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Une note confidentielle de Sellal le stipule : l’austérité encore et toujours !

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Les instructions émanant des services du Premier ministère, sommant les établissements publics à plus d’austérité ou de rationalisation des dépenses, c’est selon, pleuvent sur la tête de leurs responsables.

Après celle d’avril, qui a déjà rendu illusoires les tentatives de redressement des entités économiques, voila qu’une autre, signée par Abdelmalek Sellal, relayée par le site électronique AlgériePatriotique et adressée, il y a de cela quelques jours, aux directions générales des établissements publics, économiques et administratifs, et pas totalement répercutée vers leurs filiales régionales et de wilaya, vient encore une fois de sommer à serrer la ceinture, mais aussi les énergies restantes de ce secteur avide d’investissement pour redorer son blason. Les appréhensions des uns et des autres quant à l’imminence d’une restriction budgétaire, encore plus contraignante, à l’approche de la fin de l’année 2016, ont été justifiées par cette note. Ce que beaucoup pensaient tout bas, cet officiel de l’État vient de le confirmer réglementairement. En effet, dans une note confidentielle, le Premier ministre impose aux établissements publics une réduction de 50% de leur budget. Le compte à rebours en matière d’austérité est enclenchée, donc, à partir de la réception de ladite instruction. Clairement, il est stipulé que les établissements publics auraient le droit d’utiliser, et seulement sur dérogation, 30% de la moitié de leur budget. L’exploitation du tiers du budget est soumise, précise la note, à l’approbation du gouvernement, et ce, après que les ordonnateurs des établissements aient pris soin de justifier l’usage et la destination des montants correspondants. Bonjour, la centralisation des dépenses ! Le hic, c’est que l’État tente de booster l’investissement productif, notamment via la décentralisation, comme préconisé par des économistes. Vas-y comprendre quelque chose ! Le restant du budget, soit les 20%, ne doit être touché qu’en cas de «besoins d’extrême urgence» qui restent à définir, ceux-ci, le cas échéant. Au cas où des urgences, et Dieu sait combien elles sont nombreuses au vu de la hâte et du manque de planification caractérisant le lancement des projets d’équipements publics, ne viennent pas à être comptabilisées dans le Plan d’action des institutions cibles de cette correspondance, l’argent sera thésaurisé pour l’exercice de l’année suivante. Les secteurs de la Santé, de l’Enseignement supérieur, pour ne citer que ceux-là, seront les plus affectés par cette politique de l’austérité. Déjà amoindris par la faiblesse des budgets qui leur sont consacrés, ces secteurs en payeront davantage les frais des effets à portée pratique de cette instruction. À commencer par le névralgique domaine de la santé, souvent accablé par le manque de matériels médicaux et produits médicamenteux. Le créneau de la recherche scientifique y sera probablement le plus touché, principalement au niveau des projets nationaux de recherche que paradoxalement, l’État compte promouvoir notamment à la faveur de la Loi d’orientation de la recherche scientifique. Report ou annulation des PNR ? L’avenir nous le dira.

Note d’avril : emploi et carburant à préserver
Déjà en avril, et ce n’est le poisson coïncidant avec ce mois, beaucoup d’établissements publics, destinataires d’une note ont vu leurs programmes d’équipement gelés. D’importants projets de réhabilitation d’édifices, d’acquisition de matériels, issus de lancement d’appels d’offres nationaux et internationaux, ainsi que des plans de recrutement en vue d’étoffer les ressources humaines, ont été tout simplement remis aux placards. À l’époque, on leur enjoint de ne préserver que l’emploi et le carburant. Pas de véhicules de service, pas de mobilier de bureau, encore moins d’équipement informatique. Ce qui a fait dire à un directeur d’une entité économique, « Heureusement qu’aucun camion n’est tombé en panne durant cette période. Sinon, on aurait mis la clé sous le paillasson et retourné au bercail ! ». Un autre, à la tête d’une entité plus ambitieuse, a, lui, regretté d’être directeur. « Franchement, quand je vois le personnel qui consent plus d’efforts, donc demandeur potentiel de primes et de revalorisation salariale, se démoraliser, et moi, passif, ne pouvant satisfaire sa demande, je regrette d’avoir accepté ce poste. Et, Je ne peux, malheureusement, y démissionner », dira-t-il en substance. Les cycles de formation, visant le perfectionnement des employés et leur mise à niveau aux standards internationaux, et les plans de recrutement générateurs d’emplois et préparateurs de la relève pour parer aux imminents départs à la retraite, ont été tous deux ajournés à des dates ultérieures. Jusqu’à nouvel ordre.

Contrechoc pétrolier : l’Algérie pourtant épargnée !
Il ne faut pas être devin pour lier l’instruction confidentielle aux effets de la tendance baissière du pétrole, en vigueur depuis 2014. Et, surtout, pour parer au spectre de l’effondrement économique qui plane sur le pays si des mesures idoines-et pas que l’austérité-ne soient initiées comme salvatrices. Pourtant, Sellal a, lors de la 19ème édition de la Tripartie qui s’est tenue le 5 juin à la Résidence d’État de Djenane El Mithak, clairement déclaré que l’Algérie a été épargnée du contrechoc pétrolier (lire notre édition du 6 juin). Il a avancé cinq points pour attester de ce « phénomène ».
Il s’agit de la baisse des importations de seulement 13.7% par rapport à la même période de l’année écoulée ; de l’établissement des réserves de change à 136.9 milliards de dollars ; du maintien du taux d’inflation à 4.11% ; de la stabilisation des liquidités au niveau des banques à 1.684 milliards de DA ; et de la hausse des crédits à l’économie de l’ordre de 9% par rapport à la même période de l’année précédente.
Des données qui ont été, précise Sellal, davantage consolidées par des institutions financières internationales qui s’intéressent régulièrement de trés près à tout ce qui se passe en Algérie. Parmi elles, le fameux Fonds monétaire international (FMI) qui a, dans son dernier rapport, tenu à révéler que le choc pétrolier n’ait eu qu’un effet limité sur la croissance, et que le taux de chômage ait eu une hausse négligeable, passant de 10.6%, en 2014, à 11.2% en 2015. Outre cela, les réserves de changes ont enregistré un niveau correct, alors que la dette extérieure demeure très bas représentant 1.8% du PIB. Mieux, le Premier ministre avance le taux de 70% d’activités créées depuis 2002 par les investissements des trois dernières années, comme gage de réussite pour un pays producteur de pétrole qui continue, en dépit du contrechoc pétrolier, de créer de la richesse et de l’emploi. Toutefois, et malgré ces assurances, Sellal déclare que le retour des prix du pétrole à leur niveau d’antan, et dont les prémices ont été déjà constatés, ne devrait pas quand même pousser le pays à dormir sur ses lauriers. Car, selon ses dires, puisés selon toute vraisemblance des analyses d’experts, les bénéfices qui en seront tirés ne peuvent satisfaire les besoins socioéconomiques de ces dernières années. Par ailleurs, selon l’Office national des statistiques (ONS), la chute du pétrole, si elle a ralenti un peu la croissance du secteur des hydrocarbures, n’a pas affecté négativement le reste de l’économie qui affiche plutôt une bonne santé avec une croissance de l’ordre de 5%, largement au-dessus du taux enregistré à la même période de l’année 2014 (4,6%). Globalement, la valeur nominale du PIB au troisième trimestre de 2015 a atteint 4 155,2 milliards de dinars contre 4 334,3 milliards de dinars à la même période de 2014. Hors hydrocarbures, les indicateurs sont nettement meilleurs avec une croissance de 5%. La valeur ajoutée du secteur du BTPH, y compris les TP pétroliers, a, elle, progressé de 6%, tandis que les secteurs agricoles et industriels ont enregistré une croissance de 5,5% chacun. Ce qui fait que de septembre 2014 à septembre 2015, la valeur ajoutée générée par le secteur du BTPH est passée de 456,2 à 487,3 milliards de dinars, celle de l’agriculture de 443,6 à 490,4 milliards de dinars et celle de l’industrie de 213,02 à 223,6. Où est le problème ?
Zaid Zoheir

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