Après avoir convenu, lors de leur dernière réunion, à Vienne, le 23 juin passé, de limiter à 100% leur niveau de respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de réduction de la production pétrolière, visant le retrait de 1,2 millions de barils/jour (MB/J) pour les membres de l’OPEP et 0,6 mb/j pour les producteurs hors OPEP, les signataires du dit document ont décidé de compenser le manque de l’or noir, sur le marché, causé par le recul des exportations de certains pays. Mais depuis, la demande de Washington, à l’adresse de Ryadh, vite acceptée par les saoudiens d’augmenter leur production a vite fait aussi, de mettre à mal, l’Accord en question outre les dernières décisions du conclave de Vienne.
Dans ce contexte, on annonce que l’Algérie va augmenter sa production pétrolière de 26 000 b/j , à partir du mois prochain, en application des dernières décisions de la réunion des membres et non membres de l’Opep signataire de l’Accord, le ministre de l’Énergie, Mustapha Guitouni a rappelé, la semaine dernière, que ce n’est pas à Ryadh d’imposer sa vision au sein de l’Opep et de souligner que l’Arabie saoudite «est un membre comme les autres» et les décisions ne se prennent «qu’unanimement, selon les statuts de l’organisation» a-t-il souligné. Expliquant que la production algérienne de l’or noir connaîtra une hausse, pour produire 26 000 b/j, ce qui va ramener, dira le ministre «sa production totale à 1 106 000 barils/jour» en marge de sa réunion avec les directeurs de distribution d’électricité, mardi dernier, il a ajouté que la baisse, causée par le recul de la production de certains pays, «permettait au marché de déstocker la production et maintenir un prix qui arrange les producteurs et consommateurs à la fois» a-t-il noté. Enregistrant une baisse plus que prévu en raison de l’incapacité du Venezuela, de la Libye et du Nigéria, à remplir leurs quotas outre le taux global de conformité des signataires de l’Accord atteignant même les 152% par rapport aux niveaux fixés pour chaque pays, l’entrée sur scène de la demande américaine aux saoudiens et leur réponse, sans surprise, favorable à ce qu’attend Washington de Ryadh, a, selon certains experts du marché pétrolier, porté un coup très dur, à ce qui a été décidé, à Vienne, s’agissant de la répartition d’un million de barils, manquant sur le marché mondial, sur les pays signataires de l’Accord, sur la base des quotas initiaux des pays et de leurs capacités de production. Affichant son optimisme quant à la solidité de l’Accord et de l’engagement de ses signataires, membres et non membres de l’OPEP, dont principalement la Russie, un acteur lourd sur le marché pétrolier, Guitouni avait souligné que «l’Accord de baisse dans lequel l’Algérie a participé activement dans son processus est maintenu et sera appliqué comme convenu» a-t-il affirmé, mardi dernier, avant d’ajouter que « parler de la fin de l’Accord de Vienne, c’est catégoriquement faux». L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires signataires de l’accord après leur annonce, juin dernier, d’assouplir la limitation de la production, mettant ainsi un terme, par leur décision prise à Vienne, au flou qui régnait avant leur conclave, les prix du brut ont maintenu le cap de la hausse, alors que les marchés craignaient des perturbations de l’offre. Mais avec les tensions géopolitiques, notamment entre Washington et Téhéran, sur fond de la décision américaine de sortir de l’Accord nucléaire et sa guerre commerciale avec ses rivaux principalement la Chine et la Russie comme avec ses alliés de l’Union européenne (UE), les premiers à subir les conséquences des mesures de l’Oncle Sam, ce dernier use, encore une fois de Ryadh, pour priver le marché mondial du pétrole iranien, menaçant même les pays, clients de l’or noir de l’Iran. Ces donnes n’ont pas été sans impact sur le cours du baril de Brent de la mer du Nord, qui pour livraison en septembre prochain a terminé, jeudi à 77,39 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 81 cents par rapport à la clôture de mercredi et la veille, alors que le marché américain était fermé, le géant national saoudien du pétrole Saudi Aramco a annoncé une baisse de son prix pour le brut à destination de l’Asie, une première depuis quatre mois. Une offre en direction de l’Asie, une région comprenant des clients potentiels de l’or noir iranien. Et c’est à partir de Washington que le niveau de la production saoudienne du pétrole lui a été fixé, dans le tweet du président américain qui a affirmé, lit-on , que Ryadh pourrait augmenter sa production de «peut-être 2 000 000 de barils (2 millions B/J)» avait précisé Trump. Sur la conversation téléphonique du roi Salmane avec le président américain à ce sujet, le conseil des ministres saoudien a, dans un communiqué, fait savoir qu’il avait «pris connaissance, au cours de sa réunion de la teneur» de cette communication entre les deux hommes. Précisant, selon la même source, que l’Arabie saoudite «s’est dite disposée» à travailler à la stabilité du marché, en coordination avec les autres pays producteurs» mentionne-t-on. Ce qui signifie qu’elle augmentera sa production, pour compenser les barils de l’or noir iranien qui n’arriveront pas sur le marché pétrolier mondial, comme l’espère les USA, par ses menaces et ses sanctions, contre l’Iran et d’autres pays. La dernière fois , en 2012 et 2015, que les sanctions avaient eu cours, les principaux acheteurs de pétrole iranien avaient effectivement réduit, pour rappel, leurs achats, mais ils ne les avaient pas cessés complètement. Pour le chercheur de l’Institut d’études orientales affilié à l’Académie des sciences de Russie, Vladimir Sajine, dont son pays est un acteur lourd, hors Opep et signataire de l’Accord, «La Chine, l’Inde, la Corée du Sud et la Turquie achètent de grandes quantités de pétrole à l’Iran» indiquant, respectivement 648 000, 502 000, 314 000 et 165 000 B/J, et dans le nouveau cap de la demande américaine à Ryadh, précité, il dira, dans ses déclarations, que si Téhéran se retrouvait effectivement privé des acheteurs internationaux, la Russie pourrait lui venir en aide, à travers ce que certains avançaient ou évoquaient, «pétrole contre marchandises». Plus explicite, il dira que l’Iran pourrait, selon lui, fournir son pétrole à Moscou en échange de la fourniture de différents produits russes pour l’ Iran et que la solution pourrait «se trouver dans la signature d’un tel accord et que dans ce cas, la Russie vendrait le pétrole iranien comme son propre pétrole» a précisé Vladimir Sajine.
Karima Bennour