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SES TRAVAUX CONTINUENT D’INSPIRER DES ACTEURS ET CHERCHEURS À TRAVERS LE MONDE : Frantz Fanon, grand penseur des luttes anticoloniales

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Frantz Fanon est décédé il y a 50 ans, le 6 décembre 1961. Né Martiniquais et mort Algérien, médecin psychiatre, il a consacré sa courte vie (36 ans) à la cause de la lutte anticoloniale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le plus célèbre reste Les Damnés de la terre.

Atteint d’une leucémie, il se fait soigner à Moscou, puis, en octobre 1961, à Washington où il meurt le 6 décembre 1961 à l’âge de 36 ans, quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie. Sa dépouille est inhumée au cimetière des « Chouhada », cimetière des martyrs de la révolution algérienne contre le colonialisme français, près de la frontière algéro-tunisienne, dans la commune d’Aïn Kerma de la wilaya d’El-Tarf. Dans ses livres les plus connus, il analyse le processus de décolonisation sous les angles sociologique, philosophique et psychiatrique. Il a également écrit des articles importants dans sa discipline, la psychiatrie. Il rédige Peau noire, masques blancs, dénonciation du racisme et de la « colonisation linguistique ». Frantz Fanon évoquera à de multiples reprises le racisme dont il se sent victime dans les milieux intellectuels parisiens, affirmant que « le sud-américain est pour le nègre un doux pays à côté des cafés de Saint-Germain ». Sa volonté de désaliénation et décolonisation du milieu psychiatrique algérien s’oppose de front aux thèses de l’École d’Alger d’Antoine Porot, au service de l’empire colonial français. Frantz Fanon a ébranlé, par sa pensée et ses analyses, à ce jour d’actualité, les thèses d’Antoine Porot et d’autres, qui évoquaient le colonisé, « hâbleur, menteur, voleur et fainéant le nord-africain musulman se définit comme un débile hystérique, sujet de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles » et aussi « l’indigène nord-africain, dont le cortex cérébal est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale ». Pis encore « l’Algérien n’a pas de cortex, ou, pour être plus précis, il est dominé, comme chez les vertébrés inférieurs, par l’activité du diencéphale ». Pour Fanon, c’est bien plutôt « la colonisation qui entraîne une dépersonnalisation, qui fait de l’homme colonisé un être infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné ». Et pour renverser l’ordre colonial, dès le début du déclenchement de la révolution algérienne, 1er novembre 1954, en Frantz Fanon sans hésitation s’engage auprès de la résistance nationaliste et noue des contacts avec des officiers de l’Armée de libération nationale ainsi qu’avec la direction politique du FLN, dont l’architecte du Congrès de Soummam, le défunt martyr Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda en particulier. Il remet au gouverneur sanguinaire Robert Lacoste sa démission de médecin-chef de l’hôpital de Blida-Joinville en novembre 1956 et la sanction des autorités française ne tarda pas à tomber et décide son expulsion de l’Algérie en janvier 1957, pensant ainsi mettre fin au souffle de Frantz Fanon dans son combat pour l’indépendance de l’Algérie. Frantz Fanon devient en France, le philosophe et le spécialiste de la psychiatrie « maudit » et son travail éminent atteint les quatre coins de la terre est occulté par la France coloniale en raison de son engagement dans la révolution algérienne et surtout pour sa condamnation radicale du colonialisme français. En dévoilant le caractère racial au fondement du système colonial, Fanon n’a pas seulement gêné le républicanisme d’une France qui se disait non raciste mais l’a bouleversé, comme l’a bouleversé la révolution algérienne de 1er novembre 1954. Fanon a fait tomber le masque de cette république érigé en empire colonial déniant les droits à des peuples, dont algérien au motif de leur « race dite inférieure ». Par son engagement, son travail et ses pensées et analyses, Frantz Fanon a fait tomber le masque « du colonialisme civilisateur » qui derrière lui et en son nom des massacres et des génocides ont été perpétrés, durant un siècle contre le peuple algérien.
Karima Bennour

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