En l’espace d’une semaine, les agents de Police ont multiplié, après les dernières instructions du président de la République, les déscentes dans les marchés, épiceries et même les pharmacies.
Les policiers ont opéré une véritable opération coup de poing dans plusieurs régions et wilayas de pays pour traquer certaines pratiques de spéculation sur les produits pharmaceutiques, comme les masques de protection et les gants contre le coronavirus, mais aussi les produits alimentaires de large consommation. À Boumerdès par exemple, la Sûreté de la wilaya a annoncé la réquisition de 450 000 gants médicaux et plus de 17 quintaux de produits alimentaires dont le délai est expiré, détenus par des spéculateurs, qui comptent les lancer sur le marché noir avec des prix très exorbitants. Les commerçants ont été sanctionnés pour ne pas avoir respecté le décret contre la spéculation dicté après l’avènement de l’épidémie de coronavirus. Dans la même wilaya, les policiers ont fermé beaucoup d’épiceries et commerces pour non respect de la loi. À Médéa, plus de 150 quintaux de farine subventionnée, destinée à alimenter le circuit informel, ont été saisis, hier lors d’une opération conjointe menée par les éléments de la police judiciaire et la direction du commerce, dans le cadre de la lutte contre les pratiques spéculatives, a indiqué un communiqué de la Sûreté de wilaya. Cette opération est intervenue suite à un contrôle routinier d’un camion transportant une quantité de farine, acquise par commerçant exerçant une activité autre que celle figurant sur son registre du commerce, a-t-on indiqué. Une perquisition opérée dans un local appartenant à ce commerçant, détenteur d’un registre du commerce de vente d’aliment de bétail, a permis aux éléments de la brigade mixte (sûreté-commerce) de découvrir un stock, estimé à 150 quintaux de farine, que ce commerçant s’apprêtait à écouler sur le marché, au double de son prix, a-t-on ajouté. Outre la saisie de la totalité du stock et la fermeture administrative du local, une action a été introduite en justice par la Direction locale du commerce à l’encontre de ce commerçant pour pratique spéculative et frauduleuse, note le même communiqué.
La force de frappe de la loi
Ces opérations de réquisition ont dissuadé beaucoup de spéculateurs et pu imposer la loi de la République. Après que la spéculation a régné dès que les consommateurs ont pris conscience des répercussions du Coronavirus, les prix des fruits et légumes sur les marchés de détail ont connu depuis jeudi dernier un recul relatif suite aux mesures prises, mercredi, par les secteurs du Commerce et de l’Agriculture, en coordination avec les corps de sécurité. Après avoir atteint des prix records de 120 Da/kg dans certaines wilayas, la pomme de terre coûte désormais 50-55 Da/kg. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a lancé mercredi la commercialisation de quelque 1 400 tonnes de pomme de terre à 40 Da/kg, afin de juguler la flambée des prix de ce produit agricole dans le Sud, pourtant abondant, sur les marchés de gros et de détails. La commercialisation a été lancée au niveau des unités de vente relevant du Groupe de valorisation des produits agricoles d’Alger (GVAROP), à Bab El-Oued, Hussein Dey, Bouchaoui et Aïn-Benian, en attendant d’élargir l’opération vers d’autres wilayas comme Sétif et Oran. D’autres légumes ont connu, jeudi, une baisse relative des prix, à l’exemple des carottes (de 110 Da à 80 Da/kg), la tomate (de 130 Da à 100 Da/kg), la courgette (de 120 Da à 100 Da/kg), les navets (de 200 Da à 70 Da/kg). Aussi, l’oignon passe de 100 Da à 80Da/kg, le chou-fleur de 90 Da à 60 Da et les petits pois de 150 Da à 100 Da/kg. Cependant, le prix de l’ail, du citron, du piment et du poivron, en carence sur le marché, a gonflé pour atteindre 1 200 Da/kg pour l’ail, contre 500 Da/kg, il y a quelques jours. Le prix du citron est également passé de 200 Da à 250 Da/kg, celui du piment de 150 Da à 180 Da/kg, et du poivron de 120 Da/kg à 150 Da/kg.
Par ailleurs, une forte pénurie de la semoule de blé dur a été enregistrée au niveau des marchés et commerces dans la capitale, un manque que les commerçants imputent à une ruée sans précédent des citoyens sur cette denrée alimentaire qui est également stockée par les spéculateurs dans le but d’augmenter son prix qui varie entre 1 500 Da et 1 800 Da pour le sac de 25 kg. Les commerçants de détail ont évoqué une affluence disproportionnée sur des produits alimentaires de large consommation, tels la semoule de blé tendre, les huiles, le sucre et le lait.
Hamid Mecheri