Depuis quelques jours, l’évolution de la situation épidémiologique en Algérie n’est pas pour rassurer après plusieurs jours de décrue en termes des contaminations enregistrées quotidiennement. Si les cas de décès sont peu ou prou stabilisés autour de 7, 8, voire 10 personnes au quotidien, la tendance des contaminations va crescendo. En effet, le chiffre de 240 cas, communiqué hier par docteur Djamel Fourar donne des sueurs froides pour ne pas prendre les décisions appropriées en conséquence. Autrement plus augustes de la part de l’État quant à la nécessité vitale de faire respecter les mesures barrières contre la propagation de la pandémie. La situation recommande-t-elle un retour au confinement ? Ce chiffre est-il synonyme d’une deuxième vague de la pandémie ? Quoi prendre comme décisions ? Entre le devoir de protéger le citoyen d’un côté, la nécessité pour ce même citoyen de renouer avec le travail pour subvenir à ses besoins et ceux des familles ou encore la nécessité de relancer la machine économique. Tel est une équation qu’il faudrait résoudre, sans tarder, au risque de se retrouver face à plusieurs fronts ! C’est à toutes ces questions auxquelles nous avons confronté, hier au téléphone, docteur Mohamed Bekkat Berkani, lui-même membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie en Algérie. La situation est-elle grave ? « Oui, mais elle n’est pas désespérée ! La situation est préoccupante, mais pas gravissime », réplique-t-il depuis l’autre bout du fil. « Aujourd’hui, nous avons enregistré 240 cas. Demain nous aurions peut-être 350 cas, qui sait ? », déclare-t-il, comme s’il s’attendait à une telle hausse à cause du non-respect par les citoyens- qu’il déplore du reste- des mesures barrières face au Coronavirus. « Mais, tente-t-il de rassurer tout de même, il ne s’agit pas d’une deuxième vague de la pandémie ». Il en veut pour preuve, des cas enregistrés notamment dans certaines wilayas, comme le cas de Sétif, où la hausse rapide des contaminations a contraint le ministère de la Santé à dépêcher une commission d’enquête pour percer le mystère et comprendre la situation épidémiologique sur place. Mais face à 240 cas quotidien, que faut-il, pour le Comité scientifique, recommander à l’État ? «Nous, nous sommes un comité scientifique, pas politique. Mais nous avons averti sur une telle situation auprès du Premier ministère. Aujourd’hui, l’État doit prendre des décisions et elle doit faire respecter la loi. Il s’agit d’un décret exécutif qu’il faut appliquer et qu’il faut faire respecter aux citoyens. Et puis, c’est l’affaire de tous. Il faut informer, communiquer et sensibiliser en permanence », répond-il encore, non sans pointer du doigt le relâchement observé après le déconfinement partiel, comme à Alger qu’il cite en exemple, où « personne ne met la bavette (à relativiser, Ndlr)». Interroger sur un possible retour au confinement, sinon la re-ferméture des commerces et autres activités, Dr. Bekkat Berkani n’exclut pas une telle recommandation qu’il conviendrait à émettre à l’État. Mais, explique-t-il, cette option serait envisageable dans les wilayas ou territoire où la hausse des cas de contaminations est observée. Mais, là encore, faut-il attendre les résultats de l’enquête épidémiologie, comme celle en cours dans la wilaya de Sétif, pour donner l’avis du Comité scientifique. C’est-à-dire, avoir un plan épidémiologique dont il faudra encore « renouveler la situation». D’autre part, celui qui est également président du CN de l’Ordre des médecins tire la sonnette d’alarme sur la situation des praticiens de la santé dans les services de prise en charge des cas Covid-19. « Les médecins sont fatigués », a-t-il regretté. Si maintenant un nouveau plan de confinement doit avoir lieu, il ne faut pas perdre de vue l’aspect social et économique. Autrement dit, renouer avec l’activité économique relève tout autant d’une nécessité vitale pour le pays et la population.
Enfin, notre interlocuteur suggère aux pouvoirs publics l’implication des représentations sociales dans la sensibilisation, comme « mettre au concours les centaines d’organisations de la société civile ».
Farid Guellil