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Tentative de chantage ou manipulation : la ténébreuse affaire des journalistes Laurent-Graciet

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Une ténébreuse affaire comme sait en monter le Maroc vient d’ébranler le monde de l’édition en France et celui des medias . Deux journalistes d’investigation Catherine Graciet et Eric Laurent auraient tenté de faire chanter le monarque marocain à travers un livre a paraître à l’automne avec des révélations conséquentes. Ces deux journalistes sont déjà les auteurs d’un livre sur le souverain marocain « Le Roi Prédateur » où ils démontrent à travers une enquête ousséeé comment M6 fait main basse sur le Maroc et a doublé la fortune colossale héritée de son père . Le premier journaliste mis en cause Eric Laurent « reconnaît » et « assume avoir consenti à rechercher un accord financier dans des conditions totalement étrangères à un chantage ou une extorsion de fonds », a indiqué son avocat Me William Bourdon, dont le client dénonce un « traquenard » de Rabat. S’il confirme un «deal financier dans un contexte très troublant», Me Eric Moutet, avocat de Catherine Graciet, estime que l’avocat mandaté par le roi a « piégé les journalistes par des enregistrements sauvages ». « L’instruction ne fait que débuter. En attendant, nous avons retracé les principales étapes de cette rocambolesque affaire». Selon les faits connus à ce jour et recueillis par la presse dominicale parisienne, le premier contact a eu lieu au téléphone, quand le 23 juillet, Eric Laurent appelle depuis la France le cabinet royal marocain. Le journaliste qui avait commis dans le temps un livre d’entretiens avec le défunt Hassan II souhaite parler au secrétaire particulier de Mohammed VI, qui a la main sur toutes les affaires réservées du Palais. Quatre jours plus tard, Eric Laurent retente sa chance, soutenant que c’est très important et grave. En substance, il veut s’entretenir avec un interlocuteur haut placé. Approche réussie. Un avocat d’affaires du barreau de Rabat est désigné pour « aller à la pêche aux infos ». Rendez-vous est fixé avec Eric Laurent, le 11 août à Paris. L’avocat marocain et le journaliste français se retrouvent à l’hôtel Royal Monceau, choisi par l’émissaire du roi. Les deux hommes, qui ne se sont jamais vus, se téléphonent et se rejoignent au bar du palace de l’avenue Hoche. Eric Laurent explique en substance qu’il détient des informations extraordinaires et évoque pour la première fois le projet de livre sur le roi du Maroc. Quand il en parle, le journaliste dit « nous », car il associe Catherine Graciet au projet, et laisse entendre qu’il y aura un deuxième, voire un troisième opus… L’avocat, qui enregistre discrètement toute leur conversation, demande si le tandem formé par le fin connaisseur du régime chérifien et sa consœur décrite comme mordante et tenace a commencé à rédiger l’ouvrage. Il s’entend dire que les auteurs ont rassemblé la documentation, qu’ils détiennent des pièces, mais qu’il n’en verra pas la couleur au nom de la protection des sources. Eric Laurent, comme l’a révélé Me Eric Dupond-Moretti, un des avocats du monarque marocain , va chiffrer à 3 M€ le prix de la non-publication du brûlot à paraître. Le Palais Royal décide de dénoncer cette présumée tentative de chantage et d’extorsion de fonds et porte plainte à Paris le 20 août. Le parquet ouvre une enquête préliminaire. Le 21, l’émissaire et Eric Laurent se retrouvent au Royal Monceau. Cette fois, des policiers français ne sont pas loin et surveillent la scène. L’avocat, briefé par les enquêteurs, enregistre tous les échanges avec son smartphone.

« Eric Laurent s’est un peu fait mousser en citant le nom de quelques personnalités politiques, mais il a peu ou prou raconté le même baratin », résume une source proche du dossier. à un moment, le journaliste appelle Catherine Graciet pour fixer le prochain rendez-vous. Ce sera le dernier. Le 27 août, les deux journalistes et l’émissaire du roi étaient convenus de se voir au Peninsula. Finalement, Catherine Graciet change d’avis et propose le Raphael. Le trio engage la conversation au bar. Des policiers les épient depuis le local de vidéosurveillance du palace. Méfiante, la journaliste demande à l’avocat marocain de ranger son téléphone portable au moment où ils abordent les modalités de paiement. Ce dernier le réactivera discrètement dans la poche poitrine de sa veste. Les négociations se prolongent. Catherine Graciet rédige le fameux document, où les deux journalistes s’engagent à ne plus jamais publier quoi que ce soit sur le Maroc et le royaume. Les policiers français n’ont plus qu’à cueillir les deux maîtres-chanteurs présumés, avec leurs acomptes de 40 000 € sur les 2 M€ qu’ils espéraient toucher. Au déla de la gravité de cette affaire il faut tout de même rappeler que le Royaume du Maroc a l’habitude de mettre la main à la caisse pour mensualiser des journalistes défendant sa thèse d’occupation coloniale du Sahara occidental et pour s’attaquer à l’Algérie, selon les révélations du hacker Chris Coleman.
D’autres révélations du célèbre écrivain Gilles Perrault qui dénonçait dans un livre célèbre les pratiques de feu Hassan II mettent en relief les pratiques de la monarchie marocaine . « «Au lendemain de la publication de “Notre ami le roi”, Driss Basri, alors tout-puissant ministre de l’Intérieur, s’est rendu sur le champ en France pour rencontrer Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, et lui a signifié le mécontentement de Hassan II. D’après ce que m’a rapporté Joxe en personne, Driss Basri voulait interrompre la commercialisation du livre. Il lui a signifié que, en contre-partie, l’État marocain était prêt à proposer un dédommagement considérable à l’éditeur, mais aussi à l’auteur », témoigne Gilles Perrault. «Si ma mémoire est bonne, il était question de cinq milliards de francs anciens, soit l’équivalent aujourd’hui de deux ou trois millions d’euros. Ça ne s’est pas arrêté là. D’après les rumeurs de l’époque, le pouvoir marocain aurait acheté le livre en grandes quantités dans les librairies françaises. Mais cela ne pouvait pas servir à grand-chose, puisque l’éditeur pouvait en imprimer autant qu’il le voulait très rapidement. Un livre qui fut un best seller vendu a plus de 300 000 exemplaires et qui explique quelque peu la machination dans laquelle sont tombés Eric Laurent et Catherine Graciet , qui ont cru vouloir « dîner avec le diable sans longue cuillère »
M. B.

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