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Grandiose marche anti-vote à Alger

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Des centaines de milliers d’Algériens et d’Algériennes ont marché hier à travers le pays, pour dénoncer «une mascarade électorale», et exiger «le départ des symboles du système du président déchu Abdelaziz Bouteflika, le jour du déroulement de l’élection présidentielle.

Des marches qui apporteront sans nul doute « du souffle » à la mobilisation populaire pacifique qui bouclera, aujourd’hui, son 43e vendredi de suite, pour le changement du système en place et l’édification d’un État de droit.

Alger la blanche noire de monde
Au cœur d’Alger, la Grande Poste a vécu le déferlement d’une gigantesque foule de manifestants, Algérois et ceux ayant parcouru des kilomètres pour rejoindre la Capitale, et participer à la marche d’hier, qui se veut une continuité de la mobilisation du mouvement populaire pacifique.
À l’instar des autres régions du pays, la Capitale Alger a vibré, hier, sous les cris de «Oh ya îssaba, djabounna 5 diyaba, qolna makache el vote, aliha nehya we n’mout ! (Oh îssaba, on nous a ramené 5 loups, on a dit pas de vote, pour notre cause nous vivrons et nous sommes prêts à mourir : NDLR)», « Pas d’élection avec les gangs », « Algérie libre et démocratique », « État civil et non militaire », et « Les élections à la poubelle.»
Ces slogans et autres ont été chantés à succès par les manifestants qui étaient ainsi là hier en grand nombre, partout, tout au long des rues et des boulevards, menant aux lieux emblématiques des rassemblements : la Place Audin et la Grande Poste, en provenance des quartiers avoisinants, et d’autres plus éloignés, Bab el-Oued, Casbah, Belouizdad, El-Harrach, Bir Mourad Raïs, Bir Khadem, Bologhine, Bouzaréah, Z’ghara, la Pointe…
Ils ont gardé toujours leur «pacifisme» en scandant « Silmya ! Silmya », face à la répression « féroce, » des policiers en tenue et en civil, tel que nous avons pu le constater hier sur place, tout au long des rues et des boulevards, menant à la Place de la Grande Poste, un lieu emblématique symbolisant les premières marches populaires du 22 février historique.
La police était redéployée encore une fois, en force au centre-ville d’Alger pour empêcher tout rassemblement à la Grande Poste. Mais les marcheurs, déterminés à aller au bout de leur action pacifique, ont réussi à contourner les services de sécurités fortement mobilisés pour bloquer leur marche et les contenir.
La nouvelle marée humaine qui a envahi, ce jeudi, le jour du scrutin présidentiel, les rues du centre d’Alger, refuse de déserter la rue, «tant que les revendications populaires légitimes ne sont pas toutes satisfaites», comme nous l’a affirmé hier un père de famille, accompagné de sa femme et de ses trois enfants, accosté à notre arrivé à la Place du 1er Mai.
Au moment de nos échanges, des manifestants qui scandaient « Oulach lvote Oulach (Il n’y aura pas de vote) » ont emprunté la rue Hassiba Ben Bouali. Ils ont dû remonter la rue Victor Hugo.
Tout en poursuivant, l’interlocuteur, nous a indiqué que « le peuple exige une transition démocratique et le départ des symboles du système politique en place».
Et c’est à sa femme de lui emboîter le pas et d’indiquer que « c’est bon, le peuple a voté le 22 février dernier. Il a dit son mot, qu’ils partent tous!»

Du gaz lacrymogène et des arrestations
À notre arrivée à la rue Didouche Mourad, l’odeur du gaz lacrymogène était encore là et persistait, comme ce fut le cas de la répression des forces de l’ordre, alors que les manifestants leur lançaient « Silmya Silmya » (Pacifique, Pacifique). À quelques mètres, un gosse, qui avait moins de dix ans, sous le choc de l’arrestation musclée de la police a trouvé refuge sur un trottoir. Il était accompagné de sa maman. Il s’est contenté de brandir une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Ne me laissez pas grandir avec les bandits».

La résistance et la fraternité populaire
Après le face à face avec la police, les manifestants ont décidé d’éviter la confrontation. Larmes aux yeux, sous l’effet du gaz, des jeunes manifestants ont porté des foulards imbibés de vinaigre, distribués par les riverains, pour résister aux gaz lacrymogènes.
Un vieux a, pour sa part, acheté des galettes de pain, des dattes et un fardeau de bouteilles d’eau pour les distribuer.

La police se retire face à la résistance des manifestants pacifiques
Hier peu après13H, la police s’est retirée du côté de la bouche du métro de la Grande Poste ouvrant ainsi, le passage aux manifestants venus en masse. Sur le chemin du retour, les manifestants ne cessaient de continuer à affluer. Ils scandaient à cœur « Had lvote ma nesta3rfouch bih, (Ce vote nous ne le reconnaissons pas».
Mohamed Amrouni

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