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L’autre saignée de l’hécatombe sur les routes : une facture de 100 milliards de dinars pour l’état

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Cette année encore, les factures humaines et financières sont salées pour l’état. Le lourd constat, les 4 610 décès dus aux accidents de la route enregistrés au cours de l’année 2015 ont coûté à l’état 100 milliards de dinars selon le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, lors d’une intervention au Conseil de la nation jeudi dernier.

Et malheureusement, le tribut versé ne semble pas être revu à la baisse si l’on compte le tragique accident survenu à Aflou (Laghouat) et ayant fait 32 morts et 22 blessés et des 19 morts et 100 blessés déjà recensés depuis le début du mois de Ramadhan le 6 juin dernier d’après un communiqué publié par la Protection civile. « Le bilan le plus lourd a été enregistré au niveau de la wilaya de M’sila avec trois personnes décédées, suite à deux accidents de la circulation, le premier ayant causé le décès de deux personnes suite à une collision entre un véhicule et un camion, survenu sur la CW n° 38, commune Tamsa, et le deuxième a causé le décès d’une personne heurtée par un camion, au niveau de la cité Dhalaat Salah commune de Sidi Aissa », précise la même source. En dehors de la tragédie humaine, les pertes économiques sont « exorbitantes » selon Ahmed Naït el Hocine, le directeur du Centre national de prévention et la sécurité routière (Cnpsr). Sur les 100 milliards de dinars, 44,8 milliards soit 400 millions d’euros ont été versés pour la seule indemnisation des sinistres automobiles en 2014. Cela représente en moyenne 1% à 3% du PNB des pays concernés selon les estimations des instances internationales, notamment celles contenues dans le document relatif au plan mondial pour la décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020. L’Algérie ne possède pas à l’heure actuelle d’une étude de référence en la matière. Les causes de ce lourd tribut : le facteur humain en premier lieu, notamment le non-respect des règles de conduite et les excès de vitesse (50% des accidents), à l’origine de 95% des drames survenus. Suivent de très près, l’état des infrastructures routières et celui des véhicules selon le responsable du CNPSR.
Conscients de ce désastre ravageur, les autorités publiques ont pris une série de nouvelles dispositions afin d’endiguer le terrorisme routier. C’est ce qu’a soutenu Bedoui lors de son allocution devant les membres du Conseil de la nation. Elles visent essentiellement à réduire la part du facteur humain via une révision du code de la route. Les chiffres alarmants exigent selon Bedoui « l’introduction de nouvelles dispositions dans le code de la route, notamment l’augmentation des amendes forfaitaires aux infractions de la route à l’origine des accidents de la circulation et la mise en place du permis à points ». Il a également précisé que le projet de révision du code de la route récemment adopté au conseil du gouvernement a permis d’augmenter la valeur des amendes aux infractions à l’origine des accidents, notamment ceux classés au 4ème degré. Son montant a été fixé entre 5 000 DA et 7 000 DA. Toucher au porte-monnaie du citoyen, une manière de dissuader des infractions. Concernant l‘introduction du permis à points et le système informatique qui l’accompagne, il devrait permettre de réduire, selon le ministre, l’intervention du facteur humain et de mettre un terme aux différentes formes d’indulgence dont bénéficiaient certains contrevenants et rendre plus intransigeantes les dispositions du code de la route. Sur le volet de l’amélioration des infrastructures routières et de la conformité sécuritaire des véhicules, des mesures « rigoureuses » seront mises en place. Elles passent par la rénovation du réseau routier, l’exigence d’une qualité particulière des équipements pour les véhicules, notamment importés, mais aussi par la généralisation du contrôle technique obligatoire des véhicules ou encore la dotation des services de sécurité d’outils et d’appareils sophistiqués.Concernant la présence « arnarchique » des ralentisseurs autrement dits « dos d’ânes » surtout en agglomération urbaine,
Bedoui a rappelé la directive prise par le ministère de l’Intérieur et le ministère des Travaux publics visant d’une part à supprimer les ralentisseurs construits sans autorisation et d’autre part, à rendre conformes aux critères techniques ceux qui ne le sont pas. Il s’agit également de rendre ces derniers plus visibles pour le conducteur par la mise en place d’une signalisation spécifique pour indiquer leur présence. Outre l’aspect technique, la lutte contre les accidents de la route est avant tout une question d’éducation routière et cela passe dès l’apprentissage des règles de conduite au niveau des auto-écoles. Ainsi, Bedoui est revenu sur les mesures prises par le récent texte réglementaire récemment adopté par le gouvernement dans le cadre de la révision des conditions de travail et de contrôle des auto-écoles.
Ces dernières ont le devoir d’assurer « une amélioration qualitative » en termes de formation des candidats au permis de conduire rappelant le projet de jumelage des organismes en charge de la sécurité routière algériens et européens, français et espagnols entre autres, dans le cadre d’une convention de coopération de cinq ans afin de tirer profit de l’expérience de leurs homologues européens. Toutes ces mesures doivent maintenant se concrétiser et s’appliquer en urgence pour juguler le massacre routier pour réduire le tribut humain et financier des accidents de la route et ne plus faire de celles-ci des sentiers de la mort.
Anissa Benkhelifa

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