Le bras de fer s’est durci hier entre la tutelle et les enseignants grévistes. Ces derniers, qui sont en révolte depuis le 7 octobre dernier, refusent de céder « aux pressions » de la tutelle qui a instruit dernièrement les directions de l’éducation des wilayas d’adresser des avertissements à tout enseignant gréviste.
Les enseignants du cycle primaire ont affiché, hier, leur détermination à poursuivre leur action en l’absence de réponses satisfaisantes à leurs revendications. Entamant depuis hier une grève cyclique de trois jours, la Coordination des enseignants du primaire maintient également l’action du boycott des examens, jusqu’à satisfaction, par la tutelle, de ses doléances. Hier, le débrayage a été ponctué par la tenue d’un sit-in au niveau de l’ancien siège du ministère de l’Éducation à Alger.
Le mot d’ordre auquel a appelé la Coordination des enseignants du primaire a été bel et bien suivi hier, selon la coordination , dans la plupart des écoles du pays, et se poursuivra aujourd’hui et demain, décidant de renouveler leur mouvement de débrayage jusqu’à satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles et pédagogiques.
Ils revendiquent, rappelons-le, la modification du statut particulier, de sorte à reclasser les enseignants du secondaire, du moyen et du primaire au même grade de base, le réexamen des heures de travail des enseignants du primaire par rapport au temps de travail du moyen et du secondaire, l’application immédiate du décret présidentiel 266/14 avec effet rétroactif à compter de 2014, le recrutement de superviseurs afin d’assurer l’encadrement des élèves dans la cour et les cantines pour dispenser les enseignants de ces tâches non pédagogiques, réinstaurer le système de spécialisation dans l’enseignement primaire, notamment pour l’éducation sportive.
Ils ont exigé encore une fois une rencontre avec le ministre de l’Éducation et non des cadres ou des représentants de la tutelle. Les contestataires, qui tiennent à leurs revendications, menacent de boycotter les examens du premier trimestre. En attendant la réponse du ministre du secteur, Abdelhakim Belabed, plusieurs écoles primaires du pays ont été hélas une nouvelle fois, paralysées hier lundi et, semble-t-il, même aujourd’hui et demain, en l’absence de perspectives de voir s’amorcer un dialogue entre les deux parties.
Protestations devant l’ancien siège du ministère de l’Éducation à Alger
Ils étaient plusieurs dizaines d’enseignants à se rassembler depuis les premières heures de la matinée d’hier devant l’ancien siège du ministère de l’Éducation nationale, à Alger. Plusieurs instituteurs, faut-il le noter, ont parcouru des kilomètres pour rejoindre la Capitale, pour ne citer que ceux venus de M’sila, Bouira, Tizi- Ouzou et Béjaïa, et leur sit-in de protestation se voulait être l’expression d’un ras-le-bol de leurs conditions socioprofessionnelles «déplorables » selon leurs propos». Entourés par un dispositif de police, les enseignants protestataires ont scandé à l’adresse du ministre de l’Éducation : «Ana oustad machi 3assas (Nous sommes des enseignants, pas des gardiens : NDLR) » ou bien «Ya wazir nahnou nourid attaghyir» (ministre, nous voulons le changement : NDLR)».
Mohamed Amrouni