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Évocation : La Martyre Hassiba Ben Bouali… une icône de sacrifice et d’amour de la Patrie

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La plus jeune moudjahida de la Casbah (Alger), la Martyre Hassiba Ben Bouali est l’une des nombreuses Algériennes qui se sont sacrifiées, corps et âme, pour l’indépendance du pays, convaincues que « ce qui a été pris par la force, ne peut être restitué que par la force ».

Née un 18 juin 1938 à la rue d’Isly au centre-ville de Chlef, la Martyre et héroïne Ben Bouali passa son enfance aux environs de la commune de Sendjas (environ 8 ans) avant de s’installer à Alger. À cet égard, le moudjahid El-Hadj Attaf ne cache pas sa fierté que la wilaya de Chlef compte parmi ses enfants une héroïne de la trempe de «Hassiba», affirmant qu’elle est «une icône de la lutte de la femme algérienne» qui a combattu et sacrifié aux côtés de ses frères, bien qu’elle «ne manquait de rien» durant cette période. La famille de Hassiba fut une famille imbue des valeurs nationales, a ajouté El-Hadj Attaf, indiquant que son oncle était un des notables de la région de Sendjas qui a été poursuivi par les forces coloniales, notamment après que la Martyre a rejoint les rangs de l’Armée de Libération nationale (ALN). L’héroïne Ben Bouali, qui a eu le privilège de tomber jeune au champ d’honneur, est devenue un modèle ancré dans la mémoire du peuple et une source d’inspiration pour les femmes algériennes, qui sont appelées aujourd’hui à parachever le processus de construction d’une Algérie moderne et souveraine. Hassiba Ben Bouali compte parmi les meilleures femmes que l’Algérie ait enfantées, des femmes qui ont eu un rôle important dans la réussite de la Révolution. L’héroïne «abandonna» sa jeunesse et sa vie privée pour contribuer à la libération de l’Algérie, souligne, pour sa part, Mme Aït-Saâda-Slimani Djemhouria, spécialiste en Histoire et littérature de la région de Chlef et doyenne de la faculté des langues étrangères. Le docteur Aït-Djida Mokrane, enseignant universitaire à la faculté des langues, estime que les nouvelles générations ont besoin d’»un modèle» de bravoure et d’héroïsme comme Hassiba. Un constat que Aït-Djida n’a pas manqué de relever, et qui se manifeste à travers l’influence du parcours militant de Hassiba sur de nombreuses étudiantes. Pour le professeur d’Histoire à la faculté des Sciences humaines de Chlef, Larbi Belazzouz, les sacrifices consentis par la Martyre ne doivent pas être vains. D’autant plus que les étudiantes d’aujourd’hui, a-t-il poursuivi, «doivent s’inspirer de sa lutte et se prémunir, en faisant preuve d’esprit nationaliste et de sacrifice». L’universitaire a relevé avec satisfaction l’initiative tendant à suggérer la lecture de la lettre rédigée par la Martyre, et dont était destinataire sa famille, pour les étudiants à chaque rentrée universitaire. Cette initiative a été suggérée suite à une demande formulée par l’historienne Malika El-Korso, qui a récupéré la lettre à partir des archives françaises et qu’elle a offerte, en mai 2014, à l’Université Hassiba Ben Bouali, lors du Colloque international ayant pour thème, “Femmes combattantes”. À ce titre, l’ancien recteur de l’université, Berrabah Ben Doukha, a donné son accord pour ladite initiative.

Lettre de la Martyre, des enseignements à tirer
La lettre que Hassiba Ben Bouali avait écrite, 23 jours avant sa mort, n’est pas parvenue à sa famille, en raison du quadrillage imposé par le colonialisme inique sur sa famille et son réseau de l’époque. 57 ans plus tard, plus exactement en 2014, la lettre est parvenue, grâce à l’historienne, Malika El-Korso, à l’université de Chlef qui porte son nom aujourd’hui.
Dans un style simple et sobre, Hassiba a tenté de rassurer sa famille, en l’informant de sa «décision de partir au maquis, où je sais que je pourrais servir d’infirmière ou même s’il le faut, et je l’espère de tout mon cœur, combattre les armes à la main», exprimant son souhait de mourir au champ d’honneur. Hassiba avait renoncé à ses études et à la vie aisée qu’elle menait, se souciant particulièrement de l’avenir des générations montantes et de leur droit à la scolarité. «Ne vous inquiétez pas pour moi, disait-elle, il faut surtout penser aux enfants qui rejoindront l’école après moi et qui j’espère travailleront bien (…), si je meurs ne me pleurez pas. Je mourrais heureuse et je puis vous l’affirmer !». Un spécialiste de didactique des langues à l’Institut des lettres et langues étrangères à l’université de Chlef, Mokrane Aït-Djida, a appelé à faire de ce message un support pédagogique pour tous les cycles d’enseignement vu les valeurs de «foi, de sacrifice et de patriotisme, dont il est porteur, outre le style soutenu de la langue française dans lequel il est écrit». Les paroles de la Martyre s’imprègnent d’une référence religieuse à travers le passage «je mourrais heureuse», ce qui atteste de la force de sa foi et de son patriotisme.
Lors de la visite de l’APS aux vestiges de la maison d’enfance de Hassiba dans la région de Sendjas, le moudjahid et voisin de la Martyre, Rabah Mazari-Ali a rappelé les nombreuses réunions secrètes que y tenait Mohamed Ben Bouali, l’oncle de la défunte. Selon lui, Hassiba s’est abreuvée des valeurs révolutionnaires au milieu d’une famille exclusivement nationaliste. Le chercheur en Histoire «Belazzouz» a appelé les autorités à restaurer cette maison, et à en faire un musée pour consacrer les sacrifices de la plus jeune martyre de la Casbah.

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