Pratiquement en fin de carrière, Younes Sofiane a réussi à remporter le sacre africain avec l’ESS et que l’Algérie attendait depuis longtemps. C’est une belle récompense pour un remarquable attaquant aux dribbles chaloupés et qui a été décisif en finale grâce à ses deux buts ( l’un au Congo et l’autre à Blida). En tout cas les dirigeants sétifiens ont eu le nez fin en le recrutant cette saison et nul doute qu’il peut encore leur donner d’autres satisfactions. Entretien avec le nouvel héros sétifien.
Le Courrier d’Algérie : À quoi avez-vous pensé en brandissant ce trophée de la champions League ?
Sofiane Younès : J’ai surtout pensé à ma famille et aux amis
Qui en particulier ?
Surtout les parents en premier lieu, parce qu’ils m’ont soutenu et j’ai pensé aussi à mes enfants. Puis tout le parcours dans cette compétition est revenu à la surface. On a souffert et on s’est sacrifié et finalement on a été bien récompensé.
C’est aussi une belle revanche personnelle sur certains entraineurs avec lesquels vous aviez eu des problèmes ?
Non, je ne suis pas un revanchard et dans ces moments de joie, je préfère marquer les bons souvenirs.
Vous laissez ces entraîneurs à leur conscience ?
Non, dans le football, il arrive que des joueurs n’entrent pas dans le système de jeu de tel ou tel entraîneur. Dieu merci, j’ai toujours essayé d’être un bon professionnel et cette récompense est méritée.
Et ce sacre a coïncidé avec le 60e anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne ?
C’est pour cela que nous étions doublement heureux. On n’avait pas le droit d’échouer, non seulement pour le public algérien mais aussi pour honorer la mémoire de nos chouhada.
Quand on gagne un tel trophée, est-ce qu’on peut rêver d’autres titres ?
Oui, bien sûr. On s’est retrempé dans l’ambiance de notre championnat et le fête a été de courte durée.
Mais il y a cette Coupe du monde des clubs ?
On a le temps d’y penser puisque elle va débuter dans un mois environ.
Vous affronterez le vainqueur de Duckland de la nouvelle Zélande et Tetouan du Maroc. C’est jouable ?
En football, tout est possible. Si on est bien préparé, on peut aller loin dans cette compétition.
Est-ce que vous rêvez d’affronter le grand Real Madrid ?
Pour le moment, je n’y pense pas du tout. Je savoure encore cette victoire en coupe d’Afrique et il faut penser au championnat.
C’est difficile de se re concentrer en championnat après avoir atteint le sommet de l’Afrique ?
Oui, c’est très difficile parce que ce n’est pas la même compétition et la motivation est différente. Maintenant qu’on est champion d’Afrique on est l’équipe à battre et il nous faudra un peu de temps pour nous reconnecter au championnat.
Mais est-ce que vous avez encore faim pour viser le titre de champion d’Algérie ?
Bien sûr. Il ne faut pas oublier que nous occupons la dernière place avec quatre rencontres en retard il est vrai, mais cela exerce une autre pression sur nous parce que nous devons remonter au classement et oublier petit à petit ce titre africain parce que nos adversaires ne nous feront pas de cadeaux. En plus, l’ESS doit jouer le haut du tableau.
Vous avez été très décisif dans cette Coupe d’Afrique gràce à votre expérience et vos buts en finale. Les dirigeant sétifiens ont eu le nez fin en vous recrutant ?
J’ai répondu présent. On m’a recruté à Sétif surtout pour cette champions League africaine et il fallait bien que je me montre à la hauteur. J’ai apporté mon expérience et j’ai même pu marquer du pied gauche à Blida, ce qui est vraiment rare chez moi.
Vous avez fait pratiquement le tour des clubs algérois. À quelle équipe pourriez-vous dédier le trophée africain ?
Je l’ai dédié à tous les clubs où je suis passé eu l’occurrence le MCA, l’USMH, le CRB et la JSK. En ce qui concerne les entraîneurs, je ne veux pas citer de noms pour ne pas froisser les autres techniciens.
À propos de la JSK où vous avez passé près de deux ans, quel est votre avis sur les malheurs qui se sont abattus sur cette équipe ?
Depuis près de huit ans, la JSK se débattait dans des problèmes internes et la mort d’Ebossé n’a fait qu’envenimer la situation. Le plus grande catastrophe c’était le décès de cet attaquant Caméronais plus que les sanctions qui ont suivi.
Pensez-vous que la JSK pourra relevez la tête ?
Oui, j’en suis persuadé, pence que la JSK est un grand club. Il faudra du temps pour qu’elle se remette mais elle ne mourra jamais.
Quelle est la différence entre le président sétifien, Hacen Hammar et Moh-Chérif Hannachi, le Boss Kabyle ?
Non, je ne me laisserais pas entrainer sur ce terrain des comparaisons.
Et pourtant, vous pouvez le faire puisque vous les avez connus tous les deux ?
Mais je n’aime pas comparer les gens. Chaque président a ses propres qualités et ses défauts. En tout cas, tous les présidents que j’ai connus étaient des personnes qui aimaient leur club avec passion.
Hannachi a déclaré qu’il faisait signer les joueurs autour d’un bon couscous en les payant sur le coup. Ce fut votre cas ?
C’était au cas par cas. Cela dépendait des joueurs qu’il recrutait.
Après trente-trois ans et après une telle carrière, est-ce que vous avez des regrets ?
Je ne sais pas, non je n’ai pas de regrets.
Peut-être celui de ne pas avoir duré en sélection nationale ?
À l’époque l’équipe nationale n’était pas la même et n’avait pas les mêmes conditions. Il y avait peu de moyens. Aujourd’hui, l’État a mis le paquet et Raouraoua a accompli un travail considérable au niveau de la FAF.
Vous auriez pu apporter quelque chose à l’EN ?
À vingt-quatre ans, j’avais un très bon niveau et j’aurais pu intégrer l’EN parce que c’est une sélection et il faut faire appel aux meilleurs. J’estime qu’à l’époque j’étais parmi les meilleurs, mais hélas, on ne m’a pas appelé. Ce n’est que plus tard qu’on a fait appel à moi, mais c’était un peu trop tard.
Vous avez passé six années au Mouloudia d’Alger. Avez-vous un avis sur les problèmes chroniques qui affectent ce club ?
Le problème au Mouloudia, ce sont les dirigeants. C’est un club qui a beaucoup d’argent, mais la gestion est confiée aux supporters. Il y a d’ailleurs des personnes étrangères au club qui s’immiscent dans les affaires du club et cela n’est pas normal du tout.
Il faudrait une gestion à la sétifienne ?
Peut-être, mais même avec tout l’argent du monde, le Mouloudia ne peut pas s’en sortir s’il n’y a pas un changement dans la gestion du club.
Après le sacre africain, on a constaté que vous êtes harcelé par les médias. Comment gérez-vous cette pression médiatique ?
Personnellement, j’ai l’habitude et quand j’évolue dans un climat de confiance tel qu’il existe à Sétif avec le coach et le président la pression médiatique est facile à gérer.
Ca ne vous ennuie pas d’être autant sollicité ?
Non, à condition que cela ne soit pas pendant les entraînements ou lors des périodes de concentration. À Sétif, les journalistes sont près du club et ils ont tendance même à le protéger.
Propos recueuillis par Salah-Eddine B.