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EN PRÉVISION D’UNE « ATTÉNUATION DE L’INCERTITUDE POLITIQUE » : La BM revoit ses chiffres pour l’Algérie

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Il aura fallu une élection présidentielle et – probablement – de « la main tendue » du nouveau locataire d’El Mouradia pour que la Banque mondiale revoit ses prévisions de croissance en Algérie.

C’est, en effet, en prévision d’une « atténuation de l’incertitude politique », que l’institution de Bretton Woods, évoquant « une reprise de l’investissement », a relevé sa projection de croissance pour l’économie algérienne en 2020 de 0,2 point à 1,9% contre 1,7% anticipé dans l’édition de juin 2019.
« La croissance de l’Algérie devrait connaître une reprise modeste, alors que l’incertitude politique s’atténue et l’investissement s’améliore », commente la Banque mondiale dans son nouveau rapport sur les perspectives économique mondiales, publié mercredi. La BM a également revu à la hausse sa projection de 2021 de 0,8 point à 2,2% au lieu de 1,4% prévu en juin. Ce rythme de croissance sera aussi maintenu en 2021 à 2,2%, selon les mêmes prévisions. Plutôt optimiste comparativement aux prévisions précédentes, dira-t-on.
Rappelons que dans son rapport de suivi de la situation économique, rendu public en octobre, la même institution avait, dans ses prévisions pour la fin de l’année écoulée, mis en avant ladite « incertitude politique ». Celle-ci, lit-on dans le rapport, « devrait entraîner un ralentissement du secteur hors hydrocarbures ». « Des dirigeants d’entreprises de divers secteurs ont été arrêtés dans le cadre d’enquêtes sur des affaires de corruption, ce qui a eu pour effet de perturber l’économie en raison de changements soudains dans la direction et la supervision de ces entreprises, ainsi que de l’incertitude planant sur les investissements », avait-on écrit. L’avis de l’Office national des statistiques (ONS), officiel qu’il soit, n’a pas été trop différent. Selon les chiffres qu’il a rendus publics le 30 décembre 2019, si différents secteurs ont connu des améliorations sur le taux de croissance de leurs productions durant le troisième trimestre de 2019, notamment de juillet à septembre(période durant laquelle ladite « incertitude » était à son apogée), le secteur agricole a enregistré pour sa part un ralentissement de 3 %. Cela a été également le cas du secteur de l’industrie qui a affiché un taux de croissance de 4,5 % au troisième trimestre de cette année contre 5 % durant la même période de 2018.

Effet placebo…
Si le pétrole a pu continuer dans sa pente ascendante avec le climat géopolitique instable surtout au niveau de la Libye, note l’ONS, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a baissé en atteignant les 1,4 %, s’opposant ainsi aux 3,7% à la même période de l’an dernier. L’ONS avait également mis en avant le fait que le secteur privé a été grandement impacté, « notamment depuis les manifestations populaires ». Ce secteur a d’ailleurs été marqué par une suppression de pas moins de 650 000 emplois durant cette période, selon le Forum des chefs d’entreprise (FCE). Qu’y a-t-il eu donc de changer pour que la BM revoit ainsi sa copie ? C’est aux manifestations populaires – les évènements de la Libye et, plus récemment, ceux du Moyen- Orient font, à contrario, que les prix des hydrocarbures connaissent une sensible hausse – auxquelles la Banque mondiale doit faire allusion quand elle parle d’une « atténuation de l’incertitude politique ». Une appréciation qui peut être prise comme une sorte de soutien à la nouvelle équipe dirigeante. Car, mis à part le gros contrat (dans le secteur des hydrocarbures celui-là) qui a été signé entre Sonatrach, l’espagnol Tecnicas Reunidas et le sud-coréen Samsung Engineering en vue de la réalisation de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud, le pays connaît, au moins depuis le début de ces manifestations populaires, une morosité économique relevée par les opérateurs de tous les secteurs. Il en reste que cette nouvelle appréciation de la Banque mondiale, qui revêt un « cachet politique », peut amener – et pourquoi pas ? – des investisseurs potentiels à revoir à la baisse leurs appréhensions quant au climat des affaires en Algérie : des prévisions qui peuvent bien avoir une sorte d’effet placebo sur l’économie algérienne qui a toutes les peines du monde à amorcer un semblant de décollage.
Hamid Fekhart

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