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Djamel Aidouni plaide pour l’indépendance de la Justice

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En dépit de la sensibilité du dossier Sonatrach, dont la première version de l’affaire dite Sonatrach I, devra s’ouvrir aujourd’hui au tribunal d’Alger, les responsables du secteur judiciaire ne se bousculent pas au portillon, pour se prononcer sur cette question. Il faudrait faire des mains et des pieds pour en arracher une déclaration, lorsqu’encore celle-ci ne souffre pas d’ambiguïtés. Cela aurait au moins le mérite de susciter des interrogations. «Il est impératif de consacrer l’indépendance de la Justice», a lâché Aïdouni Djamel, magistrat près la cour d’Alger, hier, lors de la 6e session ordinaire de l’assemblée générale du Syndicat national des magistrats (SNM). Cette déclaration l’a finalement libéré, avant de poursuivre de parler après avoir été presque « sommé » par les journalistes présents de s’exprimer à ce sujet. S’agit-il d’une annonce prémonitoire qui renseigne sur un procès joué d’avance ? Aïdouni en a apporté de l’eau au moulin. En effet, interrogé à s’exprimer sur le procès de l’ex-PDG de la compagnie nationale, Mohamed Meziane, et les autres responsables impliqués dans cette affaire, il a indiqué qu’il faudra poser la question au procureur du parquet d’Alger, seul habilité à répondre du fait qu’il est le chargé du dossier, a-t-il précisé. Il a réservé le même propos s’agissant de l’affaire Khalifa. Faut-il signaler que Belkacem Zeghmati, procureur près la Cour d’Alger était présent à cette rencontre. Mais, toutes nos tentatives de l’approcher se sont avérées vaines, puisqu’il a quitté la séance en catimini, laissant les journalistes sur leur faim. Du coup, le black-out imposé autour de l’affaire renforce la thèse de certains acteurs politiques, à l’exemple de la patronne du PT, Louisa Hanoune, ayant déclaré récemment que «la Justice est aux ordres ». Pour le président du syndicat des magistrats, Aidouni, « les politiciens ont le droit de s’exprimer, mais le magistrat ne se mêle pas du domaine politique, il est tenu de respecter son statut de fonctionnaire du service public. Les politiciens peuvent chanter comme il leur semble, mais qu’ils sachent que c’est nous qui avons demandé la consécration de la séparation des pouvoirs», a-t-il argué, pour répondre à ceux qui voient en ces déclarations, une tentative d’influer sur les décisions du tribunal. S’agissant de la sortie médiatique de Maître Mohsen Amara, prétendu avocat de Mohamed Meziane, qui a disculpé ce dernier en déclarant que la Justice ne détient pas de preuves, avant que le bâtonnier d’Alger, Selini Abdelmadjid, ne lui réponde en lui déniant le droit de verser dans la polémique, sous prétexte qu’il est radié de la corporation. À cette polémique, Aïdouni, s’est gardé de faire tout commentaire, en estimant qu’il n’est pas concerné par une question relevant du bâtonnat. En poursuivant sa déclaration, le même magistrat a accusé certains partis « de tenir des conférences dans des grands hôtels 5 étoiles…», a-t-il indiqué, avant qu’il ne soit rappelé du sujet. Invité à donner des précisions sur le procès d’aujourd’hui, il a tergiversé avant de dire : « Je ne veux pas ramener la vie privée des accusés sur la scène publique».

«Un procès politique»
En essayant de le recadrer avec une autres question, en lui rappelant qu’il s’agit d’un dossier de corruption ayant touché aux biens publics, il a rappelé que la justice ne fait que son travail, et qu’elle ne verse pas dans la polémique politicienne. Sur sa lancée, il évoque à peine l’ex-ministre Chakib Khelil. «J’ai même parlé avec les magistrats italiens de cette affaire, mais je ne peux en dire plus que ça», a-t-il révélé, avant d’inviter, enfin, les journalistes à venir assister au procès pour s’imprégner au mieux du dossier.
Un autre magistrat ayant pris part à cette réunion qui a regroupé les représentants des instances judiciaires de toutes les wilayas, le procès de Sonatrach est loin d’être une affaire qui puisse relever des compétences de la justice. « Il s’agit d’un procès politique», a lâché notre interlocuteur, s’étant exprimé sous l’anonymat. Pour lui, Mohamed Meziane a bel est bien travaillé en respect de la réglementation régissant l’octroi des marchés publics. En se voulant plus persuasif, il a évoqué l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, en exil aux Etats-Unis. « Le mandat d’arrêt international lancé à son encontre est un non-lieu, et pour cause, il jouit toujours de l’immunité diplomatique», a-t-il fait savoir avant de conclure que la justice ne pourrait ouvrir un dossier de corruption ayant de larges ramifications.
Farid Guellil

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