L’Algérie s’apprête à accueillir un grand évènement. Plutôt deux. Le 31e Sommet de la Ligue arabe sera tenu à Alger les 1er et 2 novembre 2022. Un sommet qui ne s’est pas tenu depuis trois ans. Mais avant ce grand rendez-vous, Alger abritera également un dialogue inter-palestinien le 11 et le 12 du mois en cours pour tenter d’arracher une réconciliation entre les différentes factions palestiniennes. De gros espoirs reposent sur ces deux évènements rassembleurs. Abordant le sommet de la Ligue arabe, lors de la présentation de la Déclaration de politique générale du Gouvernement devant les membres de l’Assemblée populaire nationale, dans le volet relatif à la politique étrangère, le Premier ministre Aïmène Benabderrahmane a assuré que toutes les conditions sont réunies pour la réussite de cet important rendezvous.
LA QUESTION PALESTINIENNE AU CŒUR DU RENDEZ-VOUS
Le sommet arabe d’Alger « devrait consolider les valeurs communes et la solidarité arabe, consacrer le caractère central de la cause palestinienne et mettre à jour l’initiative arabe de paix de 2002 », a souligné le Premier ministre, ajoutant que « l’Algérie a œuvré de manière efficace à la refondation de l’action arabe commune » grâce à « la réunion des conditions optimales » pour le succès de ce rendez-vous. Il faut aussi dire que la réussite de la tenue de cet évènement important pour le devenir des pays membres et son succès sont le fruit d’un travail de longue haleine. Alger a pesé de tout son poids pour le faire aboutir. L’Algérie a fait un parcours de combattant pour y arriver car il a fallu sillonner les capitales arabes pour convaincre, rassurer, mais surtout arrêter ensemble un ordre du jour pas trop fâchant pour les pays membres. Les dirigeants des pays arabes regardaient rarement dans la même direction. Comme l’atteste les différents conflits armés sur leurs territoires et autres alliances des uns contre les autres. En plus des relations qu’entretiennent certains pays arabes avec Israël, alors que l’Algérie a toujours refusé et dénoncé la normalisation avec l’État hébreu.
DES MANŒUVRES MALSAINES POUR SAPER LE TRAVAIL D’ALGER
Il faut noter, dans ce chapitre que le succès de cet évènement n’est pas du goût de certains lobbies américains et le Maroc qui s’activent énergiquement pour saper les efforts d’Alger pour la réussite de ce rendez-vous. Des manœuvres malsaines qui n’ont pas échappé à la diplomatie algérienne. « Il y a ceux qui travaillent à saper le prochain Sommet arabe. Il n’y a plus de masques. Tout le monde est retourné dans son camp où il travaille. Mais nous allons œuvrer à rassembler les Arabes autour de dénominateurs communs sur lesquels nous sommes d’accord », avait déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une interview accordée au journal Al-Quds AlArabi, basé à Londres, en janvier 2022. Mais Alger dispose d’atouts pour mener le bateau à bon port. L’Algérie est très respectée sur le plan international en raison de son histoire glorieuse, mais aussi et surtout, à cause de ses positions et son soutien indéniable aux causes justes. Sa politique étrangère basée sur la non-ingérence dans les affaires internes des pays souverains et sa préférence pour la résolution des conflits par les voies diplomatiques et le dialogue, ont fait d’elle un pays « respecté» à travers le monde. Intervenant mardi sur les ondes de la Chaîne 3, Mohamed Henni, député et membre de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale populaire, est plutôt confiant sur la réussite de cette rencontre interarabe. « Le sommet arabe d’Alger sera une réussite et une réponse aux détracteurs de l’Algérie qui doutent de sa capacité d’organiser un sommet aussi important » dans le contexte international actuel, a déclaré l’élu sur cette question. « La diplomatie algérienne, qui œuvre pour la paix et la stabilité dans plusieurs régions du monde, dérange certaines parties, notamment à travers la constance de ses positions, dont le principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays », a-t-il ajouté. Quelques jours plutôt, c’était Le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheït, qui avait exprimé son vœu de voir la rencontre d’Alger réussie car, estime –t-il encore, elle constitue un «tournant décisif» dans l’action arabe commune et «consacrer l’unité et la cohésion». «Nous sommes confiants en prévision du prochain Sommet prévu en Algérie en novembre. Nous prions Allah qu’il puisse constituer un tournant décisif dans l’histoire de l’action arabe commune, consacrer l’unité et la cohésion, et être l’expression authentique de l’opinion publique de nos pays arabes qui souhaite voir ses dirigeants unis et leur position unifiée», a indiqué Abou Gheit lors de la 158e session du Conseil de la Ligue arabe, tenue au niveau des ministres des Affaires étrangères.
LA RÉCONCILIATION PALESTINIENNE D’ABORD
Pour la réconciliation entre les différentes factions palestiniennes, elle est désormais possible depuis notamment cette «fameuse» poignée de main à Alger le 5 juillet dernier entre le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh. Une rencontre qualifiée d’ailleurs d’historique. Et la rencontre prévue le 11 et le 12 octobre prochain n’est qu’une suite logique à cet évènement. Wassel Abou Youssef, membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), cité par la presse, a révélé que l’Algérie a commencé à envoyer des invitations aux factions palestiniennes pour prendre part à la table ronde de dialogue sur la réconciliation inter-palestinienne. En tout 14 factions palestiniennes ont déjà reçu les invitations, selon la même source. Cette information est confirmée par Issam Abu Daqqa du Front démocratique de la libération de la Palestine (Fdlp). «Les factions palestiniennes ont été invitées à participer à la table ronde de dialogue qui débutera le 11 de ce mois», a-t-il assuré, en confirmant la présence de ses factions au rendez-vous d’Alger. «Toutes les factions répondront à l’appel des frères algériens, au vu de son importance actuelle et surtout à la lumière des défis auxquels est confrontée la cause palestinienne», a-t-il dit à ce sujet. De son côté, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a révélé, lundi, lors d’un Conseil du gouvernement que les factions palestiniennes, dont l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Hamas et le Djihad islamique, se réuniront bientôt en Algérie «pour mettre fin à la division palestinienne». Il faut souligner que chacune des factions palestiniennes a présenté sa vision et les moyens d’assurer le succès de la réconciliation palestinienne. «l’Algérie présentera un document à tout le monde à la lumière de ce que les dirigeants algériens ont reçu des factions palestiniennes concernant leur vision de mettre fin à la division» a fait savoir, de son côté , Azzam Al-Ahmad, membre des comités exécutifs de l’OLP et du comité central du Fatah. La réussite de ces deux rendez-vous importants est d’une importance capitale pour la diplomatie algérienne. Elle constitue à la fois un exploit pour l’Algérie et une gifle pour ses ennemis et détracteurs, à commencer par le Maroc, son allié sioniste et autres lobbies étrangers hostiles.
Brahim Oubellil
