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Réalisateur pour la première fois : Les belles promesses de Russell Crowe

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Dans son premier long-métrage, l’acteur raconte le drame d’un fermier australien parti en Turquie en 1919, à la recherche de ses fils portés disparus.

Pourquoi avez-vous choisi d’évoquer le conflit et ses ravages du point de vue des Turcs plutôt que des Alliés ?
Russell Crowe : Parce que cela fait cent ans et nous devrions être assez mûrs pour ouvrir nos cœurs. C’est facile d’évoquer Gallipoli à travers le cliché selon lequel les soldats de l’Anzac (corps d’armée australien et néo-zélandais) sont morts pour “de bonnes raisons”. En réalité nous avons envahi une nation souveraine avec laquelle nous n’avions jamais échangé un mot désagréable. C’est douloureux, mais il est temps de voir les choses honnêtement. Dans tout conflit armé, il y a de l’héroïsme, de la compassion et de la douleur des deux côtés. Mais, d’un point de vue strictement humain, la personne qui combat n’a rien à gagner.

Le fermier que vous incarnez a un talent de sourcier. Qu’est-ce qui vous fascine dans son parcours ?
Le côté intuitif de son talent. Il vient du désert australien où il peut ne pas pleuvoir pendant quatre ans ! L’eau reste sous la surface de la terre et il la trouve parce qu’il sait déchiffrer la topographie du terrain, lire les signes et en tirer des déductions logiques.
Il ressent une sensation physique lorsqu’elle est sous ses pieds. Mais ce n’est pas un don surnaturel, c’est une question de survie. Quand j’avais 14 ans, j’ai vu mon père “deviner” où était l’eau. J’ai commencé à le raconter lors de mes interviews, il m’a téléphoné et m’a dit : “Mais de quoi tu parles?? Je n’ai jamais trouvé d’eau.” Et je lui ai rappelé : “1978, Hillsborough, Auckland (Nouvelle-Zélande) ! Il y avait une fuite dans la conduite d’eau. Tu es rentré à la maison, tu as pris un portemanteau en métal, tu l’as déplié, tu es sorti avec pour arpenter la rue, puis tu l’as planté dans le sol et tu as annoncé : c’est ici !?” Il a rigolé et a dit : “Ah, oui c’est vrai, je peux trouver les tuyaux percés !”
« Je me méfie de mon ego »

C’est ce même talent qu’utilise votre personnage pour chercher ses trois fils sur un champ de bataille ?
Il sent leur présence avec l’intuition d’un père. On ne fait pas assez confiance à notre intuition. On s’en sert socialement ou pour les affaires, mais dès qu’on en parle dans le domaine privé, c’est comme une bulle qui explose.

Croyez-vous en votre propre intuitio ?
Oui à 100?%. Mais je me méfie de mon ego qui peut créer des interférences.

Vivre dans votre ferme australienne plutôt qu’à Hollywood, c’est plutôt un facteur d’équilibre, non ?
Cela me permet de rester libre, indépendant, de ne jamais faire de choix basés sur un pedigree ou sur la taille d’un chèque. Si j’ai une réaction viscérale à la lecture d’un scénario, peu importe que le film se tourne dans un lieu inconfortable ou que je n’aie jamais entendu parler du réalisateur, je le fais, c’est tout. Mon box-office combiné n’arrive pas loin des 4 milliards de dollars et chacun de mes films est respectueux du public. Je n’ai jamais fait de “prequel” ou de “sequel” et je ne porte pas de cape…

Vous avez quand même tourné dans “Man of Steel”.
Oui, mais quand je suis entré dans le monde des super-héros, c’était pour jouer “le père” de Superman ! Dans une version très intéressante, très sombre, très introspective… Ce n’était pas uniquement l’histoire d’un type qui se balade en sous-vêtements moulants… Parce que, quand il faut se lever à 4 heures du matin pour se traîner sur un plateau, il faut qu’il y ait de l’amour. Tant que je ne ferai pas un film pour de mauvaises raisons, je respecterai les dieux du cinéma.

Être acteur, réalisateur, musicien, chanteur… cela fait partie du même geste artistique ?
C’est mon mode de fonctionnement naturel. Je me réveille le matin et j’ai hâte de savoir ce qui va se passer. Je fixe ma guitare dans l’espoir qu’une chanson flotte dans l’air. Parfois il ne se passe rien, parfois je l’attrape et hop je me mets à chanter ! Je ne peux jamais prévoir ce qui va me brancher ou pas. Mais j’essaie de rester pur.

À quoi attribuez-vous votre réussite ?
Ce qui compte c’est la motivation, pourquoi vous faites ce que vous faites ! La mienne est simple : j’aime ça.
In Paris Match

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