Les questions d’actualité nationale continuent de susciter les réactions des acteurs politiques et personnalités nationales issus de tous les horizons. Hier, c’était au tour de l’ex-chef du gouvernement, Mokdad Sifi, de s’inviter au débat pour donner sa propre lecture en décortiquant la crise économique actuelle, entre autres sujets qu’il a abordé à l’occasion. «Où en est le pays aujourd’hui, et dans quelle direction se dirige-t-il ?», telle était l’interrogation autour de laquelle l’invité du forum du journal arabophone «El-Hiwar» a monté son argumentaire, en rappelant la situation prévalant dans le pays à l’époque où il était à la tête de l’exécutif national (1994-1995) sous l’ère de l’ex-chef de l’État, Liamine Zéroual. Le tout en comparant ce contexte à celui d’aujourd’hui. Pour l’ex-candidat aux présidentielles d’avril 1999, devant cette situation qu’il qualifie, «relativement», de catastrophique et de dramatique, l’opinion publique n’a besoin ni d’analystes ni de politiques ni encore de bilans chiffrés pour la comprendre. Et pour cause, il suffirait de se renvoyer au vécu quotidien des Algériens pour le constater, a-t-il expliqué avec modestie. En conséquence à cela, les Algériens sont gagnés par l’inquiétude et la peur de l’avenir, sachant que les prix du baril de pétrole ne cessent de dégringoler. Sur ce, même les spécialistes sont unanimes à déclarer que les cours pétroliers continueront à suivre la même tendance baissière jusqu’à la fin de l’année en cours. L’ex-candidat aux élections présidentielles d’avril 1999 pense que si d’ici peu, le pouvoir ne prend pas les mesures nécessaires afin d’améliorer la situation, celle-ci devra s’empirer davantage et le pays ira droit dans le mur. À l’origine de toute crise qui frappe le pays, il y a toujours mauvaise gestion de ses affaires, a-t-il accusé, en précisant que l’Algérie a souvent fait les frais des mauvais choix économiques engagés par les responsables. Mokdad Sifi a tout de même esquissé un plan pour mieux comprendre la crise en vue d’avoir une vision claire sur les solutions de sortie de crise. Primo, il s’agit de savoir si la situation politico-économico-sociale actuelle du pays est la même que celle des années 90.
Pour l’expliquer, il estime que le contexte prévalant à l’époque où il était en poste, était le résultat d’une gestion kafkaïenne durant la décennie d’avant, soit en 80. En 1994, «j’ai hérité d’une situation marquée par l’absence des institutions de l’État, la dégradation du pouvoir financier, la faiblesse de l’appareil sécuritaire, le manque de solidarité internationale face au terrorisme…», a témoigné l’ex-chef du gouvernement. En comparaison à une situation, qui est aujourd’hui, selon lui, tout aussi héritée d’un passé déficitaire. Lors de la décennie noire, tout a été mis en place dans l’urgence et tout a démarré à zéro, a précisé le conférencier, contrairement à l’aisance financière dont jouit le pays depuis les années 2000, a-t-il ajouté. D’ailleurs, à ce titre, même l’actuel Premier ministre a hérité d’une situation très difficile, a-t-il précisé. En outre, en 1994, la confiance entre le peuple et l’État était intacte, du fait de la mobilisation constituée autour des valeurs de la République face, notamment au terrorisme, a-t-il souligné. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, selon lui, en appelant le pouvoir à mobiliser le peuple, les partis politiques de l’opposition et les cadres de la nation pour renforcer le front intérieur en vue d’une sortie de crise. Revenant à la situation sociale, l’ex-ministre d’État auprès de Liamine Zéroual, craint que la frange juvénile, composante importante de la population, ne soit soumise à rude épreuve, avec les mesures d’austérités décrétées par le gouvernement.
Ensuite, M. Sifi a posé comme seconde problématique, quelle leçon tirer de cette rude bataille, qui pourrait se résumer selon lui en une phrase : «celui qui sème le vent, récolte la tempête». Là encore, le bilan n’est pas des plus reluisants. Pour lui, depuis Houari Boumediène, aucun projet politique n’est proposé au peuple, hormis des slogans populaires creux qui caractérisent la vie politique nationale. Partant de ce constat, il a appelé à la réhabilitation de la confiance entre le peuple et l’État, en lui proposant un projet politique rassembleur dans le cadre de l’unité nationale. Enfin, le natif de Tébessa doute que l’Algérie puisse faire face au «choc économique» résultat de la crise. Même s’il affirme que le pouvoir en place à toutes les solutions entre les mains, et peut se «ressaisir» en invitant l’opposition et les cadres de l’État autour d’une même table, a-t-il suggéré.
Farid Guellil
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