L’éradication du plus grand et ancien bidonville de Djelfa, Zeriâa, véritable entaille dans le paysage de la ville, aura été le défi relevé le plus marquant de l’année 2019, dans cette wilaya.
Longtemps considérée comme un dossier épineux, l’éradication du bidonville Zeriâa a été, à chaque fois, ajournée par les autorités locales successives, jusqu’à ce qu’il soit décidé de s’attaquer «courageusement» à ce site anarchique à travers la mobilisation de tous les moyens nécessaires en vue du relogement de ses habitants au pôle urbain moderne Houari-Boumediene. En application de fermes instructions du wali Toufik Dif, et grâce à la conjugaison des efforts des différentes institutions de l’Etat, notamment celles en relation avec l’habitat, une commission a été mise en place pour recenser minutieusement le nombre réel des résidents de ce bidonville. Deux mois plus tard, l’une des plus importantes opérations de relogement dans l’histoire de la wilaya a été programmée pour fin mars 2019, a indiqué le chef de daïra, Sadek Hadjar qui précise que «les choses n’étaient pas faciles sur le terrain, mais le sérieux dans le traitement de ce lourd dossier a permis de mener à bien l’opération dans le respect des droits des citoyens, qui ont supporté des conditions de vie des plus déplorables».
Relogement de 1 000 familles et récupération d’une assiette de 12 hectares
Avec l’éradication du bidonville Zeriâa, situé à l’ouest de la ville de Djelfa, le paysage s’est libéré de l’image hideuse d’un labyrinthe de constructions recouvertes en tôles de zinc, avec des branchements aléatoires au réseau d’évacuation sanitaire et des raccordements électriques anarchiques. Supervisé par le wali en personne, le plan exécuté sur deux jours a donné lieu au relogement de quelque 1.000 familles au pôle urbain Houari-Boumediene, doté de toutes les commodités, d’établissements éducatifs, tous paliers confondus, et d’espaces de jeu pour enfants, a fait savoir le directeur du Logement, Abdelatif Belocine. De plus, cette opération a permis de récupérer une assiette foncière de 12 hectares dédiée à la réalisation d’un programme d’habitat de formule AADL de 1.129 logements, dont le taux d’avancement se situe actuellement entre 15 et 20%. Ce programme constitue un autre défi, celui de dessiner les nouveaux contours de la ville de Djelfa.
2019, une année heureuse pour les habitants relogés
Lors d’une visite au pôle urbain Houari-Boumediene, le nouveau lieu de résidence des habitants de l’ancien bidonville Zariâa, nombreux ont été les citoyens à déclarer à l’APS que «2019 a été une année heureuse pour nous et nos familles, car nous avons été extirpés d’une situation des plus déplorables pour voir un rêve se réaliser», saluant «les efforts des pouvoirs publics pour le traitement de ce dossier». Un des bénéficiaires s sur les lieux raconte «ses dix années de calvaire à Zariâa où sont nés ses enfants, et sa peur au ventre à l’arrivée de l’hiver avec son froid glacial». «Nous étions alimentés en électricité à partir d’un branchement anarchique de câbles pendant au-dessus de nos têtes et constituant un danger permanent pour notre vie et celle de nos enfants, sans parler des odeurs nauséabondes», a-t-il témoigné. D’aucuns ont exprimé leur gratitude aux pouvoirs publics qui ont pu traiter le dossier de ce quartier, en recensant les véritables bénéficiaires par le biais d’une commission dépêchée sur les lieux. Toutefois, le relogement a suscité «le mécontentement» de nombreux citoyens «exclus», d’après eux, de l’opération et qui ont observé plusieurs sit-in devant les sièges de la daïra et de la wilaya. Quelque 4.000 recours ont été déposés et leur examen a conclu au rejet de la majorité, puisque seuls 100 cas ouvraient droit à une régularisation et à une réintégration dans la liste des bénéficiaires. D’autres citoyens occupant les bidonvilles, à l’instar des quartiers «El Moustakbal», «El Matchaâba» et «B’nat Lakhal» souhaitent, de tout cœur, que «2020 soit une année de bon augure pour eux, et qu’elle verra leur relogement, d’autant que les autorités locales se sont engagées à la prise en charge du dossier au fur et à mesure et dans le cadre d’un plan visant l’éradication définitive des constructions anarchiques».