La police fédérale américaine a saisi des documents marqués « top secret » lors de sa perquisition au domicile de l’ancien président Donald Trump, en possible violation d’une loi sur la sécurité nationale, selon des documents judiciaires publiés vendredi.
Les enquêteurs du FBI soupçonnent le républicain d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage qui encadre très strictement la détention de documents confidentiels liés à la sécurité nationale dont certains ne doivent être consultés ou vus que dans des bâtiments sécurisés. Plusieurs documents judiciaires ont été rendus publics vendredi par un juge fédéral de Floride: le mandat autorisant la perquisition qui s’est déroulée lundi dernier et un long inventaire des documents saisis par les agents du FBI. Dans cette liste est mentionné un ensemble de documents classés « top secret » ou « secret » ou « confidentiel », ainsi qu’un document « 1A Info re: président de la France », sans autre précisions. Une trentaine de cartons ont été saisis, ainsi que des classeurs avec des photos et une note manuscrite, selon cet inventaire. D’après des experts, le fait d’invoquer cette loi ne signifie pas que l’ancien président risque d’être accusé d’espionnage. « La loi sur l’espionnage comprend un tas de crimes qui n’ont rien à voir avec l’espionnage », a déclaré l’avocat spécialiste de ces questions Bradley Moss, sur Twitter.
58 chambres
L’opération, conduite dans la luxueuse résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago en Floride – 58 chambres et 33 salles de bains selon le mandat de perquisition -, avait provoqué la fureur de ses partisans évoquant une « persécution politique », ainsi que de nombreux ténors républicains. Jeudi, le ministre de la Justice Merrick Garland avait, dans une prise de parole exceptionnelle, demandé qu’un juge rende public ce mandat autorisant la perquisition afin que ses motifs soient connus de tous. Cette demande – très inhabituelle – avait été favorablement accueillie par Donald Trump dans un tweet jeudi soir. Et vendredi, peu avant la publication des documents, l’ex-président a assuré, dans un communiqué, que les documents récupérés par le FBI avaient tous été « déclassifiés ». « Ils n’avaient pas besoin de saisir quoi que ce soit », a-t-il dit. « Ils auraient pu les obtenir quand ils le voulaient sans faire de la politique ou cambrioler Mar-a-Lago », a-t-il ajouté. Au cours de sa brève allocution télévisée, Merrick Garland a assuré avoir « personnellement approuvé » cette perquisition et dit qu’une telle décision n’était jamais « prise à la légère ». Il a ajouté que l’affaire revêtait un « intérêt public important », à trois mois des élections législatives de mi-mandat. La loi oblige les présidents américains à transmettre l’ensemble de leurs e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales américaines. Or Donald Trump avait emporté, lors de son départ de la Maison Blanche en janvier 2021, quinze cartons de documents, que des agents des Archives avaient dû récupérer en janvier, déjà à Mar-a-Lago. La perquisition de lundi était la première ayant jamais visé un ancien président des Etats-Unis. Outré, Donald Trump a raconté lundi sur Truth Social que ses avocats coopéraient « pleinement » avec les autorités lorsque « soudain et sans prévenir, Mar-a-Lago a été perquisitionnée, à 06H30 du matin, par un TRES grand nombre d’agents ». Il s’est notamment plaint du fait que les agents du FBI aient « fouillé les placards de la Première dame » Melania Trump. Mercredi, il a même suggéré que la police fédérale ait pu avoir « placé » de fausses preuves contre lui lors de cette opération.
Bloc
Des sympathisants républicains, pourtant connus pour leur soutien aux forces de l’ordre, ont fustigé l’intervention du FBI, à tel point qu’une association d’agents a dénoncé des appels « inacceptables (…) à la violence contre la police ». Le ministre de la Justice a dénoncé des « attaques infondées » contre son ministère et les agents de la police fédérale. Jeudi, un homme armé qui avait tenté de pénétrer dans des bureaux du FBI dans l’Ohio (nord des Etats-Unis) a été tué par les forces de l’ordre après une longue confrontation. Après la perquisition, les ténors républicains avaient fait bloc avec leur ancien président, qui conserve une forte emprise sur le parti conservateur et envisage d’être de nouveau candidat à la présidentielle en 2024. L’ex-magnat de l’immobilier, au cœur de l’actualité judiciaire aux Etats-Unis, a aussi été soumis mercredi à une audition sous serment face à la procureure générale de New York, qui enquête au civil sur des soupçons de fraudes financières fiscales au sein du groupe familial Trump Organization. Mais il a refusé de répondre aux questions.