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Vote de la constitution : valse-hésitation au PT

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Applaudir ou rejeter, tel est le dilemme auquel est confronté le Parti des travailleurs (PT), quant à la question de l’adoption de l’avant-projet de la révision constitutionnelle.
Après avoir pris partie dans la commission paritaire du Parlement, le parti a réuni, hier, son comité central, pour trancher de la position politique à donner au texte de loi. Ce qui est, d’apparence, et pour le moins que l’on puisse dire, un véritable casse-tête. L’enjeu stratégique est capital pour Louisa Hanoune, patronne du PT, même si, estime-t-elle, hier, lors d’une allocution précédant la réunion de son staff politique, que la question est plus «tactique» qu’elle n’apparaît. Déjà en proie à des turbulences depuis l’avènement de dissidence menée par son ex-cadre, Salim Labatcha, la responsable politique subit d’énormes pressions, à peine sortie la tête de l’eau au lendemain de l’adoption du projet de la LF-2016 qu’elle avait rejeté. D’ailleurs, le revers essuyé n’a pas été sans lui laisser des plumes sur l’arène de jeu, au cours d’un branle-bas d’un combat acharné, mené aux côtés de la coalition parlementaire de l’opposition. Mais, là, le contexte est loin d’être similaire, il s’agit de se prononcer sur un texte de loi, de surcroît, le plus fondamental qu’il soit dans la hiérarchie juridique, la Constitution, notamment. Ceci dit, l’idéologie et la ligne partisane sont des principes déterminants dans la vision et l’orientation politiques d’un parti. Autrement dit, lorsqu’il s’agit de la première loi du pays, il est presque inconcevable de présager une quelconque alliance regroupant une multitude de courants politiques, dans une sorte de patchwork où se submergent les positions partisanes des uns et des autres. Lors de cette réunion à laquelle ont pris part 69 membres des 96 éléments composant le comité central, affirme-t-elle, Louisa Hanoune a tergiversé sur une question qui lui reste, visiblement, au travers de la gorge. Il y était question, en plus de faire le point autour des «attaques ciblant le PT» et du contexte régional et international en cours, d’élargir le débat autour du projet de l’amendement constitutionnel. La fin des travaux de ce conclave, tenu à huis clos, devra aboutir sur la position politique du parti trotskiste sur la mouture du texte de loi qui, sans grande surprise, en passe d’être adopté par la majorité parlementaire, au moment où les partis islamistes prônent le rejet, aux côtés du FFS qui a préféré, lui, boycotter la cérémonie de vote prévue demain au Palais du peuple. Mais quelle qu’elle soit la position, la décision à prendre interviendra, selon Hanoune, dans un contexte empreint de «tensions» prévalant dans le pays.
Un tel état de fait qui commande à son parti de s’exprimer de manière «tactique» et non pas à incomber au plan «stratégique», a-t-elle fait savoir, pour donner, en quelque sorte, les prémices d’une décision qui invite toutes sortes de lectures, et s’y prête à confusion, dès lors aussi ambiguë que cela puisse paraître, le PT, du moins, selon les propos tenus par sa patronne, a tranché partiellement le projet, notamment dans son volet «forme». En effet, la voie parlementaire comme mode d’adoption de la Constitution n’était pas de son goût. Elle estime que «le peuple a été privé de son droit de libre arbitre», pour un projet qui engage l’avenir du pays, critique Hanoune, avant d’estimer que contrairement à ce même mode choisi pour l’adoption du texte de la même loi en 2002, puis en 2008, la Constitution de 2016, de par ce qu’elle renferme comme importants amendements, se doit d’être soumise à un référendum populaire, a-t-elle soutenu. Quid de la teneur du projet ? Pour la SG du PT, le projet comprend des avancées positives et qui plus est, certains amendements proposés par son parti ont été intégrés dans la mouture finale de la loi. Il s’agit, a-t-elle illustré ses propos, de la question de l’officialisation de tamazight, de la possibilité pour le Parlement de recourir au Conseil constitutionnel, ainsi que la disposition portant sur l’interdiction du nomadisme politique. Ceci ne l’a pas empêché autant de poser le doute lorsqu’il s’agit d’assumer «la portée lointaine» des décisions incorporées dans le texte, en raison, accuse Hanoune, des «hésitations de certains (acteurs politiques, ndlr) et de leur mauvaise intention», en dépit de la consistance des amendements y afférents, a-t-elle émis comme réserves. La même responsable doute également de la question de l’indépendance de la Justice, et croit, là encore, que le fait de libérer le juge n’est pas synonyme de la l’indépendance de l’appareil judiciaire. Pour elle, ce principe ne peut être indissociable de l’indépendance du Conseil supérieur de la magistrature. Ces charges, contre un texte qu’elle voit «entaché de contradictions», pourraient-ils s’assimiler à un rejet de la mouture du projet ? Rien n’est moins sûr, puisque Hanoune affirme que «négliger» certaines recommandations du PT n’est pas forcément un facteur déterminant dans sa position politique par rapport au projet. «Nous ne sommes pas un parti hégémoniste», a-t-elle clamé, pour afficher d’emblée «l’indépendance de son parti», que ce soit vis-à-vis des partis du pouvoir (FLN et RND), ou bien ses alliés politiques au sein de l’opposition parlementaire. Et par-dessus tout, Hanoune estime que la révision de la Constitution n’est pas prioritaire. Ce qui prime, selon elle, est «la survie de l’État républicain et constitutionnel» qui prime sur toute autre préoccupation, dira-t-elle, pour, semble-t-il, évacuer le débat sur la question. D’autre part, l’oratrice a affirmé que son parti «est contre la compromission» et que seul son comité central décidera de la position politique à réserver au projet et que cette instance a «la responsabilité» de rendre publique une décision en adéquation parfaite avec la ligne politique du PT. Pour Louisa Hanoune, «çela va de la survie de sa formation politique», a-t-elle lâché. Une déclaration qui renseigne, on ne peut plus clair, que le PT se trouve sur une corde raide s’agissant de se positionner sur cette question lancinante.
Farid Guellil

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