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À CINQ SEMAINES DU SOMMET ARABE DE RIYAD SUR FOND D’UN RETOUR DE LA SYRIE AU SEIN DE L’ORGANISATION : L’émissaire d’Al-Assad débarque à Alger

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Après sa dernière visite en Algérie le 5 juillet dernier, à l’occasion du 60ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, est de retour à Alger pour une visite officielle de trois jours, en sa qualité d’envoyé spécial du président Bachar Al-Assad. Un pas de plus vers la réintégration de la Syrie dans le giron arabe, après plus d’une décennie d’isolement.

En 2022, le chef de la diplomatie syrienne s’était entretenu avec son homologue, à savoir l’ex-ministre algérien des AE, Ramtane Lamamra, lors d’une rencontre durant laquelle les relations fraternelles et de coopération entre les deux pays, ainsi que les questions régionales et internationales d’intérêt commun, avaient été abordées. Ce fût l’occasion pour l’émissaire syrien de réaffirmer son optimisme quant aux « efforts de l’Algérie de rassembler les Arabes et de renforcer ainsi l’action arabe commune ». Le 24 juillet 2022, ce fût au tour de Lamamra d’effectuer une visite officielle à Damas, durant laquelle il avait annoncé que l’Algérie discutait avec d’autres Etats arabes pour trouver des moyens de remédier à cette situation d’isolement de la Syrie au sein de la sphère arabe. Alors que le Sommet arabe d’Alger était prévu au mois de mars 2022, Lamamra avait déclaré bien avant, au mois de novembre 2021, que l’Algérie souhaitait « le retour de la Syrie à sa place naturelle parmi les membres fondateurs de la Ligue arabe », rappelant qu’à l’époque déjà, « l’Algérie était la première à émettre des réserves sur la suspension de la Syrie, et s’était opposée à la proposition de céder le siège à une entité autre que l’Etat syrien ».

« Les dirigeants algériens toujours aux côtés de la Syrie »
À son arrivée hier à Alger, Al Meqdad a été reçu par le successeur de Lamamra, en l’occurrence Ahmed Attaf, ainsi que l’ambassadeur de Syrie en Algérie, Namir Wahib Al Ghanem, le personnel de l’ambassade de Syrie en Algérie, et un certain nombre de fonctionnaires du ministère algérien des Affaires étrangères. Dans son discours, le ministre syrien a déclaré que « les relations qui lient la Syrie à l’Algérie sont solides, et les dirigeants algériens, comme d’habitude, se sont toujours tenus aux côtés de la Syrie ». Poursuivant son allocution, le diplomate syrien a affirmé que : « Les consultations avec l’Algérie n’ont jamais été interrompues, et nous devons renforcer et développer les relations avec l’Algérie ». Et d’ajouter : « il n’est pas possible de décrire le rôle général que l’Algérie joue à tous les niveaux, car nous et elle, luttons au nom du monde entier contre le terrorisme », soulignant par la même occasion « la nécessité de travailler ensemble pour faire face aux défis actuels ». Durant cette visite, Fayçal Al Mokdad aura des entretiens avec son homologue algérien Ahmed Attaf et des hauts responsables algériens, sur le renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays, et les derniers développements sur la scène arabe, liés à la normalisation de Damas avec plusieurs capitales arabes.

Une posture algérienne qui s’inscrit dans la durée
L’occasion pour l’Etat algérien d’accentuer davantage son lobbying en faveur de la réhabilitation du régime syrien. L’attitude d’Alger vis-à-vis de la Syrie ne datant pas d’aujourd’hui, ce sera donc une posture qui s’inscrit dans la durée. En effet, depuis le début de la crise syrienne, les deux pays n’ont jamais interrompu leurs relations diplomatiques, même du temps de l’ancien ministre des AE, Abdelkader Messahel, lequel s’était rendu dans la capitale syrienne en avril 2016. Lors d’une entrevue avec le président syrien, il avait rappelé le « soutien de l’Algérie au peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme, afin de préserver la stabilité et la sécurité de la Syrie et l’union et la cohésion de son peuple ». Allusion faite à une Syrie devenue un terrain d’affrontement entre forces étrangères. Autre étape importante dans ce contexte, la création au mois de mars 2022 d’un groupe d’amitié parlementaire Algérie-Syrie au parlement algérien, faisant office de cadre institutionnel pour le renforcement des relations bilatérales, à même de dynamiser la diplomatie à travers des rencontres, des échanges et des réunions. Le président Abdelmadjid Tebboune avait lui-même suggéré en novembre dernier que Bachar Al-Assad pouvait revenir au sein de l’organisation régionale. Est-ce une coïncidence que l’ex-ministre des AE, Lakhdar Brahimi, a été désigné comme médiateur international de l’ONU pour la Syrie en 2013 ?

Après l’Algérie, cap sur la Tunisie et l’Irak
Il est prévu que Meqdad se rendra également à Tunis au début de la semaine prochaine. Au cours de sa visite en Tunisie, il devrait être convenu des noms des ambassadeurs qui seront accrédités. à titre de rappel, la Syrie et la Tunisie ont annoncé, ce mercredi 12 avril, qu’en réponse à l’initiative du président de la République tunisienne, Kaïs Saied, de désigner un ambassadeur à Damas, la Syrie a décidé de rouvrir son ambassade en Tunisie. Dans le même ordre, notons que ce périple arabe du ministre syrien des AE s’achèvera en Irak, où il abordera avec les responsables irakiens les derniers développements sur la réintégration de la Syrie dans le jeu diplomatique régional. L’Irak faisant partie des pays qui avaient rejeté la mise à l’écart de Damas, aux côtés de l’Algérie, le Yémen et le Liban.

Rapprochement progressif avec les « voisins » du Moyen-Orient
Lors de la visite mercredi de Fayçal Meqdad à Djeddah, la crise syrienne et les efforts à fournir pour parvenir à une solution politique et promouvoir la stabilité, la sécurité et l’unité en Syrie, ainsi que le retour des réfugiés syriens et l’acheminement de l’aide humanitaire, ont été abordés. Une rencontre dans la capitale saoudienne qui s’est déroulé deux jours avant la rencontre de vendredi entre les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis), ainsi que l’Égypte, l’Irak et la Jordanie, et au cours de laquelle les ministres ont évoqué la question du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Selon un communiqué officiel paru sur l’Agence de presse syrienne SANA, les ministres ont convenu de « l’importance de résoudre la crise humanitaire, de créer un environnement approprié pour que l’aide atteigne toutes les régions de Syrie, de créer les conditions nécessaires au retour des réfugiés syriens et des personnes déplacées dans leurs régions, de mettre fin à leurs souffrances, leur permettant de retourner en toute sécurité dans leur patrie, et de prendre davantage de mesures qui contribuent à stabiliser la situation sur l’ensemble des territoires syriens ». Et de poursuivre : « les ministres ont souligné l’importance de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et organisations, de lutter contre la contrebande et le trafic de drogue, et l’importance que les institutions de l’État préservent la souveraineté de la Syrie sur ses terres pour mettre fin à la présence de milices armées là-bas et aux ingérences extérieures dans les affaires intérieures syriennes… (), Et l’intensification des consultations entre les pays arabes pour assurer le succès de ces efforts ».
Un rapprochement saoudo-syrien qui intervient après le rétablissement des liens entre l’Iran, grand allié de Damas, et l’Arabie saoudite, qui avaient rompu leurs relations diplomatiques en 2016. L’Arabie saoudite prévoit d’ailleurs d’inviter le président syrien Bachar Al Assad au sommet de la Ligue arabe que Riyad doit accueillir le 19 mai, alors que les deux pays ont convenu de rouvrir bientôt leurs ambassades. Outre l’intérêt saoudien, il sied de mentionner qu’après le tremblement de terre massif au nord de la Syrie, les ministres des Affaires étrangères d’Égypte et de Jordanie se sont rendus à Damas et Bachar Al Assad s’était à son tour rendu aux Émirats arabes unis et à Oman pour des entretiens. Néanmoins, l’éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes continue à diviser. Et le Makhzen, fidèle à sa position pro-sioniste, figurerait parmi les pays ayant « refusé » cette réadmission, au même titre que le Koweït et le Qatar.
Hamid Si Ahmed 

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