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Sahli répond à Menasra : «le gouvernement devra être constitué de ministres partisans»

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Des ministres partisans est la meilleure solution pour doter le pouvoir d’une base politique et d’un élargissement de ses prérogatives. Les propos sont de Belkacem Sahli, président de l’ANR, tenus lors de la rencontre avec la presse, organisée hier à Clairval, dans le cadre de la présentation du Plan d’action de l’année 2016.

Ils sonnent comme une réplique à Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, tenus mercredi passé lors d’une conférence de presse célébrant le quatrième anniversaire de la création du parti. Bien que le pouvoir n’en ait jamais parlé, sauf hier, où une source à la présidence citée par l’APS, infirme qu’il n’y ait ni démission du Premier ministre, AbdelMalek Sellal, ni remaniement du gouvernement, celui-ci, pour des raisons certaines de positionnement des uns et des autres, à l’horizon d’échéances électorales, législatives en 2017 et présidentielles en 2019, figure en bonne place dans les discours des hommes politiques, qui se tirent à boulets rouges par presse interposée. Pour Sahli, l’élargissement du gouvernement est devenu une nécessité, notamment depuis l’adoption de la Constitution. La meilleure option possible est de maintenir les ministres partisans, représentants de trois partis, et ce afin que le pouvoir ait une assise politique. De préférence, la politique de rajeunissement doit être de mise dans l’opération en question, plaide-t-il. Il semblerait que le président de l’ANR, fort de son expérience, maintes fois mise en relief, d’avoir contribué à l’enrichissement de la Constitution à hauteur de 70%, par des propositions engageant l’avenir du pays, veuille apporter son grain de sel à la nomination des ministres. Toutefois, sans les citer, il reproche à quelques membres du gouvernement de faire l’amalgame entre leurs casquettes partisanes et leurs missions de commis de l’état. « Au sein du gouvernement, ils devaient raisonner comme étant membres, donc appelés à défendre le programme de l’état et veiller à son application», s’indigne-t-il. Ces propos démontrent, si l’on est, les propensions du parti à devenir critique quand cela devient nécessaire. Mais d’une manière, quand même, sommaire, qui mériterait d’être davantage clarifiée. Le conférencier en appelle à la constitution de deux blocs, l’un représentant l’opposition, l’autre les soutiens au régime. L’idée, selon lui, permettra d’assoir une cohérence dans les propos et la démarche, et garantira à l’opinion, une meilleure compréhension des enjeux futurs de la Nation.
Durant toutes les rencontres médiatiques, l’ANR ne rate une occasion pour fustiger l’opposition, notamment dans les critiques que celles-ci ait adressé à la Constitution, lui rappelant, une fois encore, que celle-ci s’inscrit dans le cadre des réformes enclenchées en 2011, dont elle est un supplément de taille qui a mis fin à un musellement des libertés ayant caractérisé toute une décennie, de 1999 à 2010. Sa caractéristique première n’est autre qu’elle soit consensuelle, comme l’attestent les moult discussions qu’a présidées, à tour de rôle, Abdelkader Bensalah, Abdelmalek Sellal et, enfin, Ahmed Ouyahia, dans le but de l’enrichir. Ce qui fut chose faite, indique l’orateur, ce que l’atteste la révision du nombre des textes, qui étaient 47 initialement, ils ont atteint les 112 textes.
Mais cette fois-ci, il semble aussi d’accord avec elle sur le fait que le texte fondamental du pays devait être renforcé par des textes d’application, pour pouvoir en jauger de son utilité pour le pays et les générations futures. «Oui, ce n’est qu’un papier, je suis d’accord. Tous les pays ont entrepris leur essor dans différents domaines à travers un bout de papier, qu’ils ont progressivement renforcé par une assise juridique.». Sur ce, il s’enflamme, «faisons, donc, cause commune, dans le cadre d’ateliers nationaux intervenant dans l’après-Constitution, pour apporter les modifications nécessaires à 30 jusqu’à 35 lois, et donnons-nous délai, pour la finalisation escomptée, en 2017».

Année 2017, l’an I de la transition
2017 est l’année des législatives, dont le parti s’y prépare comme d’autres formations politiques. Mais aussi l’an que Sahli considère comme fatal pour le pays, en raison de l’assèchement des ressources financières issues des recettes pétrolières. Ce sera l’année des défis économiques. Donc, ce serait, à ses yeux, une année charnière, déterminante pour le basculement vers une Economie non plus dépendante des Hydrocarbures, car coïncidant avec l’épuisement des réserves de change. L’année sera aussi celle qui devait présider à une «renaissance» sociale, que traduiront le renforcement de la concertation, la promotion de l’action de la société civile et l’ancrage de la citoyenneté. «Une société civile, non celle qui fait allégeance au pouvoir, mais qui reflète réellement les aspirations populaires et tentent d’y répondre avec le concours des pouvoirs publics», tien-il à nuancer.
«Ce qui vous divise, nous importe peu. C’est ce qui vous a uni, qui compte le plus». C’est en ces termes que Sahli a synthétisé le traitement devant prévaloir de l’affaire des Symboles de la révolution, jetés en pâture ces derniers, et s’humiliant les uns les autres dans les esplanades médiatiques. Pour renforcer ses propos, il fera sienne le message lu par le président de la République, lors de la célébration de la Journée du Chahid coïncidant avec le 18 février. Le ton devait être à l’apaisement et à ressouder les liens. Au passage, il louera le déplacement du ministre de Moudjahidine, Tayeb Zitouni, en France, appelant à faire le distinguo entre la France coloniale, vis-à-vis de laquelle on n’ pas besoin de constitutionnaliser aucun texte la criminalisant, le fait de s’en rappeler et de l’appeler ainsi suffit amplement ; la France populaire ou sociétale, sur laquelle on peut s’adosser, et sur son peuple qui n’est tous favorable à la colonisation, pour faire pression sur le gouvernement pour changer d’orientation ; et la France officielle avec laquelle on devra tisser des liens où l’intérêt mutuel prime sur tout autre considération.

«La presse francophone nous boycotte»
Inhabituellement, Belkacem Sahli s’attaque à la presse, non en mots durs mais pour rappeler quelques évidences. Celles qui semblent prédominer dans le comportement de quelques titres de la presse francophone, avec laquelle il n’est pas en odeur de sainteté, parait-il. Il leur est reproché de boycotter les regroupements de l’ANR. «On ne vous demande pas de nous aimer ou nous haïr, mais de couvrir nos activités, selon ce que vous dicte vos missions, et de nous critiquer si cela devient nécessaire», souligne-t-il

L’affaire Djezzy/Beur Tv : une machination pour dissuader les étrangers
Le conférencier rebondit sur cette affaire, en affirmant, après avoir manifesté son soutien au journaliste de la chaîne privée, qu’elle cache des dessous pas du tout catholiques. S’interrogeant, à juste titre, sur le pourquoi de son dévoilement maintenant et pas avant. Cela ne pourrait être, analyse-t-il, qu’une tentative pour dissuader les investisseurs privés à venir dans le pays, d’autant plus que la conjoncture actuelle y plaide favorablement. L’affaire Djezzy a été médiatisée suite aux doutes pesant sur cet opérateur, dont les actions sont détenues à 49% par un partenaire russe, auquel on lui reproche de financer Israël. Et Sahli de s’interroger, «pourquoi parle-t-on uniquement de Djezzy, et l’autre (Ooredoo, sans le citer, ndlr), détenu par un pays dont la preuve de destruction de pays entiers est un secret de polichinelle. Pourquoi n’en parle-t-on pas ?».
Zaid Zoheir

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