Hier, à l’invitation du président Abdelmadjid Tebboune, le président du Conseil des ministres italien, Mario Draghi, a entamé une visite en Algérie, «dans le cadre du renforcement des relations de coopération entre les deux pays», a précisé un communiqué de la présidence de la République.
Mario Draghi a été accueilli à son arrivée à l`aéroport international Houari-Boumediene par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté algérienne à l’étranger, Ramtane Lamamra, et le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab. Dans l’après-midi, Mario Draghi s’est recueilli au sanctuaire du martyr à Alger, à la mémoire des martyrs de la Guerre de libération nationale. Il a ensuite été reçu par le président Tebboune au palais d’El Mouradia. La question de la sécurité énergétique de l’Italie, basée sur le gaz, explique certainement le resserrement très fort des liens entre ce pays et l’Algérie, constaté tout récemment. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a produit un effet de frein sur l’économie italienne, entraînant, d’après l’agence Xinhua french qui se réfère à un communiqué de presse du Premier ministre italien, Mario Draghi, et du ministre de l’Economie et des Finances, Daniele Franco, une révision à la baisse par l’Italie de ses prévisions de taux de croissance pour cette année (3,1%, contre 4,7% précédemment) et pour 2023 (2,4%, contre 2,8% précédemment).
Dans le contexte de la crise en Ukraine et de l’opération militaire russe dans ce pays, les besoins en gaz naturel de l’Italie la contraignent à effectuer des investissements dans de nouvelles infrastructures gazières pour réduire sa forte dépendance des importations de gaz russe, tout comme l’Union européenne qui est alimentée à 40% (155 milliards de m3 importés en 2021) en gaz russe et qui est obligée d’oublier sa recommandation climatique d’éviter les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles.
Un tiers du gaz utilisé par l’Italie vient d’Algérie
La part du gaz algérien vers l’Italie est appelée à être augmentée pour desserrer la contrainte exercée par les importations de gaz russe. À la fin février dernier, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, est venu à Alger pour discuter «du renforcement de la coopération bilatérale, en particulier pour répondre aux besoins en matière de sécurité énergétique européenne, à la lumière du conflit en Ukraine», avait-il déclaré. Il avait qualifié sa visite de « moment historique pour l’Algérie et l’Italie », et avait fait savoir que son pays « aspire à augmenter son approvisionnement énergétique, notamment en gaz auprès de ses partenaires internationaux dont l’Algérie qui est +un fournisseur fiable+ ».
Claudio Descalzi, PDG de ENI, partenaire du Groupe Sonatrach, était dans la délégation qui l’a accompagné dans cette visite. Le 3 avril, le PDG de ENI est revenu à Alger pour être reçu par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, en présence de Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach. Le ministre a abordé avec le PDG de ENI, l’état du marché international du gaz naturel et son évolution. Claudio Descalzi s’est dit « très satisfait » du partenariat avec la Sonatrach, qualifiant l’Algérie de « partenaire confiant et crédible ». À cette même occasion, le PDG de Sonatrach a rencontré Claudio Descalzi, avec lequel il a échangé sur « la question de l’approvisionnement de l’Italie en gaz » et a passé en revue « les initiatives à court et à moyen terme susceptibles d’augmenter l’approvisionnement » de l’Italie via le gazoduc TransMed / Enrico Mattei. Deux jours avant, dans une déclaration à l’APS, Toufik Hakkar faisait savoir que d’ici quatre ans «avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler», laissant entrevoir, a-t-il ajouté, «des perspectives prometteuses avec nos clients européens». Dans la même déclaration, il a rappelé que le groupe Sonatrach compte investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la prospection et la production. L’augmentation de la part algérienne dans les importations italiennes de gaz, une affaire commerciale, n’aura pas de conséquences sur les relations, excellentes, entre la Russie et l’Algérie, a-t-on laissé entendre côté russe.
M’hamed Rebah