Christian Gourcuff (on peut le comprendre et il y a de quoi) dit ne pas être content de la prestation de ses troupes qui ont perdu devant une sélection venue en principe pour apprendre mais qui a fait mieux que de regarder les Verts jouer en leur infligeant une défaite, peut-être petite par l’ampleur du score (un but qui dit ce qu’il dit parce qu’on en reparlera longtemps) mais qui aurait pu, n’eut été un Doukha très inspiré dans ses cages et de loin le meilleur Algérien sur le terrain, prendre des proportions humiliantes. Un Gourcuff alors là très déçu par son groupe et qui mettra un point d’honneur (un peu fort comme terme n’est-ce pas) en s’adressant au parterre de journalistes à l’issue d’une partie à oublier au plus vite, en qualifiant, techniquement bien sûr, de vrai coup d’arrêt qui remet bien des convictions en cause : « On a fait un très mauvais match (…) Quand on joue avec ce rythme monocorde et latéral, l’adversaire essaie de défendre en nombre et d’opter par des contres rapides.» Pas la peine de redire que la copie rendue à l’occasion de ce retour au terrain des Fennecs a été nulle. En tous points de vue. Dans tous les compartiments de jeu. «A présent, il va falloir tirer les enseignements de ce gros ratage» quand bien même il ne s’agit que d’une joute amicale, en raison des «très nombreuses lacunes recensées.» La satisfaction du jour ? Le responsable technique de l’E.N pense l’avoir trouvée, curieusement, du côté d’un joueur local qui ne cesse de gagner des points à ses yeux et dont il dira, en plusieurs occasions, tout le bien qu’il pensait de lui avant ce voyage au Qatar et qui a su saisir sa chance.
Chenihi, le très prometteur joueur d’El Eulma, dans son jour et jouant dans son registre, sans complexe, a, c’est le moins que l’on puisse dire, mis d’accord son coach qui ne tarit à nouveau pas d’éloges à son sujet en précisant notamment que le joueur «au bagage intéressant, a confirmé en tirant son épingle du jeu et pourrait désormais figurer (dès le match de Oman selon toute vraisemblance, ndlr) parmi les titulaires.»
En tout cas, un élément à suivre de près et qui pourrait rendre (c’est Gourcuff qui le redit) d’énormes services à la sélection grâce à ses qualités, «à un niveau où nous avons manqué d’accélération et de percussion dans le jeu.» Une satisfaction d’autant plus à mettre en exergue que le patron de la barre technique des Verts, qui avait toutes les raisons de se montrer insatisfait, voire en colère, de ses capés qui ont produit un jeu «monocorde et sans âme», évolué de travers devrions nous ajouter, tiendra à rappeler combien «le contexte était défavorable pour les nouveaux» et qu’ils devraient repasser pour montrer ce dont ils sont vraiment capables et s’il était encore (Gourcuff, ndlr) en mesure de leur faire à nouveau confiance lui qui se dit toutefois disposé à leur offrir d’autres chances de «briller.» Gourcuff déçu, voire en colère ? On le serait à moins après cette production qui vient, moins de 60 jours après la fin de la CAN 2015 où les Lacen and Co ont laissé les observateurs sur leur faim, montrer l’ampleur des chantiers qui attendent un coach désormais fixé sur les priorités.
Dans les domaines où, précisément, les Verts ont failli ou manqué de ces arguments pour justifier un statut de super favori finalement lourd à porter. Que ne saurait justifier, par exemple, la position de N°1 au double plan arabe et africain, le Qatar, ne figurant pas dans le lot des meilleurs, venant confirmer tout le travail et les soucis d’autres technico-tactiques qui attendent l’entraîneur et ses joueurs. Jeudi dernier aura constitué, comme par hasard, face à un client loin d’être une foudre de guerre, une journée compliquée. Mais tellement utile. Porteuse d’enseignements malgré l’amertume de la défaite, fut-elle en amical. Qu’en pensent les joueurs ? Rien moins, et ils rejoignent leur entraîneur, qu’«il faudra tirer les enseignements de ce revers et de corriger les lacunes avant les prochaines échéances.» En dédramatisant la situation ? C’est en tout cas l’impression que laissera le talentueux Yacine Brahimi qui, à l’instar de la majorité de ses coéquipiers, est resté dans ses petits souliers, loin de son niveau habituel, lui qui était attendu avec curiosité et par le public local et par ses fans en Algérie qui espéraient une tout autre production sur le plan de la qualité.
Une sortie mitigée, voire des plus nulles qui montre que le stratège de Porto et ses camarades n’ont pas encore «digéré leur petit parcours lors de la défunte CAN équato-guinéenne et qu’ils sont toujours dans les «regrets» de ne s’être pas montrés à la hauteur des espérances de l’opinion algérienne qui rêvait debout d’un second titre majeur sur le continent. Un Brahimi néanmoins assez lucide pour dire qu’«il est temps de passer à autre chose. Passer à la reconstruction.
Ouvrir une nouvelle page même si ce ne sera pas pour cette fois, la défaite face au Qatar reportant à une date ultérieure le retour à la confiance perdue après l’élimination concédée contre le futur champion d’Afrique, la Côte d’Ivoire. Les Verts ont manqué d’inspiration et ont même paru absents ? Plus que certainement. Aussi certainement que l’énorme masse de travail dont hérite Gourcuff et son staff dont le mérite est d’avoir toujours su recadrer ses troupes en leur rappelant qu’ils ne sont pas encore arrivés. Qu’il leur faudra fournir plus d’efforts pour espérer devenir vraiment les meilleurs en Afrique. Une note d’espoir avant de conclure et elle vient de Brahimi qui se dit « convaincu que nous allons retrouver bientôt notre niveau habituel.» On ne peut que le croire et cette défaite, sans conséquences à part sur le prestige, peut être considérée comme un bien pour mal.
Par Azouaou Aghiles