Les miliciens chiites au Yémen ont mis en place, samedi, une Haute commission de sécurité, incluant d’anciens ministres, pour s’assurer plus encore le contrôle du pays, où leur coup de force provoque des remous. Cette annonce a été suivie par une explosion à l’entrée sud du palais présidentiel, que ces miliciens contrôlent depuis le 20 janvier, ont indiqué des témoins, ajoutant qu’un policier et un civil avaient été blessés dans l’explosion. La prise du palais présidentiel et d’autres bâtiments gouvernementaux par ces miliciens chiites, dits Houthis, ont précipité en quelques jours la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi et du gouvernement. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur de ce gouvernement démissionnaire figurent parmi les 18 membres de la commission de sécurité, décidée par les miliciens, ont indiqué ces derniers dans leur premier communiqué publié depuis leur annonce, vendredi soir, de la dissolution du Parlement et de la création de nouvelles instances dirigeantes. La commission de sécurité dirigera les affaires du pays jusqu’à la mise en place d’un Conseil présidentiel, précise le texte publié par l’agence officielle Saba, contrôlée par les miliciens chiites. ,Elle est présidée par le général Mahmoud al-Sobeihi, ministre de la Défense dans le gouvernement démissionnaire. La nomination du général Sobeihi et sa présence aux côtés des dirigeants houthis au moment de l’annonce de leur déclaration constitutionnelle ont été accueillies avec méfiance dans l’entourage de cet officier, considéré comme un fidèle du président Hadi. Le chef de son cabinet, Abdel Aziz Mansour, a ainsi multiplié vendredi soir les déclarations dans les médias, laissant entendre que le général Sobeihi avait été contraint par la force d’apparaître au côtés des Houthis. Nous avons perdu tout contact avec lui et nous nous inquiétons pour sa vie, a-t-il déclaré à l’AFP. Les miliciens chiites, issus de la minorité zaïdite concentrée dans le nord du Yémen, ont décidé vendredi soir de dissoudre le Parlement et d’installer un Conseil présidentiel de cinq membres à élire par un Conseil national de 551 membres devant remplacer la Chambre dissoute. Le Conseil présidentiel doit à son tour former un gouvernement de compétence nationale pour une période de transition, fixée à deux ans. Ces mesures, par lesquelles les Houthis entendent s’imposer comme les nouveaux maîtres du Yémen, ont été dénoncées comme un putsch lors de manifestations de protestation à Sanaa et d’autres villes du Yémen. Elles ont par ailleurs été désapprouvées par les Etats-Unis et le Conseil de sécurité de l’ONU. Mais les Houthis, qui ont célébré leur coup de force par des feux d’artifice dans le ciel de Sanaa et de Saada, leur fief du nord, ont appelé à de nouvelles célébrations samedi après-midi à Sanaa, marquées par un discours de leur chef, Abdel Malek al-Houthi, selon leur télévision Al-Massira.