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La révision de la Constitution ouvrira un débat global

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Par Ali El Hadj Tahar

La célérité avec laquelle le président Tebboune veut réécrire la Constitution traduit une volonté de créer un système de gouvernance démocratique espéré par toute la population. La correction du système actuel, qui fait blocage, permettra de passer des préoccupations politiques et juridiques à des préoccupations plus concrètes liées à l’économie, au social comme à la sécurité, en somme à la construction de l’avenir. La voie constitutionnelle des articles 102, 7 et 8, suivie depuis le 2 avril est en train de montrer son efficacité puisque l’Algérie est en passe de gagner au moins trois années d’errements doublés de risques énormes d’éclatement. Car si la Tunisie a peu ou prou réussi sa constituante après trois années de cafouillage, la Libye a échoué de manière dramatique à cause d’un va-t-en-guerre armé de canons. En 1962, pour un oui, pour un non, l’Algérie a failli, elle aussi, se retrouver dans la situation libyenne et la mauvaise référence à l’époque était le Congo.
Si l’Algérie avait adopté une voie non constitutionnelle, il n’est pas dit que nous aurions suivi l’exemple tunisien et non pas la manière brutale des Libyens… Les constituantes et les voies non constitutionnelles de sortie des crises politiques sont des chemins difficiles pour les pays du Tiers-monde, comme viennent de le montrer ces deux pays. Le Soudan a, lui aussi, opté pour cette voie mais ses Hirakistes ont accepté que l’armée soit partie intégrante dans le nouveau gouvernement, ce qui n’est pas le cas chez nous.
Ainsi donc, l’élaboration d’une nouvelle mouture de la Constitution et le débat qui la suivra permettront une sortie en douceur de la crise politique, que l’élection d’un Président légitime a d’ailleurs beaucoup amoindrie. En même temps que l’acceptation du dialogue par de nombreux éléments partisans et non partisans, cette perspective isolera davantage les discours radicaux et donnera plus de légitimité à l’action de l’Exécutif dans sa démarche à l’intérieur comme à l’extérieur. Par ailleurs, avec un débat très large sur le texte fondamental, le gouvernement aura plus de marge de manœuvre pour reconstruire et apaiser le front intérieur. En outre, ce débat ayant pour tâche de régler les questions relatives au système de gouvernance, les acteurs politiques pourront alors se concentrer sur des choses palpables, liées à l’actualité du pays. Dès lors que les questions de libertés, de droits humains, de séparation des pouvoirs…, seront prises en charge par le texte fondamental.
La ligne radicale deviendra d’autant moins justifiée que la diabolisation du régime et/ou du système ― considérés par certains comme les seuls responsables de la crise multidimensionnelle que traverse le pays ― ont volontairement ou involontairement occulté les autres questions d’ordre social, économique, culturel ou sécuritaire. Le débat sur la Constitution permettra enfin de donner leur importance aux problèmes socioéconomiques qui intéressent les couches les plus défavorisées et la majorité des citoyens.
Dans cette perspective, il serait dommage que les éléments du Hirak  ratent encore le coche. Car en rejetant la représentation, à ce jour, le mouvement a privilégié l’expression collective horizontale à l’expression des membres le représentant, de nombreuses compétences ont été empêchées d’émerger. Il est à espérer que les perspectives du débat sur la Constitution, des élections communales et des législatives permettent à ces éléments, notamment aux jeunes, de se placer et de préparer leur avenir politique, et pourquoi pas de prendre les rênes du pouvoir, d’autant que beaucoup ne se sentent pas représentés par les partis existants.
A. E. T.

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