Des milliers de Nigériens ont manifesté mardi à Niamey contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, dont les membres attaquent depuis février le sud-est du Niger, frontalier avec le Nigeria, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le cortège, dont le mot d’ordre est Boko Haram est haram (interdit, impur), s’est ébranlé sous un soleil de plomb peu avant 9H30 locales (8H30 GMT) de la place Toumo, dans le centre de Niamey, pour rejoindre une heure plus tard la place de la Concertation, face au Parlement, 2 à 3 km plus loin, où un meeting est prévu.
Un important dispositif policier encadrait le parcours, le long duquel tous les commerces ont été fermés. Des tireurs d’élite sont postés sur le toit de l’Assemblée, qui domine la place où la foule a convergé. Le président nigérien Mahamadou Issoufou est présent dans une tribune d’honneur, un petit drapeau à la main, a constaté l’AFP. De grandes banderoles proclament le soutien indéfectible de la population aux forces de sécurité nigériennes afin d’éradiquer Boko Haram, ennemi de l’islam. Tous unis contre Boko Haram ou encore notre armée, notre fierté, peut-on lire sur de nombreuses affichettes, dont certaines sont aux couleurs nigériennes (vert, blanc, orange). Un petit garçon a fixé au guidon de son vélo un message disant : Ne touche pas à mon pays de paix. Des groupes de femmes sont présents à la manifestation, ainsi que de nombreux jeunes. Beaucoup d’entre eux portent des thee-shirts estampillés marche nationale du 17 février 2015, dont l’encre rouge paraît toute fraîche. Les combattants du groupe armé nigérian n’ont rien d’islamique, rien de musulman, a affirmé à l’AFP Brigi Rafini, le Premier ministre nigérien, présent en tête du cortège. Auparavant gênés, dans l’expectative, les musulmans sont aujourd’hui libérés pour dire non à Boko Haram, un mouvement qu’il faut démystifier et combattre jusqu’à la victoire finale, a-t-il poursuivi.
La coalition au pouvoir a appelé les Nigériens à manifester mardi dans tout le pays contre Boko Haram, alors que la région de Diffa, dans le sud-est du Niger frontalier avec le Nigeria, est visée depuis dix jours par une série d’attaques meurtrières, dont un attentat suicide il y a une semaine, qui a fait 6 morts et une quinzaine de blessés. Tout ce qu’on espère, c’est que ça se termine bien, qu’il n’y ait pas d’éléments infiltrés de Boko Haram, a déclaré un journaliste nigérien à l’AFP.
Boko Haram me fait peur, nous on veut la paix, a déclaré Seydou Zamo, un photographe de studio de 45 ans à l’AFP, qui dit craindre le groupe armé, même dans la capitale Niamey. Si on me demande de prendre une arme, je suis prêt à combattre, a indiqué, très volontaire, Jaafar Ousmane, 18 ans, un responsable d’un syndicat de collégiens, qui selon lui sont à 100 pour 100 derrière leurs forces de sécurité.
Des ONG, syndicats, associations religieuses et estudiantines ont demandé à leurs militants de participer à ces rassemblements. Le Niger a été ciblé pour la première fois par les islamistes trois jours avant que son Parlement n’autorise, le 9 février, l’armée nationale à entrer au Nigeria, son grand voisin du Sud, pour participer à la force régionale chargée de combattre le groupe armé nigérian. Quelque 3 000 soldats nigériens sont déployés depuis fin 2014 dans la zone frontalière du Nigeria.