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Syrie : 20 civils tués dans des frappes du régime sur Idleb

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Au moins 20 civils, dont trois secouristes à bord d’une ambulance et huit enfants, ont été tués jeudi dans des bombardements du régime sur la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie, cible de frappes quasi quotidiennes depuis près de deux mois.

Dans des secteurs de la province de Hama, voisine de celle d’Idleb, des dizaines de combattants ont péri dans des affrontements opposant forces progouvernementales à des jihadistes et des rebelles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Le régime de Bachar al-Assad et son allié russe ont intensifié depuis fin avril leurs bombardements sur la région d’Idleb et des zones adjacentes dans les provinces limitrophes d’Alep, de Hama et de Lattaquié, des territoires dominés par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les bombardements ont tué 20 civils dont huit enfants dans la province d’Idleb. Ils ont visé une ambulance à Maaret al-Noomane, une localité de la province, tuant trois secouristes, a ajouté l’ONG. «L’ambulance a été délibérément visée», a dit Fouad Issa, l’un des responsables de l’ONG Benefsej, propriétaire du véhicule. Il a confirmé la mort des trois secouristes et celle d’une femme transportée dans l’ambulance. Dans un communiqué, Benefsej a dénoncé une «violation du droit humanitaire international». Arrivé sur place, un photographe de l’AFP a vu des secouristes portant un collègue blessé et la carcasse de l’ambulance. La veille, 17 civils ont péri dans des bombardements du régime, dont 12 lors d’une frappe aérienne sur un village du sud de la province d’Idleb, contrôlée en majorité par HTS.

«Prix horrible»
Frontalière de la Turquie, la région d’Idleb fait l’objet d’un accord conclu en septembre 2018 entre Ankara, parrain des rebelles, et Moscou, censé créer une «zone démilitarisée» afin de séparer les territoires contrôlés par les insurgés et les jihadistes des zones gouvernementales. Mais les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS) refusent de se retirer de la «zone démilitarisée» et l’accord n’a jamais été appliqué dans son intégralité. Les Nations unies ont averti que l’escalade dans la région d’Idleb, où vivent trois millions de personnes, pourrait provoquer l’une des pires catastrophes humanitaires depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. D’après l’OSDH, les bombardements du régime et de l’allié russe ont tué plus de 400 civils depuis fin avril. Plus de 23 hôpitaux et une ambulance ont été frappés et environ 330.000 personnes ont fui leurs foyers, selon l’ONU. Mardi, le patron de l’ONU Antonio Guterres a appelé Ankara et Moscou à «stabiliser la situation», déplorant que la population paie «un prix horrible». Dans le nord de la province de Hama, au moins 27 jihadistes et rebelles ainsi que 31 membres des forces prorégime ont été tués jeudi dans des combats, selon l’OSDH. Depuis mardi, près de 150 combattants ont péri dans les accrochages, a précisé l’ONG.

«Droit légitime»
Le régime n’a pas annoncé une offensive à proprement parler contre HTS à Idleb, mais il poursuit ses bombardements intenses et livre des combats au sol, grignotant des zones dans la région. Avec l’appui de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais, le régime Assad a réussi à reprendre près de 60% du territoire depuis fin 2015. Cette semaine, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a de nouveau affirmé que le régime reprendrait le contrôle de la région d’Idleb, un «droit légitime». Des analystes estiment toutefois qu’une offensive de grande ampleur n’est pas à craindre dans l’immédiat. Pour l’analyste Sam Heller, du centre de réflexion International Crisis Group, Damas et Moscou cherchent à sécuriser les secteurs prorégime et une base aérienne russe à l’ouest de d’Idleb, ainsi qu’à faire pression sur Ankara en vue d’une application de l’accord sur la «zone démilitarisée». Dans la province d’Idleb, le régime tient des secteurs dans le sud. Les forces turques ont elles des postes d’observation dans les zones sous contrôle des jihadistes. Les forces russes tiennent des postes d’observation dans les territoires du régime limitrophes de la province, d’après l’OSDH. Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés.

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