Le troisième round des aventures de Sly et ses potes reproduit la même recette que les précédents épisodes. La répétition et le PG 13 plombent (un peu) l’ambiance. On prend les mêmes et on recommence. C’est le mot d’ordre que s’est donné la troupe de cadors vieillissants, qui suivent Sylvester Stallone depuis maintenant trois films. Expendables 3ne déroge pas aux 10 commandements gravés par
Sly : ambiance vintage, seconds rôles clins d’œil, baston et action, tout est là. Sauf que pour une saga comme celle-ci, peuplé de vieilles figures has-been, c’est casse-gueule de se reposer sur ses lauriers.
La formule a plus ou moins marché deux fois, c’était une erreur de penser qu’une troisième salve identique suffirait. On ne va pas jouer les pisse-froid et c’est jouissif de voir Wesley Snipes interpréter un personnage, qui renvoie forcément à ses démêlés judiciaires.
Ou encore de découvrir qu’Harrison Ford est capable de se mélanger à tout ce beau monde, comme un poisson dans l’eau, quand il n’est pas occupé à se casser une jambe sur le plateau de Star Wars 7. Mais ces plaisirs nostalgiques ne font pas un film.
L’infâme PG 13
Patrick Hughes n’est pas un manchot, mais on le sent quand même bien handicapé par cet infâme PG 13 (classification du film aux Etats-Unis, en gros il n’a pas vraiment droit à beaucoup de sang ou d’action « éxplicite »). Sans jouer les intégristes, sortir des sulfateuses surdimensionnées n’a pas grand intérêt, si la mise en scène s’interdit de montrer les impacts, et c’est encore plus frustrant, si on compare à la violence brutale des précédents volets R Rated ou de John Rambo. Le dernier acte du film est représentatif de ce déséquilibre : véritable décor de guérilla urbaine, qui n’aurait pas dépareillé dans un actionner des années 80, soldats partout, compte à rebours, qui met la pression… on passe pourtant à côté du potentiel.
Expendables se veut un revival de l’action à l’ancienne, c’est presque un comble de chercher à en faire un divertissement familial. Du coup, le film semble tout miser sur son casting, encore plus que dans les autres opus. Quitte à en faire absolument n’importe quoi. Ainsi, on ne sait pas bien pour quelle raison Antonio Banderas hérite du rôle lourdingue de comique de l’équipe, bien plus proche du Chat Potté que de Desperado. Même la bonne idée du script (l’ajout d’une équipe de jeunes) est totalement inéxploitée – petit bémol pour Ronda Rousey, combattante MMA et seule fille de l’équipe, qui se réserve deux séquences assez drôles et réussies.
Il faut sauver le soldat Gibson
Le seul qui échappe un peu à cette impression de vide reste le personnage de Mel Gibson, d’abord parce qu’il compose un méchant plutôt sérieux, ensuite parce que sa présence fonctionne comme la réintégration de cet infréquentable au sein de sa famille cinématographique – tournant amorcé avec Machete 2. Et ça fait du bien. Malgré tout, ce serait injuste d’enterrer la franchise pour autant. Expendables 3 reste un divertissement estival honnête, c’est juste qu’on était en droit d’avoir beaucoup mieux que ça. Mais comme d’autres séries ou saga old school, il faut bien un épisode raté pour mieux rebondir et c’est ce qu’on leur souhaite. Parce qu’on sera là au prochain film, histoire de voir quelles vieilles gloires ont été ressuscitées cette fois. La nostalgie : un fléau dont on ne parle pas assez.