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Disparition : Le photographe américain Robert Frank est mort

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Monument de la photographie américaine, Robert Frank est décédé à l’âge de 94 ans. Les Rencontres d’Arles avaient exposé une partie de son travail en 2018. Il était un des piliers de la photographie américaine. Robert Frank est mort au Canada à l’âge de 94 ans, a annoncé le New York Times, citant son galeriste new-yorkais Peter MacGill. Né à Zurich en Suisse en 1924, il avait émigré à New York à l’âge de 23 ans. Robert Frank était devenu célèbre avec son album Les Américains (1958), un livre de clichés en noir et blanc tiré de ses voyages à travers les États-Unis, véritable manifeste contre la tradition qui devait profondément influencer les générations suivantes. Loin d’être un succès immédiat, cette œuvre a toutefois reçu un accueil plutôt mitigé dans un premier temps, notamment à cause de son style photographique très particulier. Un magazine de photographie le décrit alors comme un « homme sans joie qui hait son pays d’adoption ». Comme le note le New York Times, le photographe entretenait des sentiments ambivalents à l’égard des États-Unis, haïssant le besoin de conformité, tout en menant une perpétuelle quête pour ce qui était « bon et vrai » à propos des États-Unis.

Hommage des photographes
De nombreux photographes ont immédiatement rendu hommage à celui qui avait souvent profondément influencé leur regard.
« Repose en paix, génie américain », écrivait ainsi Jerry Saltz, critique du New York Magazine et lauréat du prix Pulitzer de la critique. « Il a publié “Les Américains” en 1958. Changé le monde. » Beaucoup rappelaient une phrase de l’écrivain Jack Kerouac, qui avait préfacé Les Américains. « Avec son petit appareil photo, qu’il élève et manipule d’une seule main, il a tiré de l’Amérique un triste poème, prenant sa place parmi les poètes tragiques de ce monde », avait écrit l’auteur de Sur la route, avant d’ajouter : « À Robert Frank j’envoie ce message : vous avez des yeux.». Les Américains s’inscrivaient dans la lignée de la Beat Generation, mouvement littéraire et artistique, où suivre l’instinct l’emporte sur les fondements des techniques du photojournalisme, où les photos sont comme happées, et non plus cadrées. L’ouvrage avait été fraîchement accueilli, considéré comme déprimant et subversif, révélant la face sombre de l’« American Dream » : pauvreté, ségrégation, inégalités et solitude. Avant de publier Les Américains, Robert Frank s’était aussi frotté à Paris, réalisant une série de clichés, déjà marqués par son style subjectif et son regard détaché que l’on retrouvera ensuite dans Les Américains. C’est la rue qui est alors au centre de son travail, proposant son regard sur la capitale, ses rues, ses autobus à plateforme et ses habitants.

Paris avant les États-Unis
Au cours de sa carrière, il a notamment été marqué par le travail du photographe Henri Cartier-Bresson ou les tableaux d’Edward Hopper. Il a travaillé pour des magazines comme Harper’s Bazaar, Fortune, Life, Look, Vogue, voyageant un peu partout sur la planète pour alimenter son art. Ses œuvres sont désormais exposées dans les plus grands musées du monde. Les Rencontres d’Arles avaient exposé une partie de son travail en 2018.

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