Dans son discours adressé à la Nation, hier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tiré un parallèle entre les dates historiques du 20-Août, marquées par l’Offensive du Nord-Constantinois en 55, et le Congrès de la Soummam en 56 et le contexte économique prévalant à l’heure actuelle.
C’est du même élan de mobilisation populaire, né à Constantine pour repousser l’armée française et de la même «éclosion du génie» caractérisant les dirigeants de la Révolution réunis en Kabylie, que les Algériennes et Algériens sont appelés, aujourd’hui, à s’inspirer pour se surpasser de la crise financière qui a frappé le pays de plein fouet. Pas uniquement, puisque le chef de l’État a rappelé comme projet-référence puisé du legs historique de la Révolution, la dernière révision constitutionnelle, qui jette «les fondements de l’État moderne», a-t-il indiqué comme pour donner l’exemple de ressourcement. Il faut dire que depuis l’avènement de la chute des prix pétroliers en cours, depuis juin 2014, Bouteflika a décrété un certain nombre de décisions, à même de pallier au déficit du Trésor public. Cependant, faut-il encore qu’il y ait un véritable sursaut d’orgueil de part et d’autre, en mesure notamment de relever le défi, en matière de diversification de l’économie, en dehors des hydrocarbures. En d’autres termes, l’économie nationale qui repose sur les revenus pétroliers est appelée à opérer une mue pour s’affranchir de cette dépendance. D’où la nécessité absolue de passer au stade de l’économie de marché. Profitant de cette double halte historique qu’il qualifie d’«un élan révolutionnaire héroïque» pour l’insurrection populaire du Nord-Constantinois et d’«un tournant des plus décisifs dans l’histoire de notre glorieuse Révolution», s’agissant du Congrès de la Soummam, Bouteflika semble vouloir adouber l’esprit des Algériennes et Algériens, à même de créer les conditions d’une Révolution économique. C’est du moins ce que le chef de l’État a laissé entendre dans son message rendu public, et lu en son nom par le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, lors de son déplacement à Béjaia, dans le cadre de la commémoration de cette date historique. Si l’offensive militaire menée à l’Est du pays en 1955 a pu «insuffler un nouvel élan à la Révolution», l’importante rencontre de la Soummam, quant à elle, était le résultat de la «prise de conscience» des leaders historiques, réunis à Ifri Ouzellaguen. En rappelant les Résolutions décisives du Congrès et leur importance capitale dans la structuration de la Guerre de Libération nationale, sur les plans politique et militaire, Bouteflika considère que les décisions prises ont permis un franc «succès» à la Révolution.
Pour le premier Magistrat du pays, c’est grâce à cet élan du peuple algérien guidé par les figures historiques que le pays a pu retrouver sa souveraineté. Ainsi, si, au lendemain de l’Indépendance de l’Algérie, le défi qui se présentait à l’époque étant celui de «reconstruction et d’édification d’un État moderne et d’une économie forte», il y va de même pour ce qui est du contexte économique d’aujourd’hui, qui, requiert, pour paraphraser le chef de l’État, une riposte de la même envergure. En poursuivant dans le même sillage, ce discours évoque le choc pétrolier survenu dans les années 80. Allusion aux décideurs de l’époque, Bouteflika a critiqué, sans citer personne, la manière avec laquelle la crise était gérée. Il parle de «mauvais calculs» et de «fautes de gestion» qu’il impute aux responsables en poste, durant cette décennie. Néanmoins, le chef de l’État a pris le soin de «dédouaner» ces mêmes responsables, dont il dit ne pas douter de leurs «bonnes intentions» et de leur «militantisme sans faille».
Outre la halte historique du 20-Août, qui doit être un exemple en matière de patriotisme aux générations présentes et futures, le chef de l’État n’a pas manqué non plus de revenir sur la Décennie noire qui a ensanglanté le pays. Selon lui, pour transcender les difficultés économiques, faut-il encore s’armer du même élan de solidarité pris lors de la période terroriste. Ou mieux encore, a-t-il fait remarquer, «le renouveau national» entrepris au lendemain de la Tragédie nationale, a été pour beaucoup, selon lui, dans «l’engagement du peuple» en faveur de son projet de Concorde et de Réconciliation nationales. Dans son discours, Bouteflika a tenu à défendre son règne à la tête du pays depuis 1999. Un période durant laquelle, a-t-il usé d’un verbe encenseur, l’élan populaire a permis de faire sortir le pays de la spirale de violence, pour «amorcer l’époque de la construction et du développement du pays».
Et de poursuivre, sur la même lancée, que ce processus a payé et «a porté ses fruits». Il en veut, pour preuve, les réalisations effectuées et les acquis arrachés sur les plans économique et socioculturel. Enfin, le chef de l’État a attiré l’attention du gouvernement sur l’importance capitale de promouvoir la bonne gouvernance, la démocratie et les libertés, ainsi que la modernisation des modes de gestion. Tout comme il a appelé à l’ouverture et l’amorce d’une nouvelle ère économique, en quelque sorte. Il s’agit, pour lui, de préserver le peuple contre l’impact des crises économiques.
Farid Guellil