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RAPATRIEMENT DES ALGÉRIENS DE WUHAN : Le flou persiste

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Tout semblait prêt pour le rapatriement des 36 Algériens du Wuhan, la ville chinoise mise en quarantaine à cause du nouveau coronavirus qui y sévit depuis plus d’un mois. Le ministère de la Santé, de la Population et de de la Réforme hospitalière avait, en effet, indiqué, avant-hier, qu’un avion allait décoller le même jour à 12h à destination de Pékin. Mais l’appareil restera cloué au sol jusqu’à nouvel ordre. C’est, en fait, le flou total quant à cette opération décidée par le président de la République et cordonnée par le ministère des Transports et celui de la Santé.

La raison de ce « report », dont aucune date n’est communiquée, serait une décision des autorités chinoises de retarder toutes les liaisons aériennes vers la ville de Wuhan pour de quelconques rapatriements. C’est ce que laissent entendre des sources au ministère de la Santé en charge du dossier. Pourtant une équipe médicale constituée de deux infectiologues et un infirmier de l’hôpital d’El Kettar se serait portée volontaire pour accompagner le personnel naviguant.
M. Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM) soupçonne justement la difficulté – peut-être même l’impossibilité – de trouver un personnel volontaire pouvant assurer la liaison, d’autant plus que le vol Alger-Pékin dure 10 heures entières, ce qui rend les risques de contamination très élevés.
M. Khiati, qui a déjà qualifié la décision de l’Algérie de procéder au rapatriement de ses ressortissants de purement « politique », évoque en outre un réel « souci d’organisation ». « Nous avons et les compétences humaines et les moyens nécessaires, dit-il. C’est la mise en place des protocoles et des procédures qui fait défaut ». Et d’ajouter : « Toute cette campagne n’a peut-être qu’une seule visée : calmer les gens ».
C’est probablement le cas du Maroc qui a annoncé, depuis déjà quelques jours, le rapatriement d’une centaine de ses ressortissants « coincés » à Wuhan. Or, rien de vraiment concret n’a, jusqu’à hier, filtré. Notons également que la liste des pays, outre l’Algérie et le Maroc, qui procèdent ou qui s’apprêtent à rapatrier leurs ressortissants s’allonge chaque jour plus. On compte déjà les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, la France, la Grande-Bretagne, l’Inde, l’Italie, l’Allemagne, le Canada, le Bangladesh, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Sri-Lanka, la Thaïlande, les Philippines, Singapour, l’Espagne et la Russie.

Pas de mesures préventives 100% fiables
L’autre donnée inconnue est la position des ressortissants algériens se trouvant à Wuhan. Voudraient-ils réellement quitter la Chine ? Car, à côté des sonnettes d’alarme tirées à tout va, des spécialistes et même des politiciens tentent de rassurer quant à la non-gravité du coronavirus dont le taux de mortalité est inférieur à 2%. Rappelons, en guise d’exemple, que des Français vivant à Wuhan ont carrément décliné l’offre de leur pays de les rapatrier.
L’autre question qui intrigue au plus haut niveau a trait à la fiabilité des mesures de prévention qu’un pays pourrait mettre en place pour éviter d’« importer » le coronavirus. « Il n’y a pas de mesures préventives fiables à 100% », répondra M. Khiati qui explique la complexité de la situation en ces termes : « Le virus est capable de contaminer durant la phase d’incubation qui, elle, peut aller de deux jours à deux semaines. Durant ce temps et en absence de symptômes tels que la fièvre et les difficultés respiratoires, il est très difficile de détecter les personnes contaminées ».
Et les caméras thermiques donc ? « Un simple paracétamol peut baisser la température et rendre ces accessoires inutiles », répond M. Khiati qui affirme néanmoins que la mise en quarantaine d’une quinzaine à une vingtaine de jours n’est pas indispensable pour lever les soupçons quant à un cas suspect. « Quand on a des réactifs pour les analyses nécessaires, comme c’est le cas des Américains, on a la réponse au bout de trois jours », dit-il. Et à la question de savoir pourquoi l’Algérie ne dispose-t-elle pas de ce genre d’équipement, notre interlocuteur répond tout simplement : « c’est une question d’organisation ».
Hamid F.

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