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Une activité théâtrale continue et accrue depuis près d’un siècle à Mostaganem

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La ville de Mostaganem est connue, depuis les premières années de l’indépendance, comme la capitale du théâtre algérien, en abritant l’un des plus anciens et prestigieux festivals du 4e Art sur les plans africain et arabe, le Festival national du théâtre amateur, fondé en 1967. L’idée d’organiser cette grande manifestation théâtrale dans cette ville des arts et de la culture n’est pas une simple coïncidence, car Mostaganem a été caractérisée par un mouvement théâtral très actif, bien avant les années 1930 du siècle dernier, notamment par les productions théâtrales faites à l’initiative de la zaouïa alaouia et son cheikh Ahmed Benmostefa El-Alaoui, au niveau du quartier de la basse souika. Cette activité théâtrale « des soufis et des saints » qui œuvrait à la sauvegarde de l’identité nationale et religieuse des habitants de la région a été dans la mire de l’administration coloniale française qui était consciente de l’influence du théâtre sur les habitants et la considérait comme une forme de résistance et une arme de prise de conscience. Le comédien et metteur en scène, Djamel Bensaber a indiqué que le début effectif de l’activité théâtrale à Mostaganem a eu lieu dans les années 1930 du siècle dernier avec la création du premier groupe de scouts, le groupe El Falah, dans l’illustre quartier de Tigditt, et qui a commencé à utiliser le théâtre comme une forme de militantisme et de sensibilisation des habitants. Après des années de travail, ce groupe a réussi à faire découvrir de nombreux talents dans l’écriture, la comédie et la mise en scène et a présenté plusieurs œuvres, notamment « mariage à l’amiable », « les meurtriers » de Si Djillali Mustapha Benabdelhalim qui a participé à créer une activité théâtrale au sein de l’association culturelle Saïdia en référence à Sidi Saïd dont le maqam est situé au centre ville de Mostaganem. Cette association était composée, au début des années 1950, d’hommes de théâtre et de musiciens. Son aile consacrée au théâtre a réussi à convaincre Ould Abderrahmane Kaki de rejoindre le jeune mouvement théâtral. Djamel Bensaber a rappelé que la troupe garagouz est ensuite née, sous l’impulsion de Kaki, mais elle activait secrètement dans la cave d’une maison, au quartier de Tigditt. La troupe a créé de nombreuses pièces, notamment « Fili », « Coban » et « Avant théâtre », des œuvres qui entraient dans le cadre du théâtre expérimental et éducatif. Ce travail a été couronné par la pièce « 132 ans », qui retrace l’histoire du combat du peuple algérien contre le colonialisme français, présentée le 31 octobre 1963 à l’occasion de la célébration du déclenchement de la guerre de libération nationale, en présence du défunt président Benbella et du leader tiers-mondiste Ernestro Che Guevara. D’autre part, le mouvement théâtral de Mostaganem a réussi à rallier à sa cause le grand dramaturge Mustapha Kateb qui a participé à la création un certain nombre de pièces, dont « le peuple de la nuit », « 132 ans » et bien d’autres. Le mouvement théâtral à Mostaganem a contribué, après le recouvrement de l’indépendance, à la fondation du Théâtre national algérien dans la capitale. La plupart des comédiens, metteurs en scène et dramaturges se sont déplacés à Alger mais, en même temps, l’activité théâtrale s’est poursuivie à Mostaganem à travers l’association culturelle Émir Abdelkader de Hadj Mekki. Ce dernier a présenté des œuvres jusqu’à la création du festival national de l’art dramatique, en 1967, qui deviendra par la suite le Festival national du théâtre Amateur, l’une des plus anciennes manifestations culturelles en Algérie et en Afrique. Par ailleurs, la période des années 1970 a connu la naissance de l’Association culturelle et théâtrale, El Ichara, qui s’est consacrée à la création de troupes théâtrales dans les différents quartiers de la ville de Mostaganem et a réussi à former sept associations de théâtre locales, notamment l’association El Moudja à Salamandre, qui active toujours actuellement, l’association Ould Abderrahmane Kaki et Djillali Benabdelhalim à Mostaganem, Mustapha Kateb à Stidia, Le masque bleu à Aïn-Tedles, La planche bleue et Le sens et le chant à Hadjadj, ainsi que Les amateurs du cinéma et du théâtre à Sidi Ali, entre autres aki, Si Djillali et les autres. Ould Abderrahmane Abdelkader dit Kaki (1934-1995) est considéré comme le père spirituel du théâtre à Mostaganem. Cet enfant de Tigditt a été au contact de l’art et de la culture dès sa tendre enfance et a rallié plusieurs associations et troupes théâtrales. Il a écrit son premier texte théâtral en 1953, rappelle l’ancien directeur technique du Festival national du théâtre amateur et vice-président de l’association, El Ichara, Mohamed Boudène. Kaki a bénéficié du patrimoine populaire et a créé la troupe garagouz, qui a travaillé dans le théâtre expérimental et produit un grand nombre de pièces dont « 132 ans », « Beni Kalboune », « Le peuple de la nuit », « Les vieux », « l’Afrique, An 1 », « Diwan El Garagouz », « El Guerrab wa Salhine », entre autres. Kaki a obtenu, tout au long de sa carrière, de nombreux prix, notamment le grand prix du premier festival maghrébin à Sfax (Tunisie) en 1963, ainsi que la médaille d’or du festival du théâtre expérimental en 1989 au Caire (Egypte) avec le grand dramaturge international Peter Brook. Aux côtés de Kaki, Si Djillali Benabdelhalim est considéré comme l’un des piliers du théâtre à Mostaganem. Né le 04 avril 1920 à Tigditt, il était connu pour ses sentiments nationalistes. Il a créé le groupe El Falah des Scouts musulmans algériens (SMA), puis a rejoint l’association Saïdia où il contribué à la découverte et à la formation de nombreux jeunes talents dans l’art dramatique, et ce jusqu’à la création du Festival national du théâtre, en 1967, qui a été la première manifestation culturelle consacrée au 4ème art en Algérie. Le Festival national du théâtre amateur a été fondé par Si Djillali Benabdelhalim en 1967 et activait sous la houlette des SMA. La première représentation théâtrale a été donnée le 1er septembre 1967, indique Mohamed Boudène, ajoutant que le Festival a permis la découverte de nombreux talents qui ont rejoint, par la suite, le théâtre professionnel, notamment durant la période 1967-1970, comme Mohamed Adar, Fatmouche Omar, Nacer Ali et autres. Après 1975, le Festival a été placé sous l’égide L’Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) jusqu’à 1991, date à laquelle fut créée l’Association Culturelle chargée d’organiser ce rendez-annuel, présidée par Ghali Kriri. En 2004, le commissariat du Festival a été mis en place et dirigé alors par Nouari Mohamed, qui sera remplacé par la suite par le comédien et metteur en scène Djamel Bensaber, puis Rachid Djerouro et enfin Mohamed Tekiret. Le nouveau théâtre régional qui sera inauguré, samedi soir, est considéré comme une forme de reconnaissance à tous ceux et celles qui ont milité et œuvré pour le développement et la promotion de l’art scénique dans cette région du pays. Cet édifice contribuera à présenter et à créer des travaux artistiques, enrichissant ainsi le riche répertoire national.

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