Décidément, c’est devenu une tradition. Comme chaque année, et dans la perspective de débarrasser les infrastructures portuaires de toutes sortes de déchets et sensibiliser les citoyens sur l’importance de ces infrastructures dans le développement de l’économie nationale l’opération « Ports et Barrages bleus » a démarré, hier, à travers les ports et abris de pêche de 14 wilayas ayant une façade sur la Méditerranée.
Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid-Ahmed Ferroukhi, a choisi Tamentfoust, principal débouché maritime de la wilaya d’Alger pour donner le coup d’envoi de la troisième édition de l’opération sous le thème retenu cette année : « Ensemble pour une pêche et une aquaculture productive et durable ». Il s’agit d’une vaste opération organisée par les Chambres de la pêche et de l’aquaculture qui coïncide avec le lancement de la campagne de pêche de sardine, visant à nettoyer de fond en comble. L’évènement se poursuivra jusqu’au 16 mai avec la participation de tous les acteurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture, de gestion des ports et des partenaires dont la Protection civile outre des associations intéressées par la plongée et la préservation de l’environnement. Lors d’une virée effectuée au port de La Madrague, peu d’engouement a eu lieu au cours de la première journée, mais les quelques centaines de personnes présentes étaient toutes armées de volonté. Vêtus de casquettes et sacs à la main, les participants ont sillonné les quatre coins du port, et ce, en vue de ramasser toutes sortes de déchets. La tâche est loin d’être facile. Et pour cause, les citoyens inconscients de leurs actes, jettent de tout et de rien. Le manque de civisme fait des désastres. Bien évidemment, les vedettes de cette opération sont les plongeurs qui iront récupérer du fond de la mer les macro-déchets qui sont arrivés là, jetés directement ou charriés par les oueds. Ces derniers nous ont assuré que le fond maritime du port fera l’objet, au cours de cette semaine, d’une grande opération de nettoyage à la faveur de ce plan national. Cependant, les choses sont loin d’être faciles. En effet, selon eux, la mer est la destinée de tout genre de déchets toxiques, tels que les sachets et les pneus. Par ailleurs, selon les représentants de la société civile, l’opération de nettoyage concerne à la fois des plans d’eau et des terre-pleins. Contactée, par téléphone, Rabiaa Zerrouki, directrice de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya d’Alger a évoqué la surprise des marins pêcheurs en procédant aux opérations de nettoiement.Dans la liste impressionnante des macro-déchets qui dorment au fond de l’eau, il y a des matelas, des ordinateurs, des écrans de télévision, des pneus… Il y a trop de pneus dans les fonds marins, a regretté la responsable. De surcroit, elle a fait savoir que tout ce que l’on jette négligemment peut se retrouver en mer, aussi bien le papier mouchoir que le gobelet de café ou la canette de boisson. Selon elle, si le poisson coûte aussi cher c’est parce que la chaîne alimentaire marine est touchée par la perte de la faune et de la flore, du fait que le fond marin est recouvert de déchets qui mettent, quasiment tous, des siècles pour se dégrader, qu’il s’agisse de la boîte de thon qui a servi au déjeuner sur la plage ou de la bouteille d’eau en plastique.
De son côté, le représentant auprès de la direction de la pêche d’Alger, Guerbi Mohamed Mounir, rencontré au niveau du port de la Madrague, nous a fait part de sa satisfaction quant à l’amélioration de cette initiative au fil du temps. Néanmoins, selon le responsable « une semaine à elle seule n’est pas suffisante, la lutte contre la pollution de la mer est un travail qui doit se poursuivre à longueur d’année ». S’agissant du bilan de l’opération en 2014, M. Guerbi nous a affirmé que ce sont plus 90 tonnes de déchets récupérés. Également, il a noté l’importance du recyclage de ces déchets. À souligner également que les grands absents à cet évènement écologique sont incontestablement les premiers concernés, à savoir les marins pêcheurs, les armateurs ou les patrons des embarcations de pêche qui brillaient par leur absence.
Lamia Boufassa