecheri

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