Le complexe sidérurgique de Bellara, dans la wilaya de Jijel, s’est enfin concrétisé. Le projet, qui date de l’époque du défunt Président Houari Boumediène, a pu enfin voir le jour. Lundi dernier, c’est en grande pompe que la première pierre de ce complexe a été posée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui se faisait accompagner en la circonstance du président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur de l’État du Qatar, Abdellah Ben Nacer Ben Khalifa Al-Thani. Cependant, et avant de voir le jour, le complexe a connu bien des péripéties. En effet, la zone de Bellara a été longtemps objet de bien de convoitises et d’ambitions, dont celle la plus récurrente était le désir d’en faire une zone franche. D’autres vocations ont été également destinées à cette zone, sans cependant se matérialiser concrètement.
Finalement, les pouvoirs publics, et à leur tête le président de la République Abdelaziz Bouteflika, ont décidé, contre vents et marées, de concrétiser le vœu de suppléer au Complexe sidérurgique d’El-Hadjar à Annaba, un autre complexe de même envergure. Présidant la cérémonie de signatures de l’acte fondateur du complexe, en présence des partenaires algéro-qataris et des autorités locales de Jijel, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a assuré que le complexe constitue «une usine de nouvelle génération, moderne, compétitive et aux normes européennes». Soulignant le caractère d’«importance nationale» que revêt le complexe, le ministre de l’Industrie a solennellement déclaré que «le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu sa promesse et respecté ses engagements, quant à ce grand projet». Sur sa lancée, le ministre a également tenu à rassurer les populations en annonçant qu’elles allaient bénéficier de la création sous-adjacente au complexe de quelque 1 500 postes d’emploi directs et 15 000 indirects. Les partenaires du projet ont aussi pris en ligne de compte le respect de l’environnement, a assuré Abdessalem Bouchouareb. En effet, outre les installations de production, la nouvelle usine sera dotée d’une centrale de traitement des eaux et d’autres équipements de captage et traitement des gaz. Avec la production d’El-Hadjar qui atteindrait 1,5 million de tonnes et l’extension de l’usine d’Oran de Tosyali, actuellement en cours, l’Algérie devrait bénéficier d’une industrie sidérurgique excédentaire en 2019. Ce qui ouvre la voie à l’exportation, a affirmé le ministre, lequel a évoqué le méga projet de Gara-Djebilet à Tindouf, dont l’exploitation permettra d’alimenter en matières premières les trois complexes.
À travers les trois investissements et, notamment l’engagement d’un plan de développement de 700 millions de dollars au profit du complexe d’El-Hadjar, l’Algérie entreprend de réduire l’une des factures importante, des importations, à savoir les produits sidérurgiques. En effet, les produits d’aciérie importés coûtent à l’État une enveloppe en devises des dix (10) milliards de dollars annuellement.
À propos du complexe
D’un coût de 170 milliards de dinars, le complexe sidérurgique de Bellara est le fruit d’un partenariat industriel entre le groupe public algérien Sider et le groupe qatari Qatar Steel. Il est dédié à la production des aciers plats et spéciaux destinés, notamment, à l’industrie du rail. Dans une première étape, le complexe produira deux (2) millions de tonnes d’acier par an, à partir de 2017. La production devrait augmenter progressivement pour atteindre cinq (5) millions de tonnes à l’horizon 2019. Le capital du complexe sera détenu à 51% par l’entreprise Sider et le Fonds national d’investissement et à 49% par Qatar international, une joint-venture entre Qatar Steel et Qatar mining. Le complexe sidérurgique de Bellara, qui sera doté de deux (2) aciéries et de trois (3) laminoirs, est le plus important projet d’investissement entre l’Algérie et le Qatar. Il est implanté dans la commune d’El-Milia et s’étale sur une superficie de 216 hectares. Le complexe est situé à une cinquantaine de km du chef-lieu de la wilaya de Jijel, à 40 km du port de Djen- Djen, et à 45 km de l’aéroport Ferhat-Abbès.
Cap sur la réduction de la facture d’importations
Le complexe sidérurgique de Bellara se place comme un futur grand pôle de l’industrie nationale dans un créneau susceptible de réduire sensiblement la lourde facture d’importations.
Le lancement de la réalisation de ce méga complexe intervient dans un contexte marqué par la décision prise par le gouvernement de diversifier l’économie nationale. En plus de ce projet, la filière sidérurgique devrait connaître un nouvel essor avec la création récente d’un Groupe des industries métallurgiques et sidérurgiques, doté d’un capital de plus de 65 milliards de DA, dans le cadre de la reconfiguration du secteur public marchand industriel, en vue de promouvoir la production nationale et réduire les importations.
Une fois opérationnel, le complexe devra répondre à la forte demande nationale pour les produits sidérurgiques, qui est appelée à augmenter davantage avec le lancement du plan quinquennal 2015-2019. «Après le pétrole, l’acier et le fer seront la première ressource financière du pays», a assuré dans une note d’optimisme Hasnaoui Chihoub, le président du Conseil d’administration de Sider. Ce qui laisse présager qu’à terme l’Algérie parviendra à exporter son trop-plein de production d’acier.
Mohamed Djamel