Walid Ferhat est un jeune algérien de 27 ans qui est atteint d’un handicap moteur. Mais son infirmité ne l’a pas empêché de s’épanouir dans le domaine de l’athlétisme. Natif de la commune de H’raoua, à l’Est d’Alger, cet athlète de haut niveau évolue dans un club de lancer du disque.
Walid possède à son palmarès trois titres en championnat d’Algérie. Au cours de cette année, il a honoré et hissé dans le ciel mondial, à deux reprises, le drapeau national durant deux compétitions internationales organisées en Tunisie et à Dubaï. Hélas ! Les exploits sportifs de ce jeune champion algérien sont passés quasi inaperçus auprès des autorités en général et celles du monde du sport en particulier. Sinon, comment expliquer et pour ne citer que le plan social, cette pépite de l’athlétisme national vit dans une seule pièce en compagnie de ses trois frères ? Aujourd’hui, Walid rêve d’avoir un toit décent pour d’abord aspirer à une vie meilleure, et de pouvoir, en conséquence, poursuivre sa carrière sportive. C’est ce que le champion souhaite au demeurant.
Lundi dernier, il s’est rendu, accompagné de Yahi Menouar, président de la Jeunesse sportive de Bordj El Kiffan (JSBK)-club où il évolue-, pour lancer son appel de détresse, car ignoré et marginalisé par les responsables locaux. «J’ai beaucoup travaillé. Mes titres sont le prix de ma sueur. Mais, hélas ! Je suis oublié ! Le maire de H’raoua n’a même pas daigné me recevoir…», regrette Walid, les larmes dans les yeux. Et c’est au président de la JSBK de lui emboîter le pas et de dénoncer le sort réservé à l’athlète. «Je ne comprends pas pourquoi certains sportifs de haut niveau, comme Walid, sont ignorés, surtout lorsqu’il a prouvé qu’il est l’un des meilleurs du monde», dira-t-il fort à ce propos.
Jugeons des exploits de Walid
Le jeune champion a été décoré de l’or à la compétition internationale Le Grand prix World Para Athléthic, organisé du 23 juin au 1er juillet dernier, en Tunisie. Quatre mois plus tard, Walid remporte la médaille d’argent au Championnat du monde d’athlétisme, organisé du 3 au 16 novembre derniers à Dubaï. Mieux encore, Walid s’y prépare à une autre échéance mondiale toute aussi prestigieuse que les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 auxquels il est qualifié. Ainsi, armé de courage malgré qu’il soit délaissé, il promet de « de tout donner malgré tout pour réaliser encore une fois mon rêve et celui de ma mère décédée, qui m’avait beaucoup encouragée et pour hisser encore une fois les couleurs nationales, et honorer le pays». Voilà le destin d’un champion sportif de haut niveau qui a plus que jamais besoin d’une reconnaissance pour ses exploits et d’un appui moral et matériel pour qu’il continue à honorer son pays, l’Algérie et à poursuivre sa carrière d’athlète. Au lieu de cela, les autorités continuent à ignorer Walid, comme tant d’autres champions sportifs qui, au lieu de jouir d’attention et de main forte, sont délaissés.
Alors, qu’attendent-elles pour venir en aide à ce jeune champion ?
Mohamed Amrouni