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Tuerie en Californie : un massacre organisé

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Douze engins explosifs ont été retrouvés au domicile de Syed Farook et de sa femme, qui ont tué 14 personnes mercredi. Leurs motivations restent opaques.
Pourquoi Syed Farook et sa femme Tashfeen Malik ont-ils fait irruption mercredi, lourdement armés, dans un bâtiment des services sociaux de San Bernardino, où se déroulait une fête de fin d’année, après avoir laissé leur bébé à sa grand-mère ? Les autorités américaines se refusent à parler de terrorisme, mais dressent jeudi le portrait d’un carnage prémédité : le couple qui a tué 14 personnes en Californie disposait d’un arsenal colossal de munitions et semble avoir prémédité son acte : douze engins explosifs artisanaux ont été retrouvés au domicile du couple, ainsi qu’environ 5 000 cartouches de fusils d’assaut, a énuméré Jarrod Burguan, le chef de la police locale, lors d’une conférence de presse. Trois autres engins explosifs artisanaux reliés entre eux et actionnables à distance, mais qui n’ont pas explosé, ont aussi été retrouvés dans le bâtiment visé par les tueurs.
«Il serait irresponsable à ce stade de parler de terrorisme», mais «il semble qu’ils menaient une mission» dont l’objectif reste à déterminer, a commenté David Bowdich, l’un des responsables du FBI, lors de la conférence de presse. Des témoignages mentionnés par la police laissent entendre que le motif pourrait être lié à une dispute sur le lieu de travail d’un des suspects, employé des services de santé de San Bernardino, la ville californienne où a eu lieu le carnage. Jarrod Burguan a toutefois remarqué que le couple «était clairement préparé, personne ne s’énerve à une fête (de bureau) et n’intervient avec quelque chose d’aussi élaboré».
Les deux époux ont ouvert le feu sur les collègues de Farook, faisant également 17 blessés. Le couple a été tué plus tard par les policiers à bord du 4×4 utilisé dans sa fuite.
L’homme et la femme, âgés respectivement de 28 et 27 ans, semblaient pourtant vivre le «rêve américain». Ils avaient une petite fille de six mois qu’ils avaient confiée à la mère de Syed Farook en début de journée au prétexte d’un rendez-vous médical, selon un beau-frère du jeune homme.

Une vie stable
Farook, de nationalité américaine, avait travaillé comme expert sanitaire pour les services de santé de San Bernardino, une ville située à l’est de Los Angeles. Ce sont ces employés – ses collègues – qui étaient réunis mardi pour ce déjeuner festif durant lequel une dispute a éclaté, à la suite de laquelle Syed Farook aurait quitté les lieux pour revenir plus tard avec son épouse perpétrer le massacre.
Le premier était un fervent musulman, selon son père, la famille étant originaire du Pakistan. La femme, musulmane également, était née au Pakistan et a vécu en Arabie saoudite, où elle aurait été présentée à Farook. «La famille semblait pratiquer une religion modérée, c’est-à-dire de façon sérieuse mais sans montrer de signes de fanatisme, d’extrémisme, d’après ce que je peux dire en ayant rencontré un de leurs membres», a déclaré à la radio publique NPR Hussam Ayloush, un responsable du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) de Los Angeles. Mariés depuis deux ans, ils semblaient profiter d’une vie stable, Farook ayant une bonne situation professionnelle.

«Des éléments symptomatiques»
Alors qu’aucun lien n’a encore été établi par les autorités avec une quelconque idéologie ou religion, la communauté musulmane de Californie a, en tout cas, fermement condamné la fusillade.
«Pourquoi a-t-il fait une chose pareille? Je n’en ai aucune idée», a dit un beau-frère de Syed Farook, Farhan Khan, dans une conférence de presse mercredi soir. «Je suis choqué», a-t-il ajouté.
Les investigations ciblaient aussi les circonstances de l’attaque, avec au moins deux théâtres criminels confiés à la police scientifique. «Sous un certain angle, il s’agit d’un employé frustré qui s’est rendu à une fête et a pété les plombs», commente Shawn Henry, un ancien responsable du FBI. «Sous un autre angle, on est frappés par des signes faisant penser à du terrorisme.» Et d’expliquer : «Quand on s’interroge pour savoir s’il s’agit ou non de terrorisme, il faut analyser le mode opératoire. Ici, ils avaient des fusils d’assaut, ils avaient des gilets pare-balles, ils avaient des engins explosifs. Ce sont des éléments symptomatiques.»

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