Très actif depuis la normalisation officielle des relations entre Rabat et Tel-Aviv d’il y a près d’une année, « le Front marocain de soutien à la Palestine et de rejet de la normalisation », ne laisse pas passer inaperçue la visite, attendue hier soir, du ministre de la Défense israélien Benny Gantz.
Cette visite, qui intervient dans un contexte géopolitique explosif dans la région couplé d’un climat de tensions interne au Maroc, est une première pour un responsable d’un tel rang. Celui-ci risque de se casser les dents à considérer le refus populaire que compte lui réserver les Marocains qui en ont déjà pour leur compte depuis la signature des accords d’Abraham entre les deux alliés sous l’ex-président américain. En effet, le bureau du front uni antisioniste appelle le peuple marocain à un soulèvement consistant à organiser des manifestations à travers tout le territoire marocain pour dire au ministre israélien qu’il est indésirable, que sa visite au Maroc est rejetée dans le fond et dans la forme pour tout ce qu’elle participe au prolongement du processus de normalisation avec l’entité sioniste. Dans un communiqué diffusé hier, le Front marocain de soutien à la Palestine et de rejet de la normalisation annonce l’organisation aujourd’hui même, mercredi, un sit-in de protestation, à l’occasion de l’arrivée du ministre israélien de la Défense Benny Gantz, dans le but de « renforcer la coopération sécuritaire et de signer des accords de sécurité ».
Cette manifestation est attendue devant le Parlement marocain à Rabat se veut, selon ce Front antisioniste, un refus de la visite prévue du ministre israélien de la Défense Benny Gantz, dont l’arrivée était attendue pour hier soir. Dans la foulée, cette union a exhorté le peuple marocain « à rejeter la normalisation, à travers une forte participation » à cette action de protestation qui tranche avec les tentatives du Makhzen et de ses relais sionistes de faire avaler la couleuvre aux Marocains. C’est peine perdue pour Rabat qui, non seulement elle éprouve toutes les peines du monde à justifier en interne la normalisation avec Tel-Aviv, mais elle subit de plein fouet une volée de bois vert à l’international dans le dossier du Sahara occidental. Annoncée depuis plusieurs jours histoire de préparer l’opinion publique marocaine, la visite du ministre israélien de la Défense marque une nouvelle phase dans les relations entre les deux alliés, du fait qu’elle aborde la coopération sécuritaire. Un responsable israélien, repris par la presse sioniste, a expliqué ainsi que cette visite vise à « poser la première pierre de l’établissement de futures relations de sécurité entre Israël et le Maroc. Nous avons eu une certaine coopération, mais nous allons l’officialiser maintenant. C’est une annonce publique de notre partenariat ». Un engagement qui a de quoi en rajouter une couche aux tensions dans la région, dont l’Algérie est la cible privilégiée dans les nouveaux choix géopolitiques opérés par Israël et auquel il charge son allié marocain d’exécuter les termes pour abattre le voisin immédiat.
Farid Guellil
