Accueil ACTUALITÉ Opposition et front intérieur : Ouyahia combat sur deux fronts

Opposition et front intérieur : Ouyahia combat sur deux fronts

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Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, est rappelé pour mener «les missions délicates». Appelé à gérer le contentieux né des déséquilibres entre le pouvoir et l’opposition, l’homme de «la crise» est chargé aussi de renforcer le «front intérieur» en vue de faire face à la «menace extérieure». D’autre part, l’actuel chef de Cabinet à la présidence de la République multiplie les arguments politiques autour de son désir de relancer l’Alliance présidentielle, pour convaincre son alter égo du FLN du «bien fondé» de sa proposition. Sa dernière sortie a donné les prémices qui font les grandes lignes de ce qu’elle serait cette feuille de route. En effet, lors d’une rencontre avec ses militants de son parti de la wilaya d’Alger, organisée samedi dernier, le patron du RND est revenu sur la lettre du chef de l’état, rendue publique le 5 juillet dernier, à l’occasion du 53e anniversaire de l’indépendance du pays. Dans sa lecture du message présidentiel, il a distingué, entre autres, l’appel adressé à l’opposition ainsi que celui ayant trait à la constitution d’un front intérieur qui impliquerait toutes les forces politiques du pays, en vue de confronter les «défis économiques et sécuritaires». Après avoir mené les consultations autour de la révision de la Constitution l’année dernière, on a reproché à Ouyahia d’avoir échoué de faire adhérer les partis de l’opposition structurés autour de la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique) à ce projet. D’ailleurs, celle-ci s’est montrée intransigeante et plus que jamais hostile à l’idée de répondre à l’appel du pouvoir en dehors d’une solution tournant autour de la mise en place d’une période de transition et l’organisation d’élections anticipées. Des revendications qui remettent en cause les institutions élues et qui n’étaient pas du goût du pouvoir. Du coup, Ouyahia a voulu revoir sa copie. En effet, il a procédé, d’emblée-après le message de Bouteflika du 5 juillet dernier-, à rencontrer l’un des leaders de cette aile politique.
En effet, jeudi dernier, il a reçu à la présidence de la République une délégation du MSP (Mouvement de la société pour la paix), conduite par son président, Abderrezak Mokri. Représentant Abdelaziz Bouteflika, le chef de Cabinet présidentiel, a rappelé à son hôte l’intérêt qu’accorde le chef de l’Etat et  sa considération envers toute la classe politique, «y compris les partis de l’opposition». Lors de cette rencontre, même si Mokri a parlé des préoccupations de son parti, il a surtout, remis à Bouteflika, le projet de la «Charte de réforme politique», plate forme issue de la Conférence de Mazafran (Zéralda), organisée en juin 2014. Néanmoins, il semblerait que l’appel du SG du RND n’a pas trouvé l’écho souhaité auprès de ses adversaires. En effet, les déclarations d’un bon nombre de leaders de la CNLTD et en réaction à cette offre de dialogue, affichent une certaine méfiance vis-à-vis de l’ex-chef du Gouvernement. Des membres de cette Coordination ne comptent pas répondre à l’ «agenda du pouvoir», mais, campent bien sur leur position initiale, en se référant à la plate forme de Mazafran. Cependant, cela ne pourrait constituer peut être une position qui résume plus au moins l’avis de la CNLTD, tant que celle-ci ne n’a pas répondu officiellement à cet appel. Dans sa déclaration devant Mokri, Ouyahia a mis en exergue la relation entre l’opposition et le pouvoir à travers les institutions «évoluera davantage dans l’ombre d’un respect mutuel». Il a également assuré à Mokri que les portes de la présidence sont ouvertes à l’opposition. De son côté, le FFS reste sceptique à l’idée de concevoir une solution politique en dehors de son projet de conférence de consensus national, ayant également connu un revers. Et si, dans un premier lieu, les deux premières missions servent « l’intérêt national », il semblerait que la troisième n’est qu’un prétexte  «fallacieux» mis en avant par Ouyahia.
En effet, dans un souci plus partisan, l’ex-chef du Gouvernement veut rattraper la vive allure de l’ex-parti unique, ayant pris une longueur d’avance sur le RND. Depuis son dernier congrès, le parti à majorité électorale s’est accaparé de la composante du gouvernement et jouit, sans ambages, de la haute sphère institutionnelle. Face à ses partisans internes, le patron du RND doit faire montre de plus d’abnégation par rapport son prédécesseur à la tête du parti, Abdelkader Bensalah, accusé «d’immobilisme».
Il s’agit d’une stratégie qui vise à engager l’ex-parti unique dans une dynamique associative qui réduirait, à coup sûr, son initiative partisane, qui se trouverait noyée dans l’action commune des partisans réunis autour du programme du président de la République.
Là encore, l’appel du chef du RND est buté sur le refus du secrétaire général du FLN d’adhérer à une initiative qui a démontré «ses limites» dans le passé. Samedi dernier, le patron du RND a renouvelé son appel, à la constitution d’un front en dehors des clivages politique et de la concurrence partisane, pour relever les défis qui se présentent devant le pays, a souligné Ouyahia.
Farid Guellil

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