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La semoule, la communication et le sens civique

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Par Ali El Hadj Tahar

Les boulangeries sont ouvertes et fournissent autant de pain que d’habitude. Leur stock de farine et de semoule est renouvelé de manière régulière. Ils disposent de la marchandise en priorité, ce qui signifie qu’ils ne tomberont jamais en panne autant que durera la pandémie.
La communication fait défaut.Alors qu’en matière proprement sanitaire et médicale, l’information sur le Coronavirus menée par les média et particulièrement par les chaînes de télévision, est d’un très haut niveau ‒ ce qui prouve que les média lourds jouent un rôle fondamental dans notre pays ‒, la question de la sensibilisation des citoyens en matière de consommation face aux spéculateurs a été quelque peu négligée, du moins elle n’a pas été anticipée. Or, l’anticipation est le reflexe fondamental d’un média en temps de crise. Il est à espérer que cela soit corrigé et que le présent soit un enseignement pour l’avenir. L’anticipation n’aurait pas autorisé la spéculation sur la pomme de terre, les masques, les gants, le gel ou l’alcool, et l’État aurait pris des mesures pour que la vente se fasse en quantité réduite pour chaque acheteur, quitte à présenter sa carte nationale. C’est par la discipline et numérisation que les Chinois ont pu vaincre la pandémie. Or la discipline n’est pas un trait de caractère spécifique à quelques nations. Elle s’inculque par les moyens d’éducation actuels.
Une guerre, une crise politique ou sanitaire enfantent toujours des rumeurs et celles-ci, l’affolement. Déstabilisés, les gens veulent faire des stocks, donnant l’occasion aux spéculateurs, accapareur et autres agioteurs d’en profiter. Si l’État n’avait pas été puissant s’agissant de la spéculation sur les prix de la pomme de terre, tous les stocks auraient été épuisés et jetés inutilement dans les maisons. Ils auraient certainement fini par pourrir chez les plus nantis, qui, seuls, auraient fait le plein. La demande sur la semoule est irrationnelle. Le citoyen doit savoir que sa disponibilité chez le boulanger signifie qu’il ne doit pas s’affoler et qu’elle est en quantités suffisantes dans les minoteries du pays. Tout citoyen doit savoir que la semoule est un produit local issu du blé dur, produit dans notre pays depuis la nuit des temps. Les 251 minoteries réparties à travers le territoire national sont alimentées de manière rationnelle afin d’assurer les besoins nationaux en semoule sans faire baisser les prix ou permettre le trafic vers l’étranger. Un décret exécutif réduit de 30% la production des minoteries, empêchant ces dernières de fonctionner à 100%, également afin de permettre à chacune d’elle de travailler et de satisfaire les besoins de sa région.
L’Office algérien interprofessionnel des Céréales (OAIC) a été instruit de fournir aux minoteries cinq fois plus de blé dur que d’habitude, heureusement sans abrogation dudit décret. S’étalant sur cinq jours seulement, cette mesure ponctuelle qui vise à contrer la pénurie artificielle créée par la sur-demande de semoule est accompagnée par la vente dans les locaux de l’OAIC. Répondre à des besoins artificiels du marché, soit de répondre à l’affolement par la surproduction et non pas par l’éducation. Si elle venait à être appliquée, cette proposition aura l’effet catastrophique d’épuiser le stock stratégique de blé ; voire, d’encourager l’accaparement en plus des risques de détérioration notamment par ces temps humides. La pandémie sanitaire actuelle est en train de montrer que l’État algérien a les capacités de gérer des crises de grande ampleur, en engageant de manière synchrone tous les organes et toutes les Institutions, avec toutes leurs unités et personnels aux fins de régler les problèmes de quelque ordre que ce soit. Policiers, gendarmes, douaniers, pompiers, agents des impôts, contrôleurs des services sanitaires, corps de la santé et fonctionnaires sont impliqués, corps et âme, dans une seule et même bataille. Cette bataille doit nous unir tous car un État fort a besoin d’un citoyen conscient. Bien informé, l’Algérien sait être responsable. La bataille de la communication est lancée.
A. E. T.

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