Le rythme de l’inflation a légèrement ralenti en février, un signe positif pour le gouvernement et ses efforts qui visent à éviter une inflation à deux chiffres, comme exprimé dans les craintes des experts économiques après l’entrée en vigueur du financement non conventionnel.
L’évolution des prix à la consommation sur un an s’est établie à 4,9 % à février 2018, après 5,9 % en août 2017, selon l’Office national des statistiques (ONS). Cette baisse d’inflation est due principalement au recul des prix des biens alimentaires et agricoles et les produits manufacturés, précise l’ONS. L’évolution des prix à la consommation en rythme annuel jusqu’à février 2018 est le taux d’inflation moyen annuel calculé en tenant compte des 12 mois allant de mars 2017 à février 2018 par rapport à la période allant de mars 2016 à février 2017. Quant à la variation mensuelle des prix à la consommation en février 2018, qui est l’indice brut des prix à la consommation en février par rapport à janvier 2018, elle a été de (- 0,6 %).
Les fruits et viandes rouges le sont moins
En termes de variation mensuelle et par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires s’inscrivent dans une baisse de 1,9 % en février comparativement à ceux de janvier 2018. En août 2017, le taux des produits alimentaires avait marqué une hausse de 3,6 %, induite essentiellement par l’augmentation des prix des produits agricoles frais. Une tendance inversée pour cette année, les prix des produits agricoles frais ont enregistré une baisse de 3,5 %, après avoir atteint un seuil critique de hausse de 7,5 % l’année dernière. Malgré le maintien de la limitation des importations des fruits et légumes, les consommateurs ne se sont pas plaints des prix comme l’année dernière. Pas assez cléments puisque les prix des fruits restent toujours inaccessibles pour un grand nombre d’algériens, mais les légumes le sont moins avec une baisse de – 5,7 %, contre une augmentation de (+ 25,2 %) en 2017. Même constat de baisse signalé pour les viandes blanches avec (- 8,3 %) en 2018. Malheureusement, les prix des viandes rouges ne marquent pas le pas et restent un luxe difficile à se le permettre pour la plupart des consommateurs nationaux. De même, les prix des produits alimentaires industriels (agroalimentaires) ont enregistré une baisse, quoique légère, de 0,4 %, entraînés par la chute des prix des légumes secs -(9,6%). Concernant les prix des produits manufacturés, ils ont connu une légère baisse de 0,1 %.
Des hausses, mais avec un rythme soutenu
Par contre, les prix des services ont observé une baisse de l’ordre de 1,8 %, presque le même niveau de hausse qu’en 2017. À partir de janvier, les Algériens ont dû ressentir cette hausse notamment dans les secteurs des transports et communication, estimée à 1,1 % par l’ONS, suite aux augmentations portées par la dernière loi de Finances dans les hydrocarbures (essence et gasoil).
Les prix dans le logement et loyer et autres charges ont suivi également une hausse de (+ 0,9 %), alors qu’ils sont qualifié encore à rebondir fortement en 2019 suite aux dernières perspectives publiées par le gouvernement sur la limitation de construction de logement et de donner plus de rôle aux promoteurs privés. Les prestations de services de santé et d’hygiène corporelle ont augmenté aussi de (+ 0,8 %), une large gamme des produits de cosmétiques importés a flambé suite à la cessation des importations. L’obligation de passer par d’autres réseaux et circuits pour s’approvisionner pour les commerçants et propriétaires d’espaces de ventes induisent des surcoûts et rendent les prix difficilement contrôlables. En revanche, les prix de l’habillement-chaussures ont baissé de 0,8 % alors que le reste s’est caractérisé par des variations modérées.
Maîtrise de l’inflation: signes d’embellie ?
Avec un taux d’inflation prévu à 5,5 % à la fin de l’année, les pouvoirs publics ont réussi à maintenir un taux inférieur et acceptable, pour ce début 2018 du moins. Ce premier trimestre marque la première phase de la mise en œuvre de la planche à billet (financement non conventionnel), alors que des experts et économistes avaient prévenu contre une inflation à deux chiffres et des répercutions néfastes sur les prix des produits à la consommation et inéluctablement sur le pouvoir d’achat. Le gouvernement a nié toute augmentation des prix à la consommation liée à l’utilisation de ce mode de financement, arguant d’avoir pris des précautions pour préserver le pouvoir d’achat des ménages en maintenant les subventions et le remboursement des agriculteurs sur les prix des hydrocarbures. Mais, les algériens ont ressenti des augmentations dès le premier jour de l’année. « Cette hausse est le résultat peut être de dépassements de la part de certains commerçants », avait répondu le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, sur la question lors des débats sur la LF 2018.
Hamid Mecheri