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WAFA BRAHAM CHAOUCH, CHERCHEUSE EN ÉNERGIES RENOUVELABLES, AU « COURRIER D’ALGÉRIE » : «Les femmes ont un rôle pivot à jouer dans la lutte contre le changement climatique»

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Dans cet entretien, la chercheuse Wafa Braham Chaouch, qui travaille à l’Unité de recherche en énergies renouvelables en milieu saharien (URERMS) revient sur la menace du réchauffement climatique qui, selon elle, demeure clairement perceptible sur la zone de notre vaste Sahara, estimant dans ce sens que les femmes issues des sociétés traditionnelles sont « d’une part les premières victimes de ce changement climatique universel », mais d’une autre part la chercheuse suggère que « la femme en général a un rôle de leader à jouer dans la lutte contre ce phénomène.»

La chercheuse revient également sur l’impact néfaste de l’exploitation des gisements pétroliers au Sahara, qu’elle qualifie d’industries très polluantes, et prévient au passage quant « aux risques pouvant en découler de l’exploitation des gisements de gaz de schiste » qu’elle considère « au même niveau de danger et de répercussions que peuvent provoquer l’exploitation et la production de l’énergie nucléaire. » Enfin elle n’a pas manqué l’occasion de souligner que l’Algérie est un pays qui a été très gâté par la nature, vu qu’il recèle toutes les formes d’énergie renouvelable dont la chercheuse suggère qu’il faudra les valoriser et à s’orienter vers une autre politique d’exploitation d’énergie que celle des énergies fossiles.
L’entretien qui suit a été réalisé en marge de la cérémonie de remise des prix de la deuxième édition du prix de la Ville verte qui s’est tenue, le mois dernier, au Centre international  des conférences Abdelatif-Rahal.

Entretien réalisé par Mohamed Amrouni

-Le Courrier d’Algérie : Vous avez été primée lors de la cérémonie de la Ville verte. Quelle était votre réaction ?
-Wafa Braham Chaouch : J’ai ressenti un souffle de bonheur. J’ai été très touchée par ce prix et j’ai ressenti une bouffée d’oxygène à l’horizon puisque les chercheurs sont à l’honneur de cet événement. J’étais récompensée sur mon projet. J’ai travaillé sur la technique du séchage solaire, celle de la réalisation d’une expérimentation d’un séchoir solaire actif avec stockage d’énergie par un lit de galet, destiné au séchage de la viande cameline. Elle a été réalisée à Adrar. Cela ressemble au «kaddid» (viande séchée: NDLR).

Je voudrais également indiquer que je vis à Adrar depuis plusieurs années. Certes il y a du soleil là-bas, mais j’en profite de l’occasion pour parler d’abord du réchauffement climatique. Puisqu’il fait de plus en plus chaud. Et la menace du réchauffement climatique demeure clairement perceptible sur la zone de notre vaste Sahara. Et l’humanité n’a pas connu un défit plus grand que celui du changement climatique.

– Vous avez parlé de changement climatique perceptible dans le Sahara qui se manifeste  par une augmentation de la température. Comment nous en sommes arrivés là ?
-Il n’est pas possible de parler de changement climatique sans parler des zones sahariennes qui sont affectées par le changement climatique, par rapport à l’augmentation, et encore à la baisse brusque des températures. Il faudra aussi parler de la pollution. Puisque le Sahara regorge des plus grands gisements pétroliers. Et cela a donné lieu à des industries très polluantes.
L’exploitation irrationnelle des nappes phréatiques met dans une précarité sans précédent l’environnement saharien.

-Et comment relever ce challenge ?
-Il est judicieux de faire un lien direct sur les effets de ce changement climatique, et le quotidien des populations les plus démunies et pauvres. Et si on relève que 70% de ces populations sont constituées de femmes, l’on pourrait donc dire qu’elles sont les premières victimes de ce changement climatique universel.
Le Sahara tout comme les femmes sont les premières victimes du changement climatique, mais elles sont aussi  les premières réponses efficaces  et qui ouvrent les plus grandes voies pour le développement durable. Je crois qu’il faut absolument réfléchir sur cette équation « femmes  + milieu saharien + exploitation d’énergies propres» qui je pense qu’elle demeure la solution pour lutter contre le changement climatique.
Les femmes ont un rôle de leader dans la lutte contre ce phénomène. Elles sont de par leurs tâches agricoles dans les sociétés traditionnelles, en contact intime avec la biodiversité. Cela veut dire qu’elles ont un rôle prépondérant dans la gestion de cette biodiversité. Elle possèdent des connaissances très étendues des espèces et tout cela en effet les prépare à jouer un rôle très important qui serait je pense la solution aux changements climatiques.
Sur un autre plan nous pouvons constater aussi que de nos jours les femmes ont leur mot à dire pour approuver des lois ou non, elles possèdent des connaissances techniques, et qu’elles agissent toujours au diapason avec les dispositions de l’ONU, les dispositions des politiques internationales qui visent à imposer le développement durable comme une solution inévitable si on veut éviter que notre planète ne connaisse des retombés catastrophiques qui mineront l’avenir des populations futures.

-Beaucoup de choses ont été dites à propos de l’idée d’exploiter le gaz de schiste. Est-il une solution énergétique fiable selon vous ?
-S’il y a une réelle volonté politique d’aller vers l’exploitation du gaz de schiste dans le Sahara, il faudra attendre que les choses deviennent officielles.
Mais avant cela, je voudrais donner mon avis. D’un point de vue purement scientifique nous savons pertinemment que l’exploitation du gaz de schiste est dans son stade expérimental qui veut dire qu’elle n’est pas encore maîtrisée. Et qui naturellement « met en otage » les nappes phréatiques des régions qui recèlent des gisements de schiste.
L’utilisation de ces nappes phréatiques est une nécessité technique et au risque de les polluer d’une façon irréversible.
Beaucoup de pays même les plus industrialisés et qui recèlent de grands gisements de gaz de schiste tout comme la France ne vont pas dans le sens de s’aventurer en procédant donc à l’exploitation de ces gisements.
Ils ont de la réticence sans justement à la moindre allusion des politiciens à cet axe ils sont contestés par toutes les organisations qui défendent l’environnement. Donc je crois que tout cela représentent des indices qui nous imposent de prendre un peu de recul et de prendre le temps de réfléchir, sachant que l’exploitation du gaz de schiste et considérée par beaucoup de spécialistes comme étant au même niveau de danger et de répercussions que peuvent provoquer l’exploitation et la production de l’énergie nucléaire.

-Qu’elles sont les énergies renouvelables qu’il est conseillé de valoriser ?
-L’Algérie est un pays qui a été très gâté par la nature. Il recèle de toutes les formes d’énergie renouvelable. Le gisement solaire en Algérie est l’un des plus importants dans le monde entier. Le Sahara pourrait fournir de l’énergie électrique pour subvenir aux besoins de la terre entière et ce n’est pas banal. Le gisement éolien ouvre des possibilités incroyables pour la production de l’électricité.
Nous possédons une nappe phréatique qui est étendue sur tout le Sahara, et c’est la plus étendue et la plus importante de toute la planète. Tout cela se trouve dans le Sahara Algérien.
Faut-le noter aussi, le Sahara regorge d’espèces végétales uniques, et je pense qu’elles seraient aussi un très grand terrain de la pharmacie et de la recherche médicale.
Toutes les possibilités sont ici, si cela est associé à une politique qui aurait la volonté d’aller vers un vrai développement durable et une exploitation de nos ressources en énergies renouvelables. Je pense que ça ne pourrait être que bénéfique pour l’environnement et pour les générations futures.
Les capacités de l’Algérie sont à valoriser. Et il faut s’orienter vers une autre politique d’exploitation d’énergies que celle des énergies fossiles.
Entretien réalisé par Mohamed Amrouni

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