Le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Makri, sera sur la corde raide, les 10, 11 et 12 mai prochain, lors de la tenue du 7ème congrès national. Il doit non seulement faire face à un mouvement de fond, qui, lui, cherche l’apaisement en s’appuyant sur Aboudjerra Soltani, un routier de la coalition présidentielle, mais il doit surtout rendre des comptes sur la gestion du parti durant ces dernières quatre années où il a eu à décider des divers positionnements du MSP.
De toute évidence, l’actuel patron du parti islamiste n’est pas dupe de ce qui l’attend, ni de l’éviction qu’on cherche à réussir contre lui, et de ce fait, il prépare le terrain, met les atouts de son coté et s’entoure de ses fidèles. Sa fusion avec le parti du Changement de Ménasra lui a assuré un soutien de taille et un apport qui peut être déterminant lors du prochain congrès.
Le vieux routier du parti et ex- président du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi, est sans concessions : «Le parti aura à discuter politique générale, les lois organiques et le changement ou la reconduction des instances dirigeantes», mais ce ne sera pas tout l’ordre du jour, car il peut y avoir des surprises : «Oui, évidemment, le congrès peut aboutir sur des surprises de taille, comme par exemple l’évaluation des cinq années de présidence de Makri ; celui-ci aura de toute évidence à répondre devant les instances nationales des résultats de son mandat ; il est contesté sur certaines lignes de conduite, et c’est aux congressistes de juger s’il mérite un vote de confiance ou non ! ».
Est-ce un congrès de règlement de comptes ? Non, répond Saïdi, «ce n’est pas le cas ; mais Makri aura à justifier certaines démarches, les résultats obtenus et les conséquences de sa gestion politique ; les congressistes auront à trancher sur le vif sur son cas ! ».
Concernant le fractionnement qui semble être en train de miner peu à peu le parti islamiste légué par Nahnah, Saïdi en minimise la portée : « Il est vrai que le départ des leaders semble avoir fragilisé le parti et que la création d’autres partis par des chefs issus de la tendance reflète cette impression, mais dans l’ensemble le parti n’en souffre pas, car il n’est qu’à voir la stabilité de la base, les mêmes proportions de notre électorat lors des joutes électorales pour s’en convaincre». Il donne aussi cette information capitale pour la cohésion du parti, c’est le possible retour « à la maison Msp » de Harakat El Binaa, après le retour du Front du changement : « Il y a cette éventualité ; bien sur nous en sommes au stade des tractations, mais cela peut aboutir, le tout de savoir, entre nous trouver les concessions qu’il faut et le terrain d’entente nécessaire».
En sous-sol, c’est la guerre des tranchées entre Makri et Soltani qui sera très suivie ; le second conteste la ligne pure et dure de Makri qui a fait perdre des voix et de la consistance au parti en lui ôtant sa stature de parti de la coalition présidentielle et de parti au gouvernement ; le second faisant tomber sur Soltani la perte de vitesse politique du Msp après la période participationniste stérile, qui a « en même temps fractionné le parti et fait partir les militants de base ».
Makri compte sur des apports nouveaux pour contrecarrer son rival : «Des contacts sont entrepris avec d’autres partis, à l’instar du mouvement Ennahda, pour élargir le projet de fusion, mais, à ce jour, on en est au stade des pourparlers ».
Placé sous le signe du Congrès « rassembleur et démocratique » du MSP, cette évaluation des chefs et passage en revue des troupes risque d’être un coupe-gorge pour l’un ou l’autre des deux leaders. Le congrès, qui se tiendra les 10, 11 et 12 mai prochain à Alger, et dont les préparatifs sont forts avancés sous-tend deux grands enjeux, à savoir la future ligne politique et surtout la très sensible question de la présidence. Aboudjerra Soltani, incarnant le retour à la coalition présidentielle, et Abderrezak Makri, l’homme de l’opposition, vont s’affronter durement pour se départager et définir la ligne politique du Msp.
On avait parlé aussi ces derniers jours de départager les deux rivaux en choisissant une « troisième voie », celle d’Abdelmadjid Menasra, mais la question a été vite évacuée pour la bonne raison que celui-ci est minoritaire au sein des structures du parti.
F. O.
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