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HENRI POUILLOT SUR LES CRIMES COLONIAUX CONTRE LES ALGÉRIENS : « Qu’ils soient reconnus et condamnés comme tels »

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Les crimes commis par la France coloniale en Algérie, doivent être « reconnus et condamnés comme tels », a affirmé l’ancien appelé français et militant de la cause algérienne, Henri Pouillot, plaidant pour l’ouverture des archives françaises afin que ce passé soit « connu de tous ».

Sur les promesses faites par le président français Macron concernant l’ouverture des archives, Henri Pouillot dit « constater que cet engagement n’est pas tenu » et nous assistons a-t-il poursuivi «  à l’interdiction d’accès à de nombreux documents, auparavant consultables et ce, à la faveur de décrets promulgués à cet effet ces dernières années » a-t-il fait observer. « Si l’on ne peut réparer des plaies, on peut toutefois atténuer des douleurs. Le débat sur une +repentance+ n’est pas acceptable. Il serait plus que temps que les crimes commis au nom de la France soient reconnus et condamnés comme tels, sinon, comment pourrait-elle prétendre être le pays des droits de l’Homme ? », s’est interrogé, dans une déclaration à l’APS, Pouillot, à la veille de la célébration du 59ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 1962. Cet ancien appelé ayant achevé son service militaire dans la sinistre « Villa Sésini » cite, à ce propos, l’exemple des essais nucléaires réalisés au Sahara, dont les radiations continuent, à ce jour, à faire des victimes parmi les Algériens, appelant la France à organiser un « vrai plan de décontamination » de cette région et à y mettre en place un « centre de soins » destiné aux personnes irradiées.

« Le recours aux gaz VX, le Sarin ainsi qu’au napalm est passé sous silence »
Abordant le rapport de son concitoyen, l’historien Benjamin Stora, il a relevé des éléments « positifs », à l’instar de « la reconnaissance du caractère criminel de la colonisation ainsi qu’une série de préconisations intéressantes ». En revanche, il déplore des « lacunes importantes », dans le sens où, argumente-t-il, la notion de crimes contre l’humanité y est « sous-entendue » et se rapporte « uniquement à la colonisation et non pas aux crimes de guerre et d’État » perpétrés durant celle-ci. Et de clarifier : « l’ampleur des conséquences des camps d’internement, pudiquement appelés regroupements, est très minimisée. Le recours aux gaz VX (agent chimique mortel) et Sarin ainsi qu’au napalm est passé sous silence, alors que les exécutions sommaires sont inconnues, hormis un cas de viol reconnu au moment où la pratique de la torture était courante ». Tout en considérant que le document de Stora a été commandé par le président Macron en prévision du « débat qui, inévitablement, aura lieu à l’approche du 60ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie », Pouillot a indiqué que, depuis sa parution, il « n’y a eu qu’un geste concret » de la part de la France : la reconnaissance de l’assassinat du martyr Ali Boumendjel. « L’on peut se demander pourquoi le cas de Larbi Ben M’Hidi n’est pas traité de la même façon, sachant qu’il a été torturé et assassiné dans des conditions similaires, à quelques jours d’intervalle de Boumendjel, par la même équipe du Général Aussaresses ? », s’est-il enquis. Et de corroborer son propos par l’épisode du dépôt d’une gerbe de fleurs, le 26 mars 2021, au pied du mémorial du Quai Branly à Paris, par la ministre française aux Anciens combattants. Une manière pour le président Macron d’ »honorer » l’Organisation armée secrète (OAS), dit-il, faisant observer que cette date marque, pourtant, le 59ème anniversaire du massacre de la Rue d’Isly à Alger (actuellement Larbi Ben M’Hidi), dont cette même organisation « porte la terrible responsabilité ». « C’est la première fois qu’un hommage officiel lui est ainsi rendu. L’OAS a assassiné des milliers d’Algériens et cela n’a pas été souligné comme il se doit dans le rapport de Stora. Pour un président qui donne des leçons de républicanisme, cela relève de l’indécence. Cet hommage n’augure rien de bon quant à une reconnaissance de la responsabilité de la France dans cette période de notre histoire », s’indigne le défenseur acharné de la cause de l’indépendance de l’Algérie. Autant de faits qui lui font asséner : « Il est à craindre que ce rapport ne soit utilisé comme pare-feu pour masquer la réalité des aspirations légitimes des Algériens, s’agissant de reconnaître et de condamner les crimes commis par la France coloniale ». La torture existait « avant même la guerre de libération » du peuple algérien  Interpellé, par ailleurs, sur la torture exercée par l’occupant français et qu’il n’a eu de cesse de dénoncer, l’ingénieur à la retraite a fait remarquer qu’ »avant même la guerre de libération, de nombreux témoignages évoquaient cette pratique dans certains commissariats laquelle s’est quasi généralisée dès 1954″, rappelant que les Français « avaient vivement condamné » le recours à ce moyen par les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Outre la nécessité de la reconnaissance des responsabilités des crimes commis en Algérie, l’intervenant insiste pour que « ce passé soit connu de tous, y compris des futures générations », estimant que « ce n’est pas en dissimulant une réalité, que l’on réussit à l’absoudre. Ceci, d’autant plus que les séquelles perdurent ». Et de citer, à titre d’exemple, l’expression « issu de l’immigration » par laquelle sont « désignés et discriminés ceux dont le nom, le prénom et la couleur de la peau renvoient aux descendants des colonisés, ce qui n’est pas le cas pour d’autres immigrés ». « En France, il est primordial qu’un musée de la Colonisation, à l’image de celui de l’esclavage à Nantes, voit le jour rapidement et qu’il soit destiné à faire connaître la politique coloniale de la France menée en Algérie, au Vietnam, au Madagascar.. etc, avec toutes les conséquences qu’elle a engendrées. Ce pourquoi, je considère intolérable d’honorer des généraux comme Bugeaud, à fortiori sur le fronton d’un établissement scolaire. Il conviendrait qu’il y ait une pancarte retraçant le passé de tous les personnages historiques dont les rues portent les noms et que leurs statues soient installées dans les musées », recommande, en guise de conclusion, Pouillot.
R. N./ APS

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