C’est par ce que le pays « s’engouffre dans une crise qui fait que la situation n’est plus comme avant » affirme Abderrezak Mokri, patron du MSP, qu’il est temps de « débattre et de discuter » avec tout le monde, y compris le pouvoir, pour dégager une solution démocratique « négociée » selon ce responsable politique. La rencontre explicative que les responsables politiques du Mouvement de feu Mahfoud Nahnah ont tenu à organiser, hier, avec leurs partenaires au sein de la coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd) s’impose au regard de la teneur de la décision du MSP d’ouvrir des ponts de discussions avec le pouvoir. Si l’annonce de Mokri intervient suite à l’annonce de l’ex-parti unique, sur sa participation à la conférence nationale que s’active à tenir le FFS, c’est par crainte de voir le parti de Amar Saâdani être le rédacteur principal de « la page blanche » que le parti de Nebbou invite les acteurs politiques « à noircir » dans le cadre de ses tournées politiques. S’agissant des conséquences de l’annonce en question du MSP, sur la dynamique politique du Cnltd, notamment entre ses membres, Mokri n’affiche aucune inquiétude. Pour le patron du MSP « Il y a une certaine confiance » entre les membres de la Cnltd, et c’est dans cet esprit et après la prise de décision du MSP de lancer son initiative de dialogue avec le pouvoir, qu’il a tenu, en premier lieu, à expliquer sa démarche à ses partenaires dans l’opposition, notamment sur les donnes l’ayant amené à adopter cette position. Ce qui n’a pas été une tâche difficile, au regard des positions affichées par les formations et les personnalités politiques composant la coordination, indiquant leur « compréhension » sur ce que s’apprête à mener le MSP. À la crise que traverse le pays que tout le monde -opposition et majorité- s’accordent à dire, le dialogue entre l’ensemble de ces acteurs politiques pour dégager la voie de sortie est une autre donne, que partagent aussi l’ensemble de ces acteurs politiques, dont certains n’entretiennent pas un dialogue. La chute du prix du pétrole et ses conséquences sur l’économie nationale, avec notamment la baisse des recettes de l’État, augurent des lendemains difficiles, sur fond d’une économie dépendante des activités du secteur des hydrocarbures. A cela s’ajoute les tensions socio-économiques que connaissent certaines villes d’Algérie, notamment celles du sud du pays et de surcroît depuis, plus d’un mois la portée du mouvement des habitants d’In Salah opposé à l’exploitation et l’exploration du gaz de schiste, notamment après les mesures du Conseil ministériel restreint. Par ailleurs, en décidant de prendre langue avec le pouvoir, le MSP précise que son initiative n’est pas en lien avec l’éventuelle perspective d’un remaniement ministériel qui fait débat.
« J’ai déclaré qu’on ne va pas revenir au gouvernement, et que cette question est tranchée de manière définitive et catégorique » a déclaré Mokri. Précisant que l’initiative de dialogue avec le pouvoir que s’apprête à lancer le MSP que celle-ci va «établir des ponts avec tout le monde mais pas question de revenir au gouvernement ». Indiquant que les membres du MSP reviendront au gouvernement dans deux cas de figures, citant « après des élections ou dans une situation de crise profonde ». Si au sein de la Cnltd la « compréhension » de l’initiative en question du MSP était le maître mot, fort et de souligner que la démarche du parti de Mokri contribuera à rapprocher d’autres acteurs. Dans le cadre de sa tournée politique le FFS a tenu des rencontres avec des membres de la Cntld, et non pas avec l’ensemble qui la compose, à l’exemple du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), non rencontré à ce jour.
L’étape politique qui s’annonce verra, une dynamique politique, rythmée par la reprise d’un nouveau round des tournées du FFS et le programme du MPS portant sur son initiative en question, portant dialogue avec le pouvoir, dont ses soutiens, partis et personnalités politiques. À ces deux caps autour des quels s’articulera la dynamique politique en vue, s’ajoute aussi l’appel renouvelé aux consultations sur la réforme de la Constitution du chef de l’État. Cette phase politique qui s’annonce va s’inscrire dans la durée, ne dépassant pas avril prochain, si on se réfère aux déclarations du FFS, du MSP et celle du patron de l’ex-parti unique, le FLN. Après avoir fixé le 23 et 24 février prochains, pour la tenue de la Conférence nationale du consensus, le FFS a fait savoir que sa tenue est reportée et qu’une nouvelle série de rencontres politiques est lancée en vue de réunir les conditions pour la réussite de la conférence en question. S’agissant du MSP, Mokri a indiqué que l’initiative que son parti s’apprête à lancer s’étalera sur « deux à trois mois ». Pour le patron du Fln, celui-ci avait déclaré, que la révision de la Constitution « aura lieu au plus tard en avril prochain, au maximum» et que le congrès du FLN, prévu, avant fin mars prochain « se tiendra après la révision de la Constitution » a-t-il précisé, en marge de la cérémonie d’ouverture des travaux du 12eme congrès de l’Ugta. Serait-il question au courant de cette phase de discussions en vue de voir l’ensemble des acteurs politiques précités de la scène nationale converger pour adopter un mécanisme indépendant de surveillance des élections ? S’il sera question par ailleurs, de convergence notamment pour des législatives anticipées. Pour la démarche que s’apprête à lancer le MSP, la réunion de son bureau national prévue, ce mercredi, apportera de plus amples précisions et indications sur la portée de son initiative de dialogue en vue de dégager une solution démocratique « négociée » entre l’ensemble des acteurs politiques, « y compris le pouvoir » selon l’expression du patron du MSP.
Karima Bennour