Accueil RÉGIONS Jijel : La verveine suscite de nouveau l’intérêt des agriculteurs à...

Jijel : La verveine suscite de nouveau l’intérêt des agriculteurs à Chekfa

0

La culture de la verveine dans la wilaya de Jijel, appelée localement «Louiza», occupe le haut du podium dans la commune de Chekfa (25 km à l’Est de Jijel) où l’intérêt des agriculteurs pour cette plante herbacée est grandissant, tout autant que les besoins du marché local et national en la matière.

Caractérisée par un goût sucré et une essence aromatisée agréable, la verveine a connu dernièrement un intérêt considérable auprès des agriculteurs de la région, notamment au regard de la forte demande sur le marché national pour cette plante médicinale depuis le début de la pandémie de Covid-19, en raison des croyances sur ses bienfaits sur la santé et sa consommation en infusion. Non loin de la région agricole de Chekfa, tout au long des routes crevassées menant aux villages de Boutaleb, Loulijat, Larbaâ, Lahmimra et Djimar, s’étendent des dizaines d’hectares de champs de verveine exhalant leur fragrance et embaumant les alentours. Dans la mechta Laâchoucha, dans la région de Sebt à Chekfa, Brahim Bourbié, un agriculteur de 73 ans s’active dans son champ de verveine d’une superficie de 3 ha, organisant ses journées entre l’arrosage de ses plants de verveine, l’arrachage des mauvaises herbes et la récolte du produit. «Cultiver cette plante aux vertus médicinales nécessite des techniques spéciales, à commencer par la plantation qui doit intervenir à la mi-avril, jusqu’à la récolte et le séchage des feuilles entamées à partir de la mi-juillet jusqu’à la fin du mois de décembre», a fait savoir cet agriculteur qui s’adonne à la culture de la verveine depuis 33 ans. «Chaque étape a ses propres caractéristiques et techniques et pour obtenir une plante de qualité et une production abondante, l’agriculteur doit maîtriser les étapes de sa plantation», a-t-il précisé. Et de renchérir : «Il s’agit de prendre des fragments de tiges de 25 cm de long (des boutures) qu’on enfonce dans le sol sur 20 cm de profondeur, et quand les premiers bourgeons émergent plusieurs jours après, les jeunes pousses sont prélevées pour être enracinés dans les champs préparés pour les accueillir, alors que le quart supérieur de la plante et les fleurs fanées sont retirés». Le même agriculteur explique que, trois mois après la plantation, la verveine est prête pour la récolte, ajoutant que ce processus qui nécessite des techniques spéciales requiert trois étapes, à savoir observer la rougeur des tiges, signifiant que les feuilles sont mûres et donc il s’agit de supprimer celles implantées à la base de la tige pour ne laisser que les feuilles de l’extrémité supérieure. La dernière étape consiste à sécher les feuilles à l’abri des rayons du soleil avant de les mettre dans des sacs et les vendre à une unité industrielle spécialisée située dans la région d’Aïn Oulmène (wilaya de Sétif), pour être conditionnées et vendues sur le marché national, a-t-il souligné. Fort d’une expérience de plus de trois décennies de culture de verveine, Brahim pense que «l’importance de cette plante, consommée chaude en infusion, réside dans ses vertus bénéfiques pour renforcer le système immunitaire, soigner les rhumes, les maux de gorge et baisser la fièvre, en plus de favoriser la lactation chez la femme qui allaite et réduire les douleurs menstruelles». De son côté, Nacer Djiar, biologiste à l’université Ferhat Abbas de Sétif et chercheur en médecine alternative, a indiqué que «la verveine la plus répandue en Algérie est d’origine européenne», soulignant qu’il existe aussi «la verveine des Indes, classée en deuxième position en termes de prévalence». Concernant les bienfaits de cette plante odorante, l’expert dit ne pas pouvoir affirmer ni démentir les effets de la verveine sur le système immunitaire. Il affirme néanmoins que «des expériences scientifiques ont prouvé ses propriétés calmantes et sa grande efficacité à lutter contre l’insomnie, à baisser la température». «Mélangée à de l’huile d’olive, la verveine sert à atténuer les gerçures. Elle a aussi d’autres bienfaits une fois associée à diverses plantes médicinales», souligne M. Djiar qui affirme que la prise de l’infusion de la verveine n’occasionne aucun effet secondaire.

«Louiza» face au manque d’eau et de main-d’œuvre
Toutefois, selon Brahim l’agriculteur, «certains obstacles entravent le développement de cette filière, notamment le manque d’eau, surtout en été durant lequel la plante a besoin d’arrosage au moins une fois tous les deux jours, mais aussi l’absence de main-d’œuvre du fait que les jeunes n’aiment pas travailler dans les champs de verveine malgré le gain financier». Et de poursuivre : «Le manque d’investisseurs contraint par ailleurs la majorité des agriculteurs à se tourner vers l’unité Aïn Oulmène de Sétif pour écouler leur production entre 1 200 et 1 500 DA le kilogramme séché, un prix imposé par le propriétaire eu égard à l’absence de concurrence dans ce domaine». De son côté, Abdeslem Adjimi, président de l’association des producteurs de verveine de la wilaya de Jijel a déclaré, à l’APS, que «cette filière a connu un intérêt croissant des agriculteurs durant ces derniers mois, à la faveur de la demande accrue concernant ce produit depuis la propagation de la pandémie de Covid-19». À ce propos, M. Adjimi a précisé que «la production locale est estimée entre 300 et 500 quintaux s’agissant des feuilles séchées, tandis que le prix du kilogramme varie entre 1 300 et 1 500 DA». Des travaux sont actuellement en cours en coopération avec la Chambre locale d’agriculture pour «labelliser ce produit distribué à travers tout le pays afin de le distinguer d’autres produits» a-t-il ajouté.

Article précédentES Sétif : Azzedine Arab annonce sa candidature à la Présidence de la LFP
Article suivantSûr de sa victoire : Biden appelle au rassemblement des Américains