Cette année, l’Algérie commémore le soixante-deuxième anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960. Une page lumineuse de l’histoire d’une nation fière et un épisode de la lutte éternelle d’un peuple qui voulait vivre dignement.
Trois ans après la bataille d’Alger, des soulèvements populaires à grande échelle sont venus changer le cours de la révolution algérienne. Le 11 décembre 1960, alors que la France revendique la victoire sur l’ALN, les Algériens descendent par milliers dans la rue pour réclamer leur indépendance. Pendant près de trois semaines, les protestations se sont heurtées à une répression brutale (au moins 260 morts), mais elles ont réussi à bouleverser l’ordre colonial. Les cortèges étaient si puissants qu’ils empruntaient les rues interdites, parfois même celles barrées par l’armée, bravant les baïonnettes des forces coloniales, pour crier haut et fort le désir ardent de liberté. Un soulèvement survenu lors de la tournée du président Charles De Gaulle en Algérie pour rallier le soutien à sa solution de «troisième voie» pour une transition vers une «Algérie algérienne». La stratégie de De Gaulle était de promouvoir l’installation d’une administration vassale pour défendre les intérêts politiques et économiques de la France. Il n’était donc pas question d’une indépendance totale, d’une véritable souveraineté pour l’Algérie. Le niet des Algériens quant à une Algérie sous tutelle française avait pris corps, et ce plan a été contrecarré par une volonté populaire sans précédent. Alors que De Gaulle se résout à négocier avec le FLN, sa visite a coïncidé avec l’Assemblée générale des Nations unies de cette année-là, annonçant deux résolutions portant sur la question algérienne : la résolution 1514, la Déclaration des Nations unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (adoptée le 14 décembre) et la résolution 1573, sur l’autodétermination algérienne (19 décembre), qui reconnaissait « le droit à l’autodétermination comme base de la solution du problème algérien ». La journée du 11 décembre 1960 est donc le premier pas de l’Algérie vers l’indépendance. Rappelons à juste titre, que cette étape a fortement influencé le schéma répressif mis en œuvre le 17 octobre 1961 à Paris, par le préfet de police Maurice Papon. Des milliers d’Algériens seront raflés, tabassés, internés et plusieurs dizaines tués ce soir-là par la police, en plein Paris. Décembre 1960 est aussi la scène historique qui irrigue la pensée de Frantz Fanon lorsqu’il commence à concevoir Les damnés de la terre, le mois suivant.
Hamid Si Ahmed
