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Rattrapé par ses mauvais démons et nombreux travers : Le football algérien s’invite dans les rubriques «faits divers»

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C’est les yeux grand ouverts et droit dans les yeux que le président de la Faf, pris de court par les «révélations» de la chaîne anglaise BBC sur de possibles (avérées ?) affaires de corruption qui entachent un peu plus l’image de marque d’un football algérien dans la tourmente (quoi qu’on dise) et sur lesquelles on détourne sans cesse les regards, a promis de «ne pas fermer les yeux.» Comment et avec quels outils ? Tout dans sa réaction plus que gênée nous renseigne sur ce mal qui ronge notre balle ronde et s’impose comme l’argument N°1 pour tous verdicts, rejetant ainsi, et largement, au second plan, une réalité du terrain qui n’en est plus une.

Réalités et … réalités
Quel crédit accorder à la récente enquête révélée tout récemment par la BBC et ce dossier relatif à la corruption qui frappe de plein fouet (ce n’est pas un scoop n’en déplaise aux vierges effarouchées dont les réactions ne font pas avancer le débat sur un mal profond sur lequel il faudra se pencher au plus vite) et quels commentaires faut-il réserver aux réactions en chaîne qui ont suivi ce que beaucoup, parmi les observateurs de la scène footballistique nationale, considèrent comme un non-évènement, non pas pour balayer des assertions que tout le monde connaît et que les fins de saisons houleuses se chargent de confirmer par déclarations fracassantes et incendiaires interposées de la majorité des acteurs (les recalés notamment dans les courses aux accessions et autres titres sur lesquels, bon an mal an, planent de sérieux doutes, les champions «taïwan» faisant foi) ? Premier à monter au créneau, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hattab, tout fraîchement installé à la tête de la tutelle (sait-il de quoi il parle, l’a-t-on induit en erreur ?) a cru bon botter en touche en assurant, par exemple, «ne pas disposer d’éléments à même de s’exprimer sur cette affaire (elle n’étonne personne, soit dit en passant, chez de larges couches de l’opinion sportive intra-muros, ndlr)» non sans ajouter que «la sortie de ce média est loin, très loin des réalités du sport algérien, c’est pourquoi je m’abstiens de trop m’étaler là-dessus.» Si ce n’est pas de la … gêne. On peut concéder au N°1 du sport algérien le manque d’infos sur cette enquête qui vaut, certes, ce qu’elle vaut mais asséner que «le sport algérien ne s’est jamais aussi bien porté» et qu’il lave plus blanc que blanc (précision de la rédaction) en ignorant les foires d’empoigne qui opposent, souvent violemment et preuves à l’appui, les différents acteurs animant nos mornes et tristes compétitions désormais frappées (en permanence) du sceau de la suspicion (corruption) qui se tirent dans les pattes pour justifier des objectifs non atteints à l’arrivée de chaque baisser de rideau rares étant ceux acceptant, dans la sportivité, les sanctions, mais détourner le regard aussi facilement a cette particularité maladive, chez nous, d’encourager ce genre de pratiques. Malade le sport algérien ? Côté résultats techniques (sur la scène internationale, cela va de mal en pis) nos «élites», toutes disciplines et catégories d’âges confondues, les sorties virent régulièrement au cauchemar, rendant ainsi compte d’une gestion des ressources humaines et des carrières catastrophiques. Avec un zéro pointé et des contre-performances à la chaîne.

Le mal … «existe»
Le sport algérien, y compris sa locomotive, le «roi» football ne s’est jamais aussi bien porté ? C’est mentir au public qui sait que rarement la situation a autant interpellé les décideurs et autres dirigeants passés maîtres dans l’art de la politique de l’autruche, ne se réveillant que pour crier au loup. La BBC a-t-elle fait correctement son travail d’investigation en apportant du nouveau dans un dossier qui empoisonne, saison après saison ratée (à tous les niveaux), la vie de nos sportifs, la corruption régnant (la presse nationale se faisant d‘ailleurs un malin plaisir à remuer, à bon escient néanmoins, le couteau dans des plaies béantes, le mal ne trouvant apparemment pas de remèdes) en maîtresse absolue de lieux mal famés? Le président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, s’il souligne avec célérité que ces révélations ne concernent pas forcément sa période de gestion, veut, avec un manque de conviction palpable, «assumer pleinement» son pouvoir en tant que premier responsable d’une discipline alignant les scandales. Et c’est avec (il fallait s’y attendre) une sortie pour le moins gênée (pris de court ?) qu’il lancera ces mots tout de réserve (redite obligée) en affirmant que «le sujet de la BBC doit être pris avec réserve, nous n’avons rien reçu de la FIFA.» Rien de nouveau à ajouter et le monde peut continuer à tourner. Serein ? Calme ? Zetchi encore, et ça peut convaincre : «Les éléments de l’enquête publiée par la BBC ne comportaient pas (éternelle rengaine) de preuves. Il y a une grande différence entre ce qui se dit dans la rue et la réalité.» Et cette remarque judicieuse de beaucoup d’internautes, porte-paroles incontournables d’une rue qui sait de quoi elle parle et qui se fait fort de reprendre à son compte les «révélations» de tous ces responsables de clubs, joueurs, arbitres s’échangeant des propos peu amènes quant à cette tradition qui veut que dans nos murs, un titre de champion ou une accession se monnaient au prix fort. La preuve, et c’est heureux et çà l’honore (ce n’est malheureusement pas ce qu’en pense le MJS qui fait ses tous premiers pas dans ce que beaucoup assimilent à un véritable panier à crabes d’où l’on ne sort jamais indemne), le nouvel homme fort du ballon rond algérien (il sait de quoi il en retourne pour être passé par la présidence d’un club et donc confronté à ces pratiques d’un autre âge avec la précision de taille que l’intéressé a pris plusieurs longueurs d’avance sur ses pairs en jouant la carte du travail à long terme, et donc de la formation à la base, son Paradou AC devenant une référence sur le continent) reconnaissant «ne pas nier que le mal n’existe pas et que la corruption est (bel et bien, ndlr) présente.»

Le monde nous regarde
Un fléau s’installant dans la durée et cette impression omniprésente que les champions de la combine ont les coudées franches et agissent, sans risque de poursuites, en plein jour en se permettant, plus gravement encore, d’investir les plateaux TV, à des heures de grande écoute, pour apporter de l’eau au moulin de ceux, toujours plus nombreux parmi des supporters refusant désormais de jouer aux dindons de cette farce de mauvais goût s’invitant à tout début de saison annonciateur de déballages en série, que nos championnats, perdant définitivement de leur crédibilité, se jouent souvent en coulisses, les plus offrants imposant leurs règles du jeu.
Zetchi et son bureau, maintenant que le football algérien et ses travers ont atterri, avec fracas, dans les rubriques «faits divers» internationales au moment où tous les espoirs sont à nouveau permis de revoir l’Équipe nationale reprendre (dans le classement-Fifa, toutefois, elle continue de glisser) les durs chemins du succès avec la nomination de Belmadi à la tête de la barre technique, promettent de «sévir.» En n’oubliant pas, on l’espère, de joindre l’acte à la parole. En assumant entièrement ses responsabilités car la Fifa, depuis ce document (impartial ?) de la BBC, veille au grain. Promet même de réserver au sujet toute l’attention voulue. En commençant par diligenter une enquête (celle-là beaucoup plus sérieuses) faisant planer de gros nuages, pour ne pas dire menaces. Et quand l’instance en charge de la gestion du football mondial rappelle que sa priorité première (pléonasme ?) reste «la lutte contre la corruption.» Sans concession ou états d’âme. En frappant fort. Message clair ? Sûrement bien reçu du côté de Dely Brahim où les choses semblent se compliquer avec cette épée de Damoclès planant maintenant sur la tête de nos clubs. Tout simplement, d’un football enfin mis en demeure de se conformer aux lois et règles internationales sous peine de lourdes sanctions. Même s’il faut prendre avec des pincettes le travail (incomplet) accompli par la BBC sur de présumées affaires de corruption agitant notre football, on peut dire, en plus des remous provoqués, qu’il rend un fier service tant au MJS qu’à la Faf sommés plus que jamais de mener la chasse à tous ces mauvais génies dont les dégâts ne se comptent plus et d’user enfin du bâton. Redonner du crédit à notre ballon rond est à ce prix car le monde nous regarde. Merci la BBC d’avoir réveillé (en attendant bien sûr les preuves) les consciences. Bon à prendre et une nouvelle ère qui s’ouvre. On verra encore plus clair en mai prochain, à l’heure des grands verdicts de fin de saison lorsque les langues commenceront à se délier. Et que tout le monde accusera tout le monde…
Azouaou Aghilas

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